• #Paix
  • #Bouddhisme au quotidien

Qui ne s’est jamais senti impuissant face aux images de conflits armés qui abondent dans l’actualité ? Cette sensation de ne rien pouvoir faire nous démoralise et inhibe notre action. Et si l’on décidait de voir les choses autrement ?

Au final, l’état du monde n’est rien d’autre que la somme des actions et des comportements de chaque personne. Nous avons donc tous une contribution précieuse à apporter en faveur de la paix. Cela commence par ouvrir un chemin de paix dans son quotidien. Voici trois conseils pour le faire.



1. La maîtrise de soi : cultiver l’esprit de la paix

Notre esprit est-il tourné vers la rivalité et la division, ou bien vers la solidarité et l’harmonie avec les autres ? C’est la première question à se poser si l’on souhaite contribuer à la paix.

Les êtres humains ont tendance à s’identifier à un groupe et à se constituer en camps rivaux, sur la base d’une appartenance idéologique ou politique, ethnique, sociale, etc. Bien sûr, cela a l’avantage de pouvoir blâmer l’autre camp quand quelque chose ne va pas ! Mais cet esprit de division contient, au bout de sa logique, le germe de la déshumanisation et de la guerre.

Comme l’explique l’homme de paix et philosophe bouddhiste, Daisaku Ikeda :

L’idée que son propre camp détient le monopole du bien et que ses adversaires sont l’incarnation même du mal se trouvait au cœur du conflit idéologique qui a divisé le monde, tout au long de la guerre froide. Elle perdure encore sous différents aspects, plus de deux décennies après la fin de ce conflit…
Propositions pour la paix adressées aux Nations unies (2008-2015), Ed. Les Indes savantes, 2015, p. 249.

En effet, nous avons tôt fait de diaboliser toute personne ou groupe qui ne pense pas comme nous, ou qui vit différemment de nous. Mais Daisaku Ikeda nous met en garde contre “les abstractions de l’idéologie”, qui nous font tomber dans la spirale du jugement, du blâme et de la haine. Ces abstractions se répandent dans la société et, tels des poisons, enveniment tous les rapports sociaux.

Au contraire, la “maîtrise de soi” signifie résister à ces tendances et chercher à voir et à encourager les qualités propres aux personnes. C'est le premier pas vers la paix.

En cela, le bouddhisme de Nichiren offre une philosophique de vie positive, qui permet de cultiver cette maîtrise de soi :

[Le principe bouddhique] de l’inclusion mutuelle des dix états* nous incite à nous garder de cataloguer les autres comme mauvais, et à ne pas les condamner ni les rejeter. Il nous encourage, au contraire, à nous efforcer de combattre ensemble les maux sociétaux dont nous sommes tous – dans une certaine mesure – complices. À cette fin, il est essentiel de ne jamais perdre de vue notre aptitude au mal, tandis que nous nous efforçons de faire apparaître ce qu’il y a de meilleur dans notre vie et dans celle des autres.
Propositions pour la paix adressées aux Nations unies (2008-2015), Ed. Les Indes savantes, 2015, p. 251.


2. Le dialogue : créer la confiance et la compréhension mutuelle

Que ce soit au niveau individuel ou au niveau collectif, la mécanique des conflits reste la même. Les désaccords ne sont pas traités et l'absence de communication crée un fossé entre les parties. La méfiance s'installe, et bientôt l’autre se met à cristalliser toute la négativité. Alors inévitablement, au moindre incident, tout se déchaîne ! C'est l'engrenage tragique de la violence, dans lequel on renonce peu à peu à son humanité.

Or, une autre voie est possible : celle du dialogue. Mais, pour jeter un pont entre les cœurs glacés par la haine, il en faut du courage ! C'est la maîtrise de soi évoquée précédemment qui permet de le faire apparaître. En s'engageant dans un dialogue ouvert, on peut voir l'autre dans l’entièreté de son humanité, au-delà des désaccords. Ce pas vers l’autre est difficile, mais c'est pourtant la voie la plus directe pour faire avancer la paix.

Si nous nous laissons enfermer dans une idéologie, une ethnie ou une religion, si nous sommes submergés par l’esprit d’abstraction, nous serons à la merci des courants et nous échouerons dans les bas-fonds de l’Histoire, dans l’incapacité de progresser. Inversement, si nous cherchons à dépasser l’arbitraire, les étiquettes simplistes et si nous entamons un dialogue d’égal à égal qui crée des échanges spontanés et profonds du cœur et de l’esprit, nous pouvons faire naître les courants plus profonds, plus lents, qui façonnent en fin de compte l’Histoire humaine. Fort de cette conviction, j’ai activement mené des dialogues avec des dirigeants et des intellectuels d’horizons divers. J’ai toujours refusé d’être dissuadé par les barrières créées autour des gens pour les diviser.
Propositions pour la paix adressées aux Nations unies (2008-2015), Ed. Les Indes savantes, 2015, p. 73.


3. La vision commune : agir avec les autres

Les graines de la paix, semées grâce au dialogue, germent sous la forme d'une vision commune pour l’avenir. Les actions menées conjointement pour concrétiser cette vision permettent de faire fleurir cette cohésion naissante. Sans partager un idéal commun et le traduire en actions, tous les efforts pour créer la paix finissent par s'essouffler. Daisaku Ikeda cite ainsi une anecdote que lui avait raconté la sociologue et pacifiste américaine Elise Boulding :

Dans les années soixante, lors de la réunion d’un groupe d’universitaires qui étudiaient les aspects économiques du désarmement, elle a demandé à ces derniers comment ils envisageaient un monde entièrement désarmé. À sa grande surprise, les universitaires présents lui répondirent qu’ils n’en avaient aucune idée, et qu’ils pensaient que leur travail consistait simplement à expliquer et à convaincre les autres qu’il était possible de parvenir au désarmement. “Comment pouvaient-ils s’impliquer de tout leur cœur dans un mouvement dont ils n’étaient pas capables d’imaginer les conséquences ?”
Il me semble que c’est là une question essentielle. Aussi cruciaux que soient la paix et le désarmement, si le mouvement qui tente de les concrétiser n’est pas nourri à la base par une vision clairement définie, il ne peut générer la puissance nécessaire pour surmonter les barrières et les obstacles de la vie. Élise Boulding avait compris que les gens se réunissent autour d’une vision commune, et que c’est cela qui leur permet de s’impliquer de tout leur cœur.
Propositions pour la paix adressées aux Nations unies (2008-2015), Ed. Les Indes savantes, 2015, p. 168.


Une révolution pacifique

La paix est au cœur du bouddhisme de Nichiren et du mouvement Soka. C’est le grand but auquel Nichiren Daishonin et les fondateurs du mouvement Soka ont consacré toute leur vie. Dans la philosophie bouddhique, cet idéal se traduit par les principes de kosen rufu : la diffusion des valeurs humanistes et pacifiques du bouddhisme au sein de la société ; et de rissho ankoku : établir au sein du peuple des bases spirituelles qui soutiennent l’épanouissement d’une culture de paix.

A travers le monde, les pratiquants du mouvement Soka se consacrent à la paix, en s'efforçant de mettre en application ces trois aspects :

  • Maîtriser la tendance à la division inhérente à son propre esprit et cultiver la force de respecter les autres inconditionnellement. La pratique biquotidienne de Nam-myoho-renge-kyo fournit le moteur spirituel essentiel d’une telle révolution intérieure !
  • Engager des dialogues constructifs et profondément encourageants, notamment au sein des réunions de discussion, organisées régulièrement à l’échelle locale.
  • Créer une vision commune permettant d'agir en unité, pour le bien des personnes et de la société dans son ensemble.

Les actions pour la paix de la SGI

Au niveau institutionnel également, la Soka Gakkai Internationale œuvre pour la paix, en menant des actions de grande envergure vers le public et auprès des grandes instances internationales.
En savoir plus : Les actions de la SGI pour la paix

Les Propositions pour la paix

Les citations et l’inspiration pour ce texte sont tirées du recueil Propositions pour la paix adressées aux Nations unies (2008-2015), paru aux éditions des Indes savantes, 2015.
Chaque année, le 26 janvier, jour anniversaire de la création de la SGI, Daisaku Ikeda publie une proposition pour la paix, qui met en avant des perspectives inspirées du bouddhisme afin d'éclairer les problèmes actuels, ainsi que des suggestions concrètes de solutions.

  • * Le principe bouddhique de l'inclusion mutuelle des dix états explique de manière détaillée la façon dont toutes les potentialités, positives comme négatives, existent dans la vie de chaque personne. Pour en savoir plus, voir cet article