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Les enseignements bouddhiques sont connus pour accorder une grande importance à la sagesse, et il est facile de voir pourquoi. Le manque de sagesse, ou ignorance, est la cause de bien des problèmes qui affectent la société humaine, aux échelles aussi bien globales que locales.

Plus profondément, toutefois, c’est souvent le manque de courage qui empêche les gens, notamment les dirigeants, d’agir sur la base de leur sagesse et de faire ce qu’ils estiment être juste.

A l’inverse, développer la qualité du courage est essentiel si l’on souhaite accomplir quoi que ce soit dans la vie. Et les gens courageux tendent à atteindre leurs objectifs et réaliser leurs rêves, quel que soit le domaine.

Le courage ne veut pas uniquement dire agir de façon héroïque en situation de danger, mais peut prendre plusieurs formes. Il peut consister, par exemple, à continuer à faire des efforts persistants et discrets pour faire ce qui nous parait juste. En bouddhisme, le courage est une vertu centrale, l’une des qualités indispensables pour atteindre la bouddhéité. Dans l’une de ses lettres, Nichiren Daishonin, exhorte ainsi ses disciples :

N'ayez pas la moindre peur. C'est [le manque de courage] qui empêche d'atteindre la bouddhéité, même lorsqu'on a pratiqué le Sûtra du Lotus de nombreuses fois depuis le plus lointain passé.
Les Trois Obstacles et les Quatre Démons, Ecrits, 640 ; L&T-II, 313.

Mettre sa foi en action

Le Sûtra du Lotus enseigne que chaque personne possède un potentiel illimité, érigeant la dignité de la vie en valeur suprême et déclarant que tous les êtres humains sont bouddhas. Pourtant, même en étant conscient de ce vaste potentiel intérieur, à moins de mobiliser le courage d’agir et de le manifester concrètement, il demeurera inexploité, à l’état de dormance – tel un joyau sans prix caché dans la doublure d’un vêtement ordinaire. La pratique bouddhique a donc pour but de réveiller ce potentiel endormi, de le cultiver et de le faire briller, dans l'action – pour notre plus grand bonheur et celui des autres.

Les enseignements bouddhiques avertissent toutefois que tous nos efforts pour développer notre vie rencontreront inévitablement des résistances, parfois rudes, pouvant se manifester intérieurement aussi bien que dans notre environnement. C’est donc en persévérant face aux obstacles et en les surmontant que nous pourrons pleinement déployer les riches possibilités inhérentes à notre vie, en d’autres termes, atteindre la bouddhéité. Ces résistances et obstacles au processus de l’Eveil – appelés les “Trois obstacles et Quatre démons” dans la terminologie bouddhique – doivent par conséquent être affrontés avec la plus grande vaillance, car ils sont un signe que nous sommes sur le bon chemin. Comme Nichiren l’écrit :

Il y a indéniablement quelque chose d'extraordinaire dans le flux et le reflux des marées, dans le lever et le coucher de la lune, et dans la façon dont se succèdent l'été, l'automne, l'hiver et le printemps. Il en va de même lorsqu'une personne ordinaire atteint la bouddhéité. A ce moment là, inévitablement les Trois obstacles et les Quatre démons apparaissent, et le sage se réjouit tandis que l'insensé s'enfuit.
Les Trois Obstacles et les Quatre Démons (Ecrits, 640 ; L&T-II, 313)

Le courage fondé sur la foi

Fondamentalement, cette sorte de courage prend sa source dans la foi. Et la pratique bouddhique a précisément pour but l’exercice régulier de sa foi – une foi, en définitive, dirigée vers soi-même – au milieu des dures réalités de l’existence.

La foi bouddhique est également liée à la conscience que la transformation positive de notre propre vie conduira à la transformation du réseau de vie dans lequel elle s’inscrit.

En bouddhisme, le courage part de la conviction profonde que nous-même ainsi que les autres pouvons être absolument heureux. C’est un engagement farouche et indéfectible à cette vision. On peut donc voir dans le courage l’élément vital de l’action bienveillante envers les autres, ainsi que la force qui nous permet de changer notre vie.

Bien des gens vivent paralysés par la peur, incapables de faire un pas en avant pour surmonter une impasse ou révéler leur plein potentiel. Chacun a des défis différents, à la fois dans leur nature et dans leur échelle. Ce qui semble être un petit problème à quelqu’un peut être vécu comme un problème insurmontable aux yeux d’un autre. Mais le processus de rassembler son courage est toujours le même, quelle que soit la taille du défi.

Dans la mesure où nous puisons quotidiennement dans notre ressource de courage, en relevant les défis qui nous font face ici et maintenant, nous transformons positivement non seulement notre propre vie mais aussi notre environnement. Les possibilités de transformation que nous ouvrent le courage existent tout autour de nous et en nous, à chaque instant. Comme le dit Daisaku Ikeda : « Les petites choses comptent. Ce qui semble un petit acte de courage est du courage néanmoins. La chose importante est d’être prêt à faire un pas en avant. »

 

Adapté de l’anglais : Courage, SGI Quarterly, janvier 2011.