C’est au moyen de sept paraboles que le Sûtra du Lotus expose, à l’attention de ses pratiquants, aujourd'hui encore, le comportement qu’ils peuvent adopter dans leur vie quotidienne afin de créer une société qui apporte son soutien à chacun et donne un sens à son existence.
La parabole des trois chariots et de la maison en feu
Un homme riche vit avec ses nombreux enfants lorsque, un jour, sa maison prend feu. Tout à leurs jeux, les enfants refusent d’écouter leur père qui leur commande de sortir de la maison. Alors le père leur dit : « J’ai de merveilleux chariots, tirés par une chèvre, un daim, et un bœuf. Vous devriez sortir les voir ». Ils se précipitent alors joyeusement hors de la maison en flammes. Les enfants sont enchantés de recevoir chacun un grand chariot tiré par un bœuf blanc, encore plus beau que ce que leur père leur avait promis.
Il n'y a nulle sécurité dans le Monde des trois plans ; à l'instar de la maison en flammes (...) Ce Monde des trois plans est aujourd'hui mon domaine et les êtres vivants qui le peuplent sont tous mes enfants.
SdL-III, 84.
Cette parabole est tirée du 3e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Analogies et paraboles”. Ici, la “maison en feu” est une métaphore du monde dans lequel nous vivons, en proie aux “flammes” des souffrances, des troubles et des illusions. Les trois sortes de chariots représentent les “trois véhicules” conduisant respectivement aux états d'étude, d'éveil pour soi et de bodhisattva. Et le grand chariot tiré par un bœuf blanc correspond au Véhicule unique du Sûtra du Lotus.
La parabole de l’homme riche et de son fils pauvre
Encore enfant, le fils d'un homme riche s'enfuit de son foyer. Après avoir erré dans une épouvantable pauvreté des années durant, il arrive dans le château de ses jeunes années. L'homme riche l'identifie immédiatement, mais lui ne reconnaît ni son père ni les lieux. Il est si intimidé et paniqué qu’il prend la fuite. Empli de pitié, le père demande à ses serviteurs de le ramener, sans lui révéler qu’il est son père, et il l’emploie alors comme balayeur. Le fils travaille sérieusement, et au fil du temps, se voit confier la gestion des biens de l'homme riche. Sentant sa mort prochaine, le père dévoile la véritable identité de son employé devant le roi, les ministres, sa famille, etc. Et il lui lègue tous ses biens.
Aujourd'hui nous avons obtenu ce que nous n'avions jamais eu auparavant ; ce que nous n'avions jamais espéré précédemment nous est arrivé spontanément. Nous sommes comme le fils appauvri qui a gagné un trésor incommensurable...
SdL-IV, 106-107.
Cette parabole est tirée du 4e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Croire et comprendre”. Elle illustre la “méthode pédagogique” du Bouddha, pourrait-on dire, qui a tout d’abord transmis de nombreux enseignements comme moyens opportuns, avant de prêcher finalement le Sûtra du Lotus. Les divers emplois offerts par le roi à son fils, de balayeur jusqu'à administrateur des biens, correspondent à ces enseignements provisoires. Et le fait qu'il lui lègue finalement tous ses biens symbolise le Sûtra du Lotus. Car c'est dans cet ultime enseignement que toutes les personnes, dans les dix états, s'éveillent à leur véritable identité, et atteignent ainsi la bouddhéité.
La parabole des trois sortes d’herbes médicinales et des deux sortes d’arbres
La pluie nourrit « les trois sortes d’herbes médicinales et les deux sortes d’arbres », c-à-d toutes les diverses plantes qui poussent sur Terre, de façon égale. Mais elles en tirent des bienfaits différents selon leur espèce, et chacune peut ainsi se développer selon la nature qui lui est propre.
J'apparais dans le monde comme un grand nuage qui arrose et irrigue les êtres vivants desséchés et fanés (...) Je considère toutes choses comme universellement égales. Je ne favorise ni ceci ni cela, je n'aime pas ceci et ne déteste pas cela. Je n'ai ni avidité ni attachement, et suis sans limites ni entraves.
SdL-V, 113-114.
Avec une bienveillance impartiale, la véritable intention du Bouddha est de conduire tous les êtres au Véhicule unique de la bouddhéité. Tel un grand nuage, il dispense dans le Sûtra du Lotus un enseignement qui est le même pour tous. Mais, selon leurs capacités et caractéristiques respectives, les personnes en bénéficient différemment.
Cette parabole montre également la possibilité d’une coexistence harmonieuse des êtres humains et de toutes les formes de vies dans leur diversité.
La parabole de la cité illusoire et de la terre aux trésors
Des voyageurs entreprennent une longue expédition à la recherche de l'un lieu où se trouve un trésor. A mi-chemin, épuisés et découragés, les voyageurs veulent maintenant abandonner le voyage. Voyant cela, leur guide utilise ses pouvoirs magiques pour faire apparaître à l'horizon une grande cité fortifiée où ils pourront se reposer.
Après qu’ils se soient reposés, le guide fait disparaître l’illusion de la ville et leur annonce que la terre aux trésors n'est plus très loin, et les encourage à reprendre leur route.
Je constate que ceux qui cherchent la voie se découragent à mi-chemin, incapables de gravir la route escarpée de la naissance, de la mort et des désirs terrestres ; c'est pourquoi j'utilise le pouvoir des moyens opportuns et prêche le nirvana pour leur procurer du repos (...).
SdL-VII, 145-146.
Cette parabole est tirée du 7e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Parabole de la cité illusoire”. Elle rappelle que le Bouddha a prêché de nombreux enseignements provisoires afin de mener progressivement les personnes au “Véhicule unique” du Sûtra du Lotus, qui concrétise sa véritable intention.
La parabole du joyau cousu dans la doublure du vêtement
Un homme rend visite à un ami. Après avoir mangé et bu tout son soûl, il s’étend et s’assoupit. Son ami doit partir pour affaires mais auparavant, il prend soin de coudre un joyau inestimable dans la doublure du vêtement de son invité. A son réveil, l'homme continue sa vie et supporte mille difficultés, toujours dans le besoin. Quelque temps plus tard, les deux hommes se retrouvent par hasard. L’ami riche, consterné que l’autre mène une vie toujours aussi miséreuse lui parle du joyau qu'il lui avait offert. Surpris, l'homme pauvre trouve le joyau caché et réalise pour la première fois qu'il possédait tout ce temps un joyau sans prix.
Nous sommes comme cet homme. Tout au long de la nuit, dans sa compassion, l'Honoré du monde nous enseigne et nous convertit, nous incitant à planter les semences d'une aspiration inégalée. Quant à nous, dépourvus de sagesse, nous sommes ignorants et inconscients.
SdL-VIII, 155.
Cette parabole est tirée du 8e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Prophétie de l’illumination à cinq cents disciples”. Le joyau symbolise l'état de bouddha inhérent à la vie de tous les êtres humains. L'homme pauvre représente les personnes ordinaires, qui ignorent qu'elles possèdent ce potentiel à l'intérieur de leur propre vie.
Cette parabole illustre combien les êtres humains mènent souvent une existence ballottée par des préoccupations superficielles. En proie aux illusions, ils ignorent qu'ils possèdent le joyau précieux de la bouddhéité, caché au plus profond d'eux-mêmes.
La parabole du joyau sans prix dans la coiffe
Après une bataille victorieuse, un grand Roi-qui-fait-tourner-la-roue récompense ses soldats en leur offrant châteaux, vêtements, or, argent et autres trésors. Il offre avec joie le joyau inestimable caché dans sa coiffe à son meilleur soldat.
Pour le bien des êtres vivants, [l'Ainsi-venu] prêche diverses doctrines, se servant de moyens opportuns et prêchant ces sûtras. Quand il sait que les êtres vivants ont obtenu grâce à eux une force suffisante, alors, en dernière instance, il prêche pour leur bien le Sûtra du Lotus, comme le roi qui défait son chignon pour en donner l'étincelant joyau.
SdL-XIV, 203-204.
Cette parabole est tirée du 14e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Les pratiques paisibles”. Elle compare le Bouddha, luttant contre les rois-démons, à un souverain généreux envers ses sujets. le Bouddha est “roi” de la Loi bouddhique. Il prêche divers enseignements opportuns, puis finit par exposer le Sûtra du Lotus.
Cette parabole indique que le temps est venu pour le Bouddha de transmettre l’inestimable joyau, c’est-à-dire de prêcher son enseignement ultime, le Sûtra du Lotus.
La parabole de l’excellent médecin et de ses enfants malades
Un médecin de grand talent a une centaine d'enfants. Un jour, de retour chez lui, il découvre ses enfants se tordant de douleur après avoir absorbé du poison. Il leur prépare un remède efficace mais certains de ses enfants le refusent, tant le poison a troublé leur esprit...
Empli de pitié, il use alors d'un stratagème. Il leur dit : « Je laisse ici ce bon remède pour vous. Vous devez le boire sans penser qu'il est inefficace. » Puis il part dans un pays lointain d'où il leur fait parvenir par un messager la nouvelle de sa mort. Sous le choc et profondément attristés en pensant à leur père bien-aimé, les enfants retrouvent leurs esprits et prennent le médicament. Ils sont immédiatement guéris. En apprenant leur guérison, le père rentre chez lui.
[Le Bouddha] est semblable à un médecin expérimenté, qui emploierait un moyen opportun pour guérir ses enfants à l'esprit égaré. Il se fait passer pour mort, bien qu'il soit vivant, sans que quiconque puisse affirmer qu'il ait menti.
SdL-XVI, 223.
Cette parabole apparaît dans le 16e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “La durée de la vie de l’Ainsi-venu”. L'excellent médecin représente le Bouddha, et ses enfants les personnes ordinaires qui peuplent le monde. Les enfants qui ont perdu l'esprit représentent ceux qui sont incapables de croire que l'état de bouddha existe en eux-mêmes et chez les autres. Le bon médicament est le Sûtra du Lotus, enseignement suprême, exposant ce principe.
De plus, la mort du Bouddha est présentée ici comme un “moyen opportun”, attisant l'esprit de recherche des gens. La nature de bouddha est éternelle, elle ne meurt pas. Aussi, le fait que le Bouddha “retourne chez lui” représente l'éveil d'une personne à son propre état de bouddha inhérent.