• #Foi

Thème pour les réunions du mois d'octobre 2012. Pour les réunions de discussion du mois d'octobre, nous vous proposons de dialoguer autour de la phrase ci-dessous, commentée par Daisaku Ikeda, et de la table ronde qui suit.

Une épée est inutile entre les mains d’un lâche. La puissante épée du Sûtra du Lotus doit être maniée par une personne à la foi courageuse. Alors elle deviendra aussi fort e qu’un démon armé d’une barre de fer.
Nichiren, Réponse à Kyô'ô (L&T-I, 132 ; Ecrits, 415).

Commentaires de Daisaku Ikeda

Le vaste pouvoir de la Loi bouddhique se manifeste grâce à une foi courageuse. Ouvrons la voie de la victoire avec une prière puissante et l’esprit indomptable de ne jamais être vaincu.

Table ronde

Gaeël G., vice-responsable de la jeunesse. La première question qui me vient à l’esprit, en lisant cette phrase, c’est : « Comment trouver du courage dans les situations où il fait défaut ? » Je pense à des moments de profonde déprime, ou de confrontation à des peurs qui nous plongent dans des souffrances nous semblant insurmontables.

Notons que ce n’est pas juste le concept de courage qui est abordé, mais la notion de foi courageuse. Comment la faire jaillir ?

À mon sens, le premier pas, c’est déjà de se mettre devant le Gohonzon et de réciter ne serait-ce qu’un Daimoku pour réenclencher une dynamique de vie. Dans Dialogues avec la jeunesse, Daisaku Ikeda dit : « Si vous faites partie de ce genre de personnes dont la résolution a tendance àfondre facilement, si vous trouvez difficile de rester fidèle à vos résolutions, alors renouvelez votre détermination à chaque fois que vous la sentez faiblir. Si vous continuez à lutter courageusement, en allant de l’avant malgré les reculs et les déceptions en pensant toujours : “Cette fois-ci j’y arriverai ! Cette fois-ci je réussirai !“, vous accomplirez forcément un jour votre révolution humaine. »1


Alexandra C., vice-responsable de la jeunesse. Le bouddhisme enseigne l’inclusion mutuelle des Dix Etats2. Les dix états étant inclus les uns dans les autres, même dans la déprime, on peut être bouddha. C’est-à-dire qu’on peut décider dans sa prière, ne serait-ce que quelques instants, de combattre nos difficultés. Et même si l’on retombe, le courage que l’on a pu faire surgir a nourri notre état de bouddha. Donc, on n’est pas dans la logique : « Je serai heureuse quand je ne serai plus déprimée ou quand j’aurai réussi ceci ou cela », mais : « Ok, je ne vais pas bien, je ne vois pas clair, mais quand même, je peux faire apparaître cette grande force dans ma vie telle que je suis. »


Annie B., responsable des femmes de Paris nord-ouest. Dans l’un de ses écrits, ~me Ikeda explique que, même si l’on subit un échec, l’important est de décider de ne jamais être vaincu, et que, grâce à ce courage-là, on est sûr de remporter une grande victoire. Quand on rencontre des situations où l’on ne voit plus le moindre rayon de soleil, mais dans lesquelles on tient bon quand même, on n’a pas du tout conscience que le courage existe au fond de soi. Et il suffit parfois qu’une personne nous dise : « Qu’est-ce que tu es courageuse ! » pour réveiller la flamme à l’intérieur de nous. D’ailleurs, dans « encouragement», il y a « courage ».


Eric L., responsable des hommes de Paris nord-ouest. « Ne jamais être vaincu » est différent d’« être toujours victorieux», qui a mon sens ne correspond pas à la réalité. Pour moi, ne jamais être vaincu signifie posséder une foi courageuse. Plus jeune, je me suis retrouvé plusieurs fois dans des situations où, parce que je ne voyais aucune issue, ma croyance se cristallisait dans le fait de faire un Daimoku après l’autre. On peut développer, travailler ce courage comme on pourrait développer n’importe quel muscle ou qualité du coeur.


Annie. Il y a quelques années, Daisaku Ikeda avait dit qu’il priait avec le « sabre de la croyance ». Ce sabre, c’est le courage de couper tout ce qui est négatif, ce qui vient voler vitalité, joie de vivre et... courage. Si l’on s’efforce de développer cette attitude intérieure et spirituelle en coupant le négatif à la racine, comme si l’on avait un sabre à la main, notre vie s’ouvre immédiatement On retrouve les capacités de l’état de bouddha. On est alors dynamisé par le désir d’être heureux et de rendre heureux ceux qui nous entourent


Alexandra. Une amie m’a rapporté que, lors d’une conférence donnée pendant son voyage en Europe, en juin dernier, un étudiant a demandé à Aung San Suu Kyi comment elle avait fait pour ne jamais renoncer. Elle a répondu que vivre, ce n’est pas survivre ; vivre, c’est grandir. Ce qui a fait qu’elle n’a jamais renoncé, c’est qu’elle était active tout le temps. Elle se disait : « Lundi : sciences politiques ; mardi : économie », etc. Elle ne s’accordait que très peu de temps de repos. Ces propos m’ont inspirée. J’ai pensé à notre maître bouddhiste, Daisaku Ikeda, qui a traversé aux côtés de son maître Josei Toda des périodes particulièrement éprouvantes. Pour le soutenir, il a fait apparaître un courage extraordinaire, malgré une santé fragile.

Comment pouvons-nous manifester ce même courage dans notre vie ? En développant la vision d’un voeu plus large que notre simple bonheur. Cela nous permet de nous dépasser, tout en faisant preuve de sagesse, et d’atteindre un bonheur inaltérable pour nous-même et les autres.

L’attitude d’une seule personne reliée à une vision plus large inspire et encourage les autres, comme l’ont fait Aung San Suu Kyi, Nelson Mandela ou Daisaku Ikeda. En tant que pratiquant du bouddhisme de Nichiren, on fait apparaître une foi courageuse, en s’éveillant petit à petit au grand voeu d’être heureux et de contribuer au bonheur des autres.


Eric. Le courage, c’est aussi de ne pas se juger et ne pas se mépriser par rapport à ce que nous considérons comme nos échecs. Ils ne sont que les pavés sur la route de notre révolution intérieure. Sans ces pavés, on ne peut avancer, mais souvent on s’arrête à l’échec. Cette notion de ne jamais s’avouer vaincu nous est sans cesse transmise et rappelée par Daisaku Ikeda.

L’échec est peut-être nécessaire pour développer une véritable croyance, car c’est dans ces moments-là qu’il est le plus difficile de réciter Daimoku. Pourquoi ? Parce que cela implique qu’on accepte d’aller chercher la solution à l’intérieur de soi, qu’on arrête de se raccrocher à l’idée qu’elle va venir de l’extérieur. S’observer soi-même est difficile, ce n’est parfois qu’après un certain temps de prière que les brumes s’évaporent et que l’on peut sentir sa véritable nature.


Alexandra. Celle obscurité fondamentale peut prendre diverses formes : la peur, les illusions... On est enfermé dans des conceptions, on ne voit pas autre chose. On perçoit les souffrances comme figées. Faire le pas de pratiquer, c’est saisir le « sabre » de la croyance et couper la racine de l’obscurité fondamentale. Tout d’un coup, on se libère de ces conceptions, qui nous font percevoir les choses de manière négative, et par la même, d’un certain attachement à la souffrance. Une autre forme de courage est le dialogue. Au cours des activités bouddhiques, des réunions de discussion ou des forums, on s’entraîne à cela et l’on développe aussi son écoute. En cultivant soi-même un état de vie élevé, on est de plus en plus capable d’aller vers tous types de personnes. C’est un aspect précieux que l’on peut développer par la pratique bouddhique et qui permet de partager des paroles encourageantes. Une simple parole peut créer des ouvertures face à ce qui est vécu comme une impasse.


Annie. Le courage, c’est aussi refuser de se résigner, ne pas accepter de rester dans des états qui nous sapent. J’ai vécu cela récemment Je me suis trouvée dans une situation tellement difficile que j’étais comme laminée. D’ailleurs, physiquement, à un moment, j’étais sans énergie, sur le canapé. Je n’avais plus de courage. Puis, je me suis dit : « Non ce n’est pas possible ! » Je me suis mise devant le Gohonzon et j’ai commencé à réciter Daimoku. J’ai continué jusqu’à ressentir de la joie. Quand j’ai arrêté, je n’ai pas explosé de joie, mais je savais pourquoi j’avais été anéantie. J’ai dû donner des coups de sabre contre mon dénigrement, mon jugement de moi-même. J’ai eu le sentiment d’extirper ma tendance à ne pas respecter ma vie. Il fallait que je restaure quelque chose en moi par la prière. Dans ce cas, cela s’est concrétisé par la déci sion de continuer à m’exprimer. Le lendemain, une ancienne collègue est venue me voir avec un gros bouquet de fleurs. Elle voulait me témoigner sa reconnaissance pour le soutien que je lui avais apporté. Même si l’on ne se sent pas une âme de combattant au départ, aller faire Daimoku, c’est déjà gagner. Parce que c’est entamer un processus d’éradication des conceptions qui nous sapent. Le courage de la foi est lié à la prière, au combat contre le doute, contre nos tendances négatives.


Alexandra. Récemment, j’ai passé pour la quatrième fois un concours, tout en travaillant. Sa préparation me prend à chaque fois du temps et beaucoup d’énergie. Cette année, je pensais avoir mis en place de quoi le réussir, même si j’étais par ailleurs très occupée. À l’écrit, j’ai eu les mêmes résultats que l’an dernier, année pendant laquelle je n’avais pas beaucoup étudié. Ma moyenne n’était pas honteuse, mais je n’ai pas décollé et cela m’a assommée. Je devais atteindre cet objectif et considérais que le succès serait une preuve de mon engagement dans ma pratique bouddhique et de mon développement professionnel.

Au final, j’ai échoué. J’ai accepté ce résultat, mais j’ai été découragée pendant quelque temps, puis j’ai dialogué avec une amie qui m’a encouragée à repasser ce concours. Sur le coup, je ne m’en sentais pas la force, je me disais : « Ce n’est pas pour moi. » Puis, une discussion avec un ami m’a redonné du courage, celui de me lancer un défi en tentant une nouvelle fois ce concours. Cela m’a complètement libérée de la pensée : « Je fais beaucoup d’efforts et puis ça ne marche pas. » J’ai repris espoir.

Le sentiment de défaite a laissé place au désir d’élargir ma vision et de consolider les bases de ma vie. Aujourd’hui, je considère que mes nombreux échecs à ce concours sont des moyens opportuns pour que je me développe sur les plans professionnel et humain. J’aborde à présent ce projet de manière très sereine et déterminée.


Paru dans Valeurs humaines n°23, septembre 2012.

A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois de septembre 2012.

Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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