Le bouddhisme prône une voie spirituelle ancrée dans la réalité concrète. Il insiste sur les valeurs de courage et de défi comme facteurs clés pour notre développement humain. Alors, comment faire de l’esprit de défi un art de vivre ?…
Pourquoi se lancer un défi, quand on pourrait tranquillement rester sur nos acquis (la fameuse “zone de confort”) ? C’est vrai, pourquoi chercher la difficulté ? La réponse est simple : sans défi, il ne peut y avoir de progression. Comme le dit le proverbe : “Qui n’avance pas, recule.” Une vie sans défi ni difficulté finirait donc certainement par se ternir et s’étioler.
A l’inverse, se lancer de toutes ses forces dans l’action pour un objectif qui nous tient à cœur nous procure beaucoup de joie, et de peines également ! …mais c’est ainsi que nous pouvons nous renouveler. Le sens du défi – toujours chercher à progresser et à se dépasser – est véritablement la marque de la jeunesse d’esprit.
1. Par où commencer ? Se lancer un défi : oui, mais lequel ? Si c’est flou, on peut reformuler la question ainsi : qu’est-ce qui est important pour nous ? qu’est-ce qui nous tient à cœur ? Cela peut être quelque chose de simple comme : être en meilleure santé, se faire des amis, rétablir ses finances, bien s’entendre avec sa famille, etc. Reste alors à définir : quel serait un premier pas, même modeste, dans cette direction ?
C’est comme escalader une montagne : même si l’on n'est pas tout à fait sûr du chemin, c’est en avançant que l’horizon se dégagera et que la voie à prendre deviendra plus claire. Peu importe la montagne d’ailleurs… C’est cette image qu’utilise Daisaku Ikeda :
La clé est de gravir la montagne qui se dresse devant vous. En escaladant sa pente, vous renforcerez vos muscles et développerez votre force et votre endurance, et cet entraînement vous permettra ensuite de vous attaquer à des montagnes plus élevées.
(...) Lorsque vous arrivez au sommet, de nouvelles perspectives s’offriront à vous, et peu à peu vous comprendrez où se situe votre propre mission.”1
2. Oser ! “Et si je n’y arrivais pas ?” Le doute de soi et la peur de l’échec sont souvent les premiers obstacles à surmonter. Et pas des moindres ! Nos erreurs et échecs passés reviennent nous hanter, et sapent notre décision avant même d’avoir fait le premier pas. Pourtant, comme l’observe Daisaku Ikeda :
La pire erreur que vous pourriez commettre, c'est d’abandonner ou de ne rien décider par peur de l’échec. Le passé, c’est du passé, tandis que le futur reste à venir. Continuez d’aller de l’avant en gardant le cap sur l’horizon, en vous disant : tout commence aujourd’hui ! Je prends un nouveau départ à partir de maintenant !”2
3. Gagner en confiance. Au départ, notre défi peut nous sembler impossible (et tant mieux !). La première chose, c’est de parvenir à croire qu’on peut y arriver. On peut par exemple diviser le défi en plusieurs étapes plus faisables, ou bien le circonscrire dans le temps. Les petits pas font les grandes victoires. Ils construisent en nous la conviction qu’on est capable d’aller plus loin !
4. Faire des efforts (encore et encore !) Sans se retrousser les manches, nos rêves ne sont que cela : de belles histoires. Dommage ! C’est en les traduisant en objectifs concrets, puis en déployant des efforts soutenus pour les atteindre qu’ils deviendront réalité. A l’inverse, éviter constamment de faire des efforts conduit à une vie passive et sans relief.
On peut s’inspirer du coureur de fond tchecoslovaque, Emil Zátopek, qui utilisait la moindre opportunité pour s’entraîner. Partout, même sur le chemin du travail, il repoussait sans cesse les limites de son endurance. C’est ainsi qu’il devint un grand champion considéré aujourd’hui encore comme l'un des grands athlètes de l'Histoire.
5. Se relever autant de fois qu’on est tombé. Lorsqu’on mène un grand défi, il peut arriver qu’on ait envie de tout laisser tomber. Ces moments de découragement sont en fait le signe que l’on progresse. C’est bien souvent en décidant de se relever une fois de plus que l’on parvient à une grande victoire. Le tout est de ne jamais abandonner.
Commencer par décider d’accomplir quelque chose est la preuve que vous avancez. Et, même si votre tendance est de ne tenir que deux ou trois jours, tant que vous gardez l’esprit de renouveler systématiquement votre détermination, tout va bien. Vous révélerez votre grande persévérance.”3
6. Voir grand. Relier ses propres rêves et défis à un objectif plus grand, tourné vers les autres, peut nous donner des ailes. C’est la notion de “mission”, en bouddhisme. Cultiver une perception plus large des enjeux de notre défi enflamme notre motivation et décuple nos forces. Lorsqu’on relie nos efforts au sort des autres, on ne peut pas se permettre d’abandonner. Il n’y a pas d’autre choix que de gagner !
Daisaku Ikeda écrit :
Considérez [vos défis et difficultés] comme un terrain favorable pour développer un cœur large et devenir une personne d’une grande dimension et d’une réelle profondeur. Ce n’est qu’en traversant de telles épreuves que vous serez capables de comprendre la souffrance des autres.”4
Une philosophie du défi
Le bouddhisme enseigne une attitude proactive face aux défis, la “révolution humaine”. De plus, la pratique de la récitation de Nam-myoho-renge-kyo permet de faire jaillir tout son potentiel :
- Eclaircir ses objectifs et rassembler sa détermination
- Dissiper les doutes et l'inquiétude
- Avoir la sagesse de prendre les bonnes décisions
- Faire appel à tout son courage et se lancer dans l'action
- Se régénérer au quotidien et faire preuve de persévérance
- Donner un sens plus large à son défi, révéler sa mission
Les citations de Daisaku Ikeda et l’inspiration pour cet article sont tirées des chapitres 1 et 2 (“Préoccupations et espoir de la jeunesse” et “Le temps des défis et de la construction”) des Dialogues avec la jeunesse, tome 1, Editions Acep, 2021.
- 1. D. Ikeda, Dialogues avec la jeunesse, tome 1, Editions Acep, 2021, p. 24.
- 2. Ibid., p. 44.
- 3. Ibid., p. 42.
- 4. Ibid., p. 26.