• #Science
  • #Foi
  • #Bouddhisme au quotidien

La religion bouddhiste, bien qu’âgée d’environ 2500 ans, s’accorde remarquablement avec les découvertes de la science actuelle et satisfait sans mal aux exigences de la rationalité. Si bien qu’elle pourrait presque être qualifiée de religion « scientifique »…

Il n’est donc pas étonnant qu’à bien des égards, science et bouddhisme convergent. Cette affinité caractéristique du bouddhisme avec la science semble le qualifier comme l’une des grandes religions du futur, ainsi qu’Albert Einstein l’avait observé :

La religion du futur sera une religion cosmique. Elle devra transcender l’idée d’un Dieu existant en personne et éviter le dogme et la théologie. Couvrant aussi bien le naturel que le spirituel, elle devra se baser sur un sens religieux né de l’expérience de toutes les choses, naturelles et spirituelles, considérées comme un ensemble sensé… Le bouddhisme répond à cette description. S’il existe une religion qui pourrait être en accord avec les impératifs de la science moderne, c’est le bouddhisme.
Albert Einstein, cité par Thinley Norbu, in Welcoming Flowers, Jewel Publishing House, 1997.


1. L’épreuve des faits

Dès l’origine, le bouddhisme s’est démarqué par son pragmatisme, rejetant toute superstition ou spéculation, comme l’illustre la parabole de la flèche empoisonnée1. Cela peut être mis en parallèle avec la démarche empirique scientifique voulant qu'une théorie doive non seulement être vérifiée par l’observation mais, même alors, n’est considérée comme vraie qu’« à preuve du contraire ». Autrement dit, la science trouve sa raison d’être dans ses applications concrètes, à l’épreuve des faits.

De même, le bouddhisme cherche à apporter un bonheur authentique aux personnes et s’ancre dans la réalité de la vie. Aussi retrouve-t-on dans l’enseignement de Nichiren le principe important des Trois Preuves, qui pose les critères pour juger de la véracité d’un enseignement : la preuve « textuelle » (en accord avec les écrits), la preuve « doctrinale » (en accord avec la raison) et, la plus importante des trois, la preuve « factuelle » (en accord avec la réalité des faits).

2. Le dynamisme des phénomènes

Un des aspects fondamentaux de la sagesse bouddhiste est sa reconnaissance du dynamisme inhérent à tous les phénomènes – ce qui est attesté par les observations de la science moderne, à tous les niveaux. Particules élémentaires, atomes, cellules organiques, êtres vivants, écosystèmes… jusqu’aux astres, galaxies et structures stellaires les plus vastes : tout évolue et se transforme constamment, à différents rythmes et à différentes échelles.

Ainsi, au fur et à mesure de ses avancées, la science nous dévoile un monde en changement perpétuel. Là où l’on pouvait croire en une certaine fixité, elle nous montre que tout est changeant, rejoignant en cela le bouddhisme et son principe d’« existence temporaire » (, en japonais).

La nature dynamique de la vie

3. Penser la complexité

Le traditionnel réductionnisme scientifique, conduisant à l’analyse toujours plus morcelée du réel, cède du terrain, depuis quelques décennies, à une nouvelle approche, plus holistique. La théorie dite « du chaos » en mathématiques, l’étude des systèmes dynamiques en physique, ou encore la notion de complexité – chère à Edgar Morin, notamment – utilisée dans de nombreux domaines (physique, biologie, écologie, sociologie, informatique, etc.) semblent indiquer une plus grande prise en compte de ce que le bouddhisme appelle le principe d’« origine interdépendance » (engi, en japonais). Ce principe éclaire l’immense complexité d’ensemble du réel et la profonde interrelation de tous les phénomènes, comme l’illustre l’image du filet d’Indra2.

Engi, le principe d’origine interdépendante

4. Le principe de causalité

La science repose sur le principe de causalité, selon lequel « les mêmes causes produisent les mêmes effets ». C’est le socle sur lequel repose tout l’édifice scientifique. Pour ainsi dire, toutes les lois découvertes par la science sont des cas particuliers de la loi de causalité.

Le bouddhisme se fonde lui aussi sur cette loi de causalité, et cherche à en tirer parti afin de créer des valeurs pour les êtres humains. Toutefois, la causalité en bouddhisme ne concerne pas uniquement les phénomènes matériels, mais la vie dans son ensemble : nos expériences subjectives, nos circonstances et tous les événements que nous traversons. C’est la notion de karma.

Le karma

5. A la recherche d’une loi universelle

La science moderne rejoint le bouddhisme dans sa recherche d’une loi unique permettant d’appréhender tous les phénomènes de l’univers. En physique par exemple, le « Graal » des chercheurs – vers lequel Einstein a tendu tous ses efforts – serait de parvenir à une « grande théorie unifiée » des quatre interactions fondamentales de l’univers3. Une telle théorie fournirait une description englobant tous les phénomènes. De nombreux progrès dans ce sens ont été réalisés4, mais toujours pas de « théorie du tout » à l’horizon…

A un autre niveau, le bouddhisme de Nichiren pose l’existence d’une loi universelle, Myoho-renge-kyo, qui englobe tous les phénomènes en même temps qu’elle leur est inhérente, et offre un moyen concret de puiser dans cette loi fondamentale afin de surmonter les défis de l'existence et de s'épanouir pleinement en tant qu'être humain.

La réalité ultime de tous les phénomènes

  • 1. A l’un de ses disciples qui un jour lui posa la question de savoir si l’univers était fini ou infini, éternel ou non, si l’âme était distincte du corps, ce que devenait l’homme après la mort, le Bouddha répondit par une parabole : « Supposons qu’un homme soit gravement atteint d’une flèche, que l’on l’amène chez un médecin, et que l’homme dise : “Je ne laisserai pas retirer cette flèche, avant de savoir qui m’a blessé, de quel caste il est, de quel village il est né, de quel arc il s’est servi, de quelle matière a été faite la flèche, de quelle direction elle a été tirée...” Alors cet homme mourrait certainement avant d’avoir les réponses. »
  • 2. L'Avatamsaka Soutra, texte fondateur de l'école bouddhique chinoise Hua Yen, décrit le filet d'Indra, roi des dieux. Chaque croisillon de ce filet cosmique est constitué d'un joyau parfaitement poli et doté d'innombrables facettes qui reflètent tous les autres joyaux du filet, à l'infini. Ainsi, chaque joyau reflète l'image de tous les autres et, en retour, voit son image reflété chez tous les autres.
  • 3. Les quatre interactions sont l’interaction électrofaible, forte, électromagnétique et gravitationnelle.
  • 4. Parmi les avancées notables sur la voie d'une unification :
    • Newton (1643-1727) a unifié la loi de la chute des corps et les lois de Kepler (décrivant le mouvement des astres) en un seul modèle : la Loi de la gravitation.
    • Maxwell (1831-1879) a établi les lois de l'électromagnétisme, unifiant celles décrivant électricité et magnétisme.
    • Avec l'avènement du « modèle standard », d'autres unifications (ou du moins, regroupements) de théories ont pu être réalisées, notamment entre les lois de l'interaction électromagnétique, l'interaction faible et l'interaction forte.
    • A l'heure actuelle, il existe deux modèles explicatifs en physique : la relativité générale pour l'interaction gravitationnelle et le modèle standard, pour les interactions électromagnétique, faible et forte. Or, la relativité générale n'est pas une théorie quantique, elle ne permet donc pas de décrire la gravitation à très petite échelle. De son côté, le modèle standard est une théorie quantique et relativiste mais ne décrit pas les interactions gravitationnelles. Comment réconcilier les deux ? Le problème reste entier. Einstein (1879-1955) y a consacré les dernières années de sa vie, sans succès...