Thème pour les réunions des mois de septembre 2012 :
Pour les réunions de discussion du mois de septembre,
nous vous proposons de dialoguer autour de la phrase ci-dessous,
commentée par Daisaku Ikeda, et de la table ronde qui suit.
Les malheurs de Kyo’o Gozen se changeront en bonne fortune, faites appel à toute votre foi et priez ce Gohonzon. Que pourrait-il y avoir d’impossible à réaliser ?
Nichiren, Réponse à Kyô'ô, L&T-I, 132.
Commentaires de Daisaku Ikeda
Le bouddhisme de Nichiren Daishonin nous permet de changer le poison en remède et de transformer notre karma négatif Il n’existe aucune épreuve ou souffrance que nous ne puissions surmonter, aucune obscurité dont nous ne puissions venir à bout. Maintenant, il est temps de faire apparaître le pouvoir vaste et incommensurable du Bouddha et de la Loi bouddhique.
Plus les temps sont durs, plus il importe de faire un pas de plus en avant en se fondant sur une prière puissante. La foi courageuse représente le coeur même du bouddhisme de Nichiren.1
Table ronde
Eric L., responsable des hommes de Paris nord-ouest. Dans le commentaire de cet extrait de Gosho, Daisaku Ikeda cite le principe « changer le poison en remède La notion de poison se réfère à un ressenti négatif, une souffrance. L’idée, c’est que la vie « s’empoisonne de souffrance ». «Changer le poison en remède » est plus fort qu’un simple résultat, car cela implique que c’est par le biais des circonstances qui font souffrir que l’on obtient la victoire. C’est alors la défaite ou la souffrance qui deviennent la cause de cette victoire. Pendant mes études, j’ai eu l’occasion d’illustrer ce principe en transformant un échec en victoire. J’avais échoué à ma licence. J’étais très découragé. Juste après ces résultats, j’ai accompagné un ami s’inscrire dans une fac. Pendant qu’il remplissait ses papiers, j’ai vu la description d’une nouvelle formation et... elle correspondait exactement à ce que je voulais faire. Or, je n’ai été admissible que parce que je n’avais pas la licence ! Ainsi, ces circonstances d’échec, en quelque sorte, m’ont permis de construire tout mon parcours professionnel.
Annie B., responsable des femmes de Paris nord-ouest. Dans la notion de poison, il n’y a pas de jugement. Et tout n’est pas joué d’avance. L’idée est que tout ce qui est négatif peut devenir la cause d’un grand bonheur. C’est donc un grand message d’espoir. Cela me rappelle un moment difficile de ma vie : quand j’ai divorcé, mes enfants ont décidé de vivre une semaine chez moi et une semaine chez leur père. Cela m’a plongée dans une souffrance terrible. Pourtant, leur désir était légitime. J’ai prié de tout mon coeur pour transformer l’enfer que je ressentais en quelque chose de positif. En observant ainsi ma vie, j’ai compris que je devais absolument changer des tendances, comme celle d’avoir une relation fusionnelle avec mes enfants. Réciter daimoku en cherchant à transformer cette situation m’a permis de décider d’avoir une relation libre et profonde avec eux, où chacun puisse exprimer son potentiel, quelle que soit la distance entre nous. J’ai ainsi acquis instantanément beaucoup de joie et de liberté intérieure. Et, dans les années qui ont suivi, une relation profonde, joyeuse et libre s’est construite et continue de se construire entre nous.
Gaël G., vice-responsable de la jeunesse. Le mot poison peut gêner, surtout ceux qui ne connaissent pas l’enseignement bouddhique. En fait, on retrouve cette idée de changer le poison en remède, avec d’autres principes bouddhiques comme « l’hiver qui ne manque jamais de se changer en printemps », « plus l’obscurité est profonde, plus l’aube est proche », « les troubles mènent à l’illumination », « les bûches alimentent le feu... » Tous ces principes illustrent l’un des concepts les plus centraux du bouddhisme : la transformation du karma. Et ce processus de transformation passe par la croyance.
Éric. C’est la façon dont on perçoit les événements qui nous fait souffrir. Grâce à l’« ouverture de nos yeux », à savoir, aux changements de nos conceptions, notre vie accède à une dimension qui dépasse nos capacités et nous fait percevoir les choses de façon tout à fait différente. Comme dit Pasteur : « La chance sourit aux esprits bien préparés. » Face à des circonstances non favorables, si l’esprit est bien préparé, si l’on est dans cette dynamique de transformer le poison en remède, on développe la capacité de trouver des solutions, parce qu’on a acquis la certitude qu’il est absolument possible de transformer la situation, même devant de grandes difficultés. Entendre ou lire les expériences des autres, nous permet d’intégrer cette notion et d’être prêt au moment crucial, quand on en a besoin. Une fois, pendant un spectacle dont j’étais responsable, le pont de lumière a cassé et la personne en charge de la sono est partie subitement Or, nous avions mis tous nos efforts et notre coeur dans la préparation de ce spectacle. Je me suis assis dans un coin et j’ai récité daimoku en pensant: c’est formidable, je vais assister au spectacle de la Loi merveilleuse, je vais voir comment cela va se résoudre. Et ça s’est résolu, grâce aux efforts de chacun.
Annie. Quand on souffre de difficultés trop lourdes pour soi, on a l’impression que tout est fermé et qu’aucune solution n’existe. Dans ce principe de transformer le poison en remède, il y a l’idée de faire apparaître quelque chose d’insoupçonné, d’illimité qui existe chez chacun d’entre nous. Si l’on n’était pas confronté à cette situation, on ne pourrait pas faire apparaître ce potentiel ifiimité. Finalement, ces difficultés deviennent le moteur J’ai mis du temps à mieux comprendre ce que signifie « aller jusqu’à la victoire ». Surmonter mon propre pessimisme, mes doutes, mes peurs, mon incapacité à croire, mon sentiment de fatalisme... Il m’est arrivé de ne pouvoir imaginer qu’il soit possible de gagner, dans le domaine affectif, par exemple. Pour arriver à faire surgir cette confiance et cette détermination, j’ai dû me dire: «Même si je ne vois rien, je ne serai pas vaincue. J’irai jusqu’au bout, quel que soit le temps que cela prendra. » Persévérer et me déterminer encore et encore chaque jour Une persévérance alimentée par le dialogue avec mes aînées et amies pratiquantes qui m’ont soutenue. Il y a toujours une possibilité de sortir d’une impasse. Dans La Nouvelle Révolution humaine, Daisaku Ikeda encourage des personnes qui traversent une période éprouvante, en expliquant comment transformer le poison en remède : « C’est votre heure de vérité. Faites de Daimoku votre priorité n°1. Transformez ce defi en un tremplin vers le futur et remportez la victoire sans coup férir. Tel est le genre de croyance qui est capable de transformer le poison en remède. »
Éric. Changer le poison en remède est un message d’un très grand optimisme, car «la vie nous veut du bien», c’est ce qu’explique le bouddhisme. S’il y a des circonstances qui nous font souffrir, finalement elles doivent contribuer à notre révolution humaine et faire apparaître le « remède » et un véritable bonheur. C’est là qu’intervient « une prière puissante ».
Gaël. Oui, parce qu’on pourrait dire que la force de cette prière est conditionnée à l’ampleur du désespoir. Les situations de réelle impasse où l’on n’a plus de stratégie personnelle, où l’on n’arrive plus à envisager une issue, sont souvent des moments où l’on touche du doigt quelque chose de très profond, du point de vue de sa croyance. On est concentré comme le bébé qui tète le lait de sa mère, sans connaître les nutriments qu’il absorbe.
Éric. Pourquoi les circonstances difficiles font-elles apparaître une prière si puissante ? C’est parce que, alors, on est à la limite de nos capacités. Plus de stratégie possible. On entre dans le monde de la foi, en fusionnant avec l’entité réelle de tous les phénomènes. Et là on perçoit, sans le filtre de la pensée, du karma... la vraie nature des choses sans avoir d’idées préconçues, mais avec une ouverture à des possibilités que nous n’avions pas imaginées.
Annie. Mais, dans une situation difficile, on n’a pas systématiquement une prière forte, car nos difficultés sont tellement intenses qu’on peut en être comme « anesthésié ». On n’arrive plus à avoir cette « niaque » qui nous redonne de l’élan. Dans ces moments-là, rechercher le coeur de notre maître bouddhiste, étudier et dialoguer avec les autres nous stimule. Il faut avoir cette étincelle de conviction intérieure pour pouvoir se dire : « J’y vais avec toute ma vie ; je veux faire apparaître du feu avec du bois mouillé, comme dit Nichiren. » Notre Daimoku est alors empreint de cette certitude que l’on peut absolument manifester notre état de bouddha et changer notre vie. Et la prière se « forti fie » au fur et à mesure du Daimoku. Lorsqu’on prie avec cette force, on a déjà transformé intérieurement. On a déjà gagné.
Gaël. Il y a une différence entre une simple expérience de vie et une expérience fondée sur la pratique bouddhique, où l’on expérimente les « quatre forces » : la force de la Loi et du Bouddha proviennent de la force de notre foi et de notre pratique. La valeur de l’expérience n’est pas la même lorsque nous les surmontons à la seule force de notre caractère ou de notre volonté, et lorsque nous gagnons grâce à la force de la croyance et de la pratique. Dans ce dernier cas, nous faisons apparaître les vertus du Bouddha (comme la sagesse, la vitalité, le courage...). J’aimerais dire également qu’une prière puissante rend possible la création de valeurs. C’est aussi ça, la valeur ajoutée.
Annie. Chaque difficulté de ma vie m’a permis de devenir plus heureuse. Au final, mon coeur s’est enrichi. J’en avais vraiment besoin. En bouddhisme, la notion de victoire implique que, à chaque difficulté d’importance, une prière puissante nous permet non seulement de transformer la situation du point de vue des phénomènes, mais aussi de développer un humanisme authentique dans notre vie. On juge moins les autres, on devient capable de plus d’empathie, de compassion... De même, être conscient que, en gagnant on peut encourager ne serait-ce qu’une seule personne, décuple l’intensité de notre prière. Notre victoire devient aussi celle des autres autour de nous. En ce qui me concerne, c’est ce qui me permet de me propulser dans une détermination plus forte et donc d’intensifier ma prière pour la rendre puissante.
Paru dans Valeurs humaines n°21-22, juillet-août 2012.
- 1. ↑ 22 mars 2011. Extraits de « Vivre les écrits de Nichiren Daishonin ».
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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