Ancien moine zen et ex-rédacteur en chef du journal bouddhiste américain Tricycle, Clark Strand a étudié de près le mouvement de la Soka Gakkai internationale (SGI) et publié un livre sur le sujet.
Accessoirement collectionneur de chapelets bouddhiques, Clark Strand découvre un beau jour une photo du juzu1 que Josei Toda, deuxième président de la Soka Gakkai, s'était fabriqué lors de son séjour en prison2 avec les capsules de sa ration quotidienne de lait. Clark Strand s'interroge alors sur ce qui pousse une personne à préférer la prison au reniement de ses convictions – dans le cas de Toda, le refus de la guerre et de la religion d'État qui la justifie.
Que se passe-t-il dans l'esprit d'une personne qui préfère aller en prison plutôt que trahir ses convictions spirituelles, une personne qui, refusant d'être emportée par le patriotisme militant qui précède la plupart des guerres, préfère choisir la solitude et l'isolement ?
Clark Strand, Réveiller le Bouddha, p. 11-12.
A l'annonce du décès de son maître, Tsunesaburo Makiguchi3, fondateur de la Soka Gakkai, Josei Toda, incarcéré avec lui, prend la résolution inflexible de poursuivre son œuvre. Clark Strand rappelle le rôle essentiel que joua, dans la reconstruction puis dans le vaste développement du mouvement, une révélation qu'eut Toda en prison concernant le sens même du mot « bouddha ».
Le Sûtra du Lotus inclut en effet le Sûtra aux sens infinis, dans lequel le Bouddha est décrit de trente-quatre façons par ce qu'il n'est pas, mais pas une seule fois par ce qu'il est. Après avoir lu trois fois le Sûtra du Lotus de bout en bout et prié pendant des heures, Toda eut un éveil qui changea radicalement la compréhension du message bouddhique. Il comprend que ce que les textes appellent « le Bouddha » est la vie elle-même, ce moment où une vie individuelle ne fait plus qu'un avec la vie universelle.
Clark Strand demande à une centaine de pratiquants de différentes écoles bouddhiques aux États-Unis et ailleurs : « Y a-t-il dans le bouddhisme un enseignement suffisamment universel pour dépasser les barrières nationales, ethniques, économiques et même religieuses ? »
Certains répondent « le non-soi », d'autres « l'interdépendance », « la sérénité » ou encore « le bouddha Amida » qui, si vous chantez ses louanges, vous fait renaître dans son paradis. Les pratiquants de la SGI, quant à eux, lui répondent « Nam-myoho-renge-kyo, la Loi mystique de la vie ». Il avait suffi aux pionniers du mouvement au Japon d'entendre que la Soka Gakkai donnait l'absolue priorité à la vie, pour qu'ils adhèrent immédiatement à cette philosophie.
Selon Clark Strand, le développement considérable du mouvemetn Soka est dû au fait qu'il a su parfaitement allier tradition et modernité, adaptant l'enseignement millénaire du bouddhisme aux conditions de vie propres à notre société contemporaine. Un exemple pour les religions en général, selon lui.
L'auteur compare la propagation du bouddhisme de Nichiren à une bougie qui s'allume au contact de la flamme d'une autre, comme le lien de cœur à cœur qui peut naître au cours d'une discussion et changer le cours d'une vie. Il souligne aussi le rôle considérable joué par le troisième président, Daisaku Ikeda, qui a donné au mouvement une dimension internationale en multipliant les rencontres et les dialogues partout sur la planète.
À lire et à faire lire pour mieux comprendre et faire comprendre le mouvement bouddhiste Soka.
« Est-ce que le bouddhisme moderne est approprié aux problèmes de la vie quotidienne ? Ou est-ce que le bouddhisme est devenu tellement détaché, silencieux et calme que le Bouddha s’est endormi ? »
• Clark Strand, Réveiller le Bouddha (Comment le dynamisme d’un mouvement bouddhique contemporain est en train de changer notre conception de la religion), Ed. L'Harmattan 2015, 166 pages, 16 €.
A lire dans le numéro de Valeurs humaines n°57-58, juillet-août 2015.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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