Thème pour les réunions des mois de juillet-août 2012. Pour les réunions de discussions des mois de juillet et d’août, qui seront préparées avec la jeunesse, nous vous proposons de dialoguer autour de la phrase ci-dessous, du commentaire de Daisaku Ikeda, et de la table ronde qui suivent.

En offrant de la nourriture aux autres, on améliore son propre sort, tout comme, par exemple, le fait d’allumer une lanterne pour les autres permet d’éclairer son propre chemin.
Nichiren, WND-II, 1060

Commentaire de Daisaku Ikeda

Jeunes, soyez forts, sages et joyeux ! Avec passion et enthousiasme, créez des valeurs positives pour la paix, la justice et le bonheur de tous. Soyez des personnes qui brillent telle une source éclatante d’encouragements, priant avec sincérité pour le bonheur de vos amis et engageant des dialogues avec eux. En tant que jeunes, chacune de vos actions sincères dégage une lumière qui insuffle aux autres le courage et l’espoir de croire en un avenir éclatant.1

Table ronde

Lorenz, responsable de la jeunesse. Ce thème correspond à la finalité des réunions de discussion. Que l’on pratique depuis peu ou longtemps, que l’on vienne pour la première fois, léssentiel est d’en ressortir encouragé. L’un des moyens est de transmettre convictions, expériences, ainsi que des points d’étude. Nous avons à coeur d’apporter ce souffle pour que la réunion de discussion soit un puits d’encouragement.


Izumi, vice-responsable de la jeunesse. Les réunions qui m’ont le plus inspirée sont celles où de nombreuses expériences de croyance ont été transmises par les participants. On repart en se disant: « Rien n’est impossible : avec daimoku, on peut tout surmonter. » Daisaku Ikeda a écrit : « En anglais, le verbe “to encourage” signifie donner du courage. Quand les disciples cherchent sincèrement à répondre aux encouragements de leur maître, ils brûlent d’un courage les rendant intrépides et imbattables. »2 Pour nous, pratiquants, notre défi est d’approfondir, de vivre cet esprit du disciple et de partager celui de notre maître bouddhiste.


Lorenz. En tant que pratiquant, il est important de se rendre en réunion de discussion avec une démarche personnelle active : décider de s’ouvrir, d’aller chercher un encouragement, et pas dans l’esprit que peut-être on en repartira en meilleure forme. Si l’on possède un esprit et un coeur ouverts, des choses très simples au-delà des mots, un regard, une attitude... deviennent une source d’encouragement.


Rumi, responsable des femmes de la région Rhône-Alpes-Méditerranée-Victoire. Dans un message récent3, Daisaku Ikeda explique que la vague du bonheur se propage par les liens de soutien et d’encouragements mutuels.

Un récit bouddhique aborde cet aspect : une personne va en enfer et découvre des gens en proie à une faim dévorante. Malgré des mets somptueux placés devant eux, ils ne peuvent pas porter la nourriture à leur bouche, car leurs baguettes sont plus longues que leurs bras. Puis cette personne se rend sur une terre de Bouddha. Là aussi, les baguettes sont plus longues que les bras, mais chacun mange à sa faim: les hommes et les femmes se nourrissent mutuellement En s’inspirant les uns les autres, on se nourrit soi-même.


Lorenz. C’est en cela que réside toute la force et le sens des activités bouddhiques: on passe de quelqu’un qui est encouragé à quelqu’un qui encourage les autres. C’est à la fois la conséquence d’un changement, mais aussi la cause. Pendant plusieurs années, je suis allé pratiquer avec un jeune homme atteint d’une maladie grave. Lui, il rayonnait, malgré son jeune âge. Souvent, j’y allais à reculons, avec un coeur lourd. Si, au final, son état intérieur m’encourageait spontanément, me dire que j’allais l’encourager dans sa pratique bouddhique était la cause pour changer quelque chose dans ma vie. J’ai compris que l’on n’a pas besoin d’attendre d’aller bien pour se dire qu’il est possible d’encourager les autres. C’est à la fois une affaire collective et individuelle. À travers les échanges avec les autres, on s’entraîne et on s’encourage. En même temps, en priant, on fait appel à notre neuvième conscience4, notre vie est régénérée, elle devient harmonieuse. À partir de là, on est encouragé.


Rumi. Mon père a aujourd’hui quatre-vingt-huit ans et ma mère, quatre-vingt-trois ans. Ils ont souvent été encouragés par Daisaku Ikeda et se sont toujours demandé comment répondre aux attentes de leur maître bouddhiste. Ce coeur s’est concrétisé sous forme de passion et d’enthousiasme, pour inspirer un maximum de personnes. Leur comportement me donne beaucoup d’espoir, de force et de courage. Ils vivent pleinement chacune de leur journée. De même, j’ai décidé de vivre chaque jour, portée par mon serment vibrant de passion et d’enthousiasme fait à mon maître pendant ma jeunesse, pour contribuer au bonheur des autres.


Lorenz. Encourager quelqu’un, c’est l’expression de notre humanité. C’est possible, même dans les pires conditions, comme après le tsunami de mars 2011 au Japon: les hommes et les femmes se réunissent et s’encouragent mutuellement au coeur des ruines. C’est le but de notre révolution humaine: devenir une personne qui a la capacité d’insuffler du courage aux autres, pour les soutenir dans la décision de remporter la victoire. Dans la société d’aujourd’hui, ce besoin est criant et l’on n’a pas besoin d’attendre la fin de la récession pour s’encourager. On peut décider de devenir une source d’inspiration pour sa famille, ses amis... pour la société.


Izumi. Nos combats et nos défis prennent alors tout leur sens: transformer tout ce que l’on vit de difficile par daimoku et redonner espoir à ceux qui nous entourent, pratiquants ou pas.


Lorenz. Il y aussi plusieurs façons d’encourager l’autre : pour qu’il aille mieux ou d’une façon plus profonde.

Quand on ne va pas bien, remonter le moral de quelqu’un n’est pas facile, mais on peut toujours faire connaître la Loi bouddhique. Il y a quelques années, j’effectuais une mission dans une fondation de jeunes. N’étant pas très en forme, je ne voulais pas parler du bouddhisme et, surtout, je n’avais ni la force ni la capacité d’encourager qui que ce soit. Mais, un jour, la discussion s’est portée sur le bouddhisme. J’ai senti que c'était le moment d’en parler, malgré ma condition. Un jeune homme a manifesté beaucoup d’intérêt On s’est revu, il a commencé à pratiquer. Il est difficile d’encourager l’autre quand soi-même on ne va pas bien, mais c’est vraiment un défi à relever. Et, ce jour-là, lui parler du bouddhisme de Nichiren a créé le changement en moi.


Rumi. L’action de faire connaître la Loi bouddhique est la cause. L’effet? Notre condition de vie s’élève instantanément. On peut penser qu’il vaut mieux attendre d’aller bien pour parler du bouddhisme, mais c’est dans cette action de partage et de transmission que réside le changement profond de notre vie.


Pascal, responsable des hommes de la région Ile-de-France-Nord-Est. Pour ma part, j’ai vécu presque trois ans de chômage et un combat pour « exister de nouveau » dans la société. Je n’avais pas le moral. Mais, tous les soirs, je luttais pour sortir de chez moi, je passais plus de deux heures dans les transports pour encourager des pratiquants ou me rendre en réunion de discussion, même si j’avais envie de tout sauf de cela. En agissant, l’énergie revient. Quand on arrive à dépasser des obstacles majeurs grâce à l’action, on développe notre capacité à encourager sans la chercher. Victor Hugo a d’ailleurs écrit : « Aimer, c’est agir. » Aujourd’hui, de nombreux hommes autour de moi n’ont pas de travail. J’ai ainsi pu encourager un ami pratiquant qui vivait la même chose et lui dire combien ce qu’il vivait était précieux, alors qu’il était terrassé par cette difficulté. Avec le recul, j’ai trouvé des mots simples, pour lui expliquer qu’il était dans la situation où l’insensé s’enfuit et où le sage se réjouit Cela m’a aidé à faire le deuil de ce que j’avais vécu, car la plaie était restée ouverte. L’encourager m’a permis de la cautériser et de grandir.


Lorenz. Il y a quelques années, j’ai rencontré un musicien qui souffrait d’une situation que j’avais moi-même connue. J’ai juste eu le temps de lui dire que je pratiquais le bouddhisme. Quatre ou cinq ans plus tard, on s’est retrouvé. Il vivait de nouveau la même souffrance. J’avais tellement envie qu’il soit heureux, que je lui parlé de mon vécu. Il a dû sentir ma conviction car, le lendemain, il m’a envoyé ce message : « Je suis très sceptique vis-à-vis de la pratique du bouddhisme, mais je vais commencer. » Ce ne sont pas vraiment mes mots qui l’ont touché, mais ce qui émanait de ma vie, peut-être mon fort désir qu’il soit heureux.


Izumi. Quand on n’a plus d’espoir, comment retrouver cette force d’encourager ? On peut repenser à notre maître, lire ses écrits, s’inspirer de ses actions à travers lesquelles il donne tant pour encourager les autres. Cela redonne beaucoup d’espoir. L’attitude d’aller sans cesse de l’avant, de se relever à chaque fois inspire aussi.

Malgré des problèmes financiers, professionnels, familiaux, de santé... de nombreux pratiquants gardent toujours le sourire et manifeste une grande persévérance. À chaque fois, ils se relèvent sans jamais perdre leur combativité. Ils font preuve d’une foi combative et c’est une réelle inspiration de les voir avancer, malgré toutes les épreuves. Aujourd’hui, quand on voit nos aînés, c’est réjouissant de constater à quel point, avec ce coeur invaincu, ils se sont construits dans de nombreux domaines. Ce n’est pas la peine d’attendre d’avoir tout réussi pour être capable d’inspirer les autres.


Lorenz. Daisaku Ikeda donne deux dés pour encourager : faire l’éloge de l’autre et le sourire. Même si quelqu’un échoue ou ne réalise pas grand-chose, si l’on fait son éloge, cela le réconforte. Nichiren Daishonin écrit : « Lorsque quelqu’un reçoit de grands compliments, rien ne lui semble difficile à accomplir, tel est le pouvoir des encouragements. »5 Quant au sourire, c’est magique. Il détruit toutes les barrières.


Pascal. Pas toujours facile, le sourire ! Mais, plus on s'entraîne, plus il vient naturellement Lors d’un voyage au Japon, nous devions accueillir les pratiquants qui se rendaient dans un centre de la SGI à Tokyo. Ce jour-là, mon coeur était très fermé. Un ami présent à mes côtés m’a dit : « Pascal, ton attitude est inqualifiable ! » Alors, je me suis entraîné à sourire pour accueillir les gens avec sincérité. Mon état intérieur a tellement basculé qu’une femme japonaise m’a demandé de parler du bouddhisme à son mari !


Paru dans Valeurs humaines n°20, juin 2012.

  • 1. Extraits de « Vivre les écrits de Nichiren Daishonin », paru le 7 juillet 2011 dans le Seikyo Shimbun, quotidien affilié au mouvement bouddhiste Soka au Japon. Voir d’autres extraits dans la rubrique Encouragements.
  • 2. D&E-novembre 2008, 107.
  • 3. Paru dans le Seikyo Shimbun, quotidien affilié au mouvement bouddhiste Soka au Japon, le 4 mars 2012.
  • 4. Neuvième conscience : elle correspond à l’état de bouddha. Voir Les neuf consciences.
  • 5. L&T-I, 100.
A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois de juin 2012.

Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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