Votre to-do list de rentrée ressemble à une saga en plusieurs tomes ? Vous croulez sous les tâches et les défis qui s’enchaînent ? Le mois de septembre vient à peine de commencer et vous êtes déjà à bout ? Voici quelques conseils, puisés dans la philosophie bouddhique, pour trouver un nouveau souffle face au stress…
1. Changer de regard sur le stress
Tout d’abord, le stress n’est pas forcément négatif ! C’est même une réaction plutôt saine : le signe que notre corps et que notre psychisme se mobilisent en vue de fournir un effort, face à une situation qui possède un enjeu important pour nous.
Chez les animaux, les scientifiques observent ce qu’on appelle la réponse “combat-fuite” : une décharge du système nerveux qui prépare l'animal à un comportement de combat ou de fuite, lorsqu’il se trouve face à un danger. Chez les être humains, c’est pareil : devant notre liste de tâches, notre cerveau réagit comme face à un prédateur !
Le stress est donc profondément inscrit en nous, c’est un instinct “animal”. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on peine à avoir le contrôle dessus : son mécanisme nous échappe…
Il faut bien reconnaître cependant que si, face à un danger imminent, nous devions nous poser pour réfléchir à la meilleure manière de réagir… nous ne survivrions pas bien longtemps ! Heureusement, “la nature est bien faite” : le stress court-circuite notre intellect et notre capacité à prendre du recul. Il nous pousse à agir directement.
Alors, plutôt que de voir le stress comme un adversaire contre lequel il faut lutter, il vaut mieux comprendre sa raison d’être et s’en faire un allié. Voilà qui est très bouddhique !1 Le stress a toujours quelque chose à nous dire : telle chose doit être réglée rapidement, telle situation a besoin d’être clarifiée, telle personne requiert notre attention… Et il ne nous lâchera pas tant que nous n’aurons pas reçu le message !
2. Sortir de sa coquille
Si le stress a une fonction positive, en nous poussant à agir, le problème est qu’il peut aussi s’emballer et conduire à l’exact inverse : nous paralyser. Nous nous replions alors sur nous-mêmes et nous enfermons dans nos problèmes. C’est une tendance commune.
Daisaku Ikeda, philosophe bouddhiste japonais, fait remarquer que « par le passé, la société humaine procurait aux personnes des encouragements et des occasions de se soutenir mutuellement, et tout particulièrement dans des situations génératrices de stress. Malheureusement, nombre des réseaux qui nous soutenaient se sont affaiblis ou érodés. »2
Il en découle qu’aujourd’hui, chaque personne croit devoir porter toute seule le poids de ses soucis, sans pouvoir demander d’aide autour d’elle. Pourtant, nos amis et notre entourage sont là ! Et bien des personnes seraient prêtes à nous aider, pour peu que nous osions aller vers elles !
A ce sujet, Dale Carnegie (1888-1955), conférencier américain, disait que le meilleur moyen de se faire un ami était de demander un service.3 Cela peut sembler contre-intuitif, mais la psychologie humaine est telle qu’une personne aura tendance à se prendre d’amitié pour nous si on lui demande son aide.
Pour suivre ce conseil, il faut bien sûr laisser de côté sa fierté et sa peur du rejet, mais cela en vaut la peine car, en plus de l’aide, on gagne un ami ! Et si cela peut ménager notre orgueil, on peut aussi se dire que c’est nous qui aidons cette personne, puisqu’on lui donne une occasion de manifester sa bonté !
3. Faire de la santé une priorité
On l’a vu : le stress est intimement lié à notre biologie. Il ne faut donc pas négliger tous les facteurs liés à notre hygiène de vie. Car ces aspects contribuent grandement à notre capacité à gérer le stress.
Tout d’abord, le sommeil. Souvent sacrifié dans les situations de surmenage, rappelons-nous qu’il fait partie de nos besoins vitaux ! De plus, le manque de sommeil occasionne en lui-même un stress pour l’organisme. Trop fatigués, nous tombons alors dans un cercle vicieux nourri par la fatigue et l’inefficacité. Accordons-nous donc le temps de sommeil dont nous avons besoin pour récupérer la vitalité dont nous avons besoin dans notre quotidien ! (Huit heures disent les experts, ou un peu moins pour les chanceux...)
Attention également à l’alimentation. Elle tend à se dérégler durant les périodes de stress. On saute alors les repas, ou au contraire on se jette sur le gras-salé-sucré : c’est selon les personnes ! Cependant, là encore, le cercle vicieux du stress nous guette…
Le bouddhisme est une philosophie de bon sens qui accorde la plus grande importance à la vie quotidienne, et au fait de prendre la responsabilité de sa santé. Alors, en toutes circonstances, et d’autant plus dans les périodes de stress, adoptons une hygiène de vie digne d’un sportif de haut niveau !
4. Agir pour les autres
Dans les moments difficiles, le fait de se préoccuper des autres et de soutenir une personne est un puissant remède pour éviter que le stress ne prenne le dessus. Cela peut être aussi simple que d'envoyer un message encourageant ou de prendre des nouvelles d’un ami par téléphone.
(Psst ! En fait, c’est la “recette” de base du mode de vie bouddhiste, et on pourrait l’appliquer à tous types de problèmes : aller vers les autres est toujours la bonne réponse !4)
Dans ses écrits, Nichiren Daishonin explique que « le fait d’allumer une lanterne pour les autres permet d’éclairer son propre chemin »5. En s’efforçant d’ouvrir son cœur à une personne pour l’encourager, on “élève” son propre état intérieur. C’est instantané ! Et la situation qui nous faisait tant stresser devient d’un seul coup beaucoup moins effrayante, comme si à présent on la regardait de haut…
Vivre en s’efforçant de se rendre utile aux autres se révèle bénéfique pour nous-mêmes. Se soucier d'une personne qui souffre « renforce notre capacité à faire face, avec courage, à nos propres problèmes et défis »6, affirme Daisaku Ikeda.
Ainsi, le fait de se porter vers les autres constitue une forme “d’entraînement” sur le plan humain. L’idée est que, puisque le stress est inévitable dans la vie, autant s’y préparer ! Comment faire ? En adoptant un mode de vie qui « permet à notre esprit de s’enrichir et à notre cœur de se renforcer »7.
« Maintenant plus que jamais, conclut-il, nous avons besoin de développer les qualités de force, de sagesse et d’espoir, en forgeant des réseaux d’entraide toujours plus larges. En définitive, la clé pour bien vivre dans une société dominée par le stress consiste à ressentir la souffrance des autres comme la sienne – en libérant la capacité humaine universelle d’empathie. Nul n’a besoin de porter seul le fardeau d’un cœur lourd. »8
5. Se faire confiance et continuer à se développer
Le stress a deux facettes : source de mal-être, ou source d’accroissement de nos qualités humaines. Il peut être néfaste – lorsqu’il nous paralyse ou qu’il s’installe et devient “chronique” –, ou bien bénéfique – lorsqu’il mobilise nos capacités d’action, pour soi et les autres.
En définitive, tout dépend de la perception que nous avons de nous-même. Avons-nous confiance dans nos capacités à répondre à n’importe quelle situation ?
« Faire face au stress demande que nous nous forgions, avec succès, une autre idée de nous-même, écrit Daisaku Ikeda. Il nous faut approfondir la compréhension de nos potentialités véritablement sans limites, tout autant que nos vulnérabilités, et de quelle façon nous pouvons développer nos forces en tant qu’individu, à travers le soutien mutuel. »9
Quand nous sommes convaincus du fait que nous sommes capables de tout affronter, nous pouvons identifier nos points faibles et développer nos atouts personnels grâce au soutien qui nous est apporté et que nous apportons aux autres.
Une philosophie de l’émancipation
Le bouddhisme de Nichiren est une philosophie de vie qui offre à chaque personne la possibilité de prendre la responsabilité de sa propre vie, en puisant dans le vaste réservoir de force vitale qui réside au fond d’elle-même. Rien que ça !
Par la récitation de Nam-myoho-renge-kyo, nous nous reconnectons à cette magnifique vérité. Les vertus de notre état de bouddha inhérent se manifestent naturellement :
- la sagesse de décoder le message que nous envoie le stress et d’y répondre de façon appropriée,
- la force de canaliser notre stress vers des actions positives pour soi et les autres,
- l’humilité de demander du soutien lorsque c’est nécessaire,
- le bon sens qui nous permet de prendre soin de notre santé,
- l’empathie de nous soucier des autres, et le désir de progresser humainement,
- la confiance inébranlable dans notre capacité à faire face à toute situation.
Les citations de Daisaku Ikeda et l’inspiration pour ce texte sont tirées de l’essai “Comment vivre dans une société dominée par le stress”, paru dans le Japan Times du 9 novembre 2006, et en français dans le recueil S’ouvrir à l’avenir - Essais, L’Harmattan, 2013.
- 1. ↑ Oui, l’état d’animalité (fonctionnement basé sur les instincts) peut être “englobé” par la bienveillance et la sagesse de l’état de bouddha ! Pour approfondir cette notion, voir le principe de l’Inclusion mutuelle des dix états.
- 2. ↑ “Comment vivre dans une société dominée par le stress”, S’ouvrir à l’avenir - Essais, L’Harmattan, 2013, p. 56.
- 3. ↑ Dans son best-seller Comment se faire des amis (How to Win Friends and Influence People), publié pour la première fois en 1936.
- 4. ↑ C’est le vœu du bodhisattva, à la base de la démarche bouddhique : lire cet article pour approfondir.
- 5. ↑ Dans le deuxième tome des Écrits de Nichiren, non paru à ce jour en français. WND-II, 1060.
- 6. ↑ “Comment vivre dans une société dominée par le stress”, S’ouvrir à l’avenir - Essais, L’Harmattan, 2013, p. 58.
- 7. ↑ Ibid., p. 59.
- 8. ↑ Ibid., p. 59-60.
- 9. ↑ Ibid., p. 58.