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L’expression « Le bouddhisme est victoire ou défaite » dans le bouddhisme de Nichiren ne renvoie pas à l’image paisible qu’on se fait habituellement du bouddhisme. Une telle notion peut même, de prime abord, paraître comme une invitation au conflit. Pourtant, elle ne décrit absolument pas une confrontation entre individus, mais plutôt le combat intérieur qui se joue dans le cœur de chacun.

Comme l'écrit Daisaku Ikeda : « La réalité de la vie et de la société est une lutte permanente entre le bien et le mal, entre l'illumination et l'obscurité fondamentale, le bonheur et le malheur, la paix et la guerre, la construction et la destruction, l'harmonie et le chaos. Tel est le véritable aspect de l'univers. »1 Dès lors, notre défi, instant après instant, est de persister à créer la plus grande valeur possible, sans jamais s’avouer vaincu dans ce combat, quels que soient les obstacles.

Les défis que nous rencontrons peuvent aller du plus trivial au plus vaste, pourtant l’enjeu reste le même : surmonter ses propres faiblesses – comme la peur ou l’inertie – et mener une action visant la réalisation de son bonheur personnel et celui des autres. Comment le bouddhisme rentre-t-il en jeu dans ces batailles quotidiennes ?

Que veut dire “gagner” ?

Le bouddhisme n’est pas séparé de la vie quotidienne, ni confiné au domaine théorique. Comme l’écrit Nichiren Daishonin : « Le véritable sens de la venue du bouddha Shakyamuni en ce monde fut d'offrir un modèle de comportement humain.  » (L&T-II, 309) Dans cette lettre, intitulée Les trois sortes de trésors, Nichiren insiste sur le fait que c’est la victoire en tant qu’être humain qui compte réellement – victoire qui peut se manifester aussi bien en termes d’accomplissement concret, que dans le domaine intérieur de notre vie, invisible aux autres.

Ce type de victoire est de loin supérieur à toute forme de reconnaissance ou de promotion sociale. Dans le Japon du 13e siècle, la vie des gens était entièrement dépendante des autorités et des seigneurs locaux. Par conséquent, établir ses propres jugements et critères de ce qu’est la victoire demandait un courage considérable. C'est pourquoi Nichiren écrit :

Le bouddhisme est sanctionné par la victoire ou la défaite tandis que la vie sociale est régie par le principe de la récompense ou de la punition.
Nichiren, Le guide suprême du monde (L&T-III, 259)

La valeur de notre victoire dépend également de l’échelle de nos défis. Pour un champion d’haltérophilie, soulever une grosse valise ne saurait être une victoire. Ce n’est que lorsque nous dépassons nos limites que le succès prend tout son sens et s’attire l’estime des autres. Mener une existence “sûre” dans laquelle nous nous contentons de suivre des schémas préétablis ne nous permet pas d’engager les vrais défis que sont un mode de vie créateur de valeur et la confrontation avec les causes réelles de nos souffrances.

Courage et persévérance

Que nous soyons à la recherche d’une promotion au travail ou en train d’encourager un proche en pleine dépression, la clé du succès repose sur le courage, la persévérance et la force spirituelle de résister aux difficultés et aux moments de désespoir. Aussi Nichiren insiste sur le fait que la faiblesse morale conduit irrémédiablement à la défaite, et nous avons tous fait l’expérience de la sensation accablante d’avoir été vaincu par sa faiblesse ou sa lâcheté.

La vie même de Nichiren est un exemple de courage suprême face aux oppositions et aux persécutions. La pratique bouddhique qu’il a établie nous aide à éclaircir nos buts et nous dote des outils nécessaires pour les atteindre. Dans le bouddhisme de Nichiren, la plus grande valeur est accordée au fait de partager la conscience que tout être humain possède de manière inhérente un potentiel illimité de courage, de sagesse et de compassion. Ces qualités sont les facettes du trésor caché que l’on appelle l’état de bouddha.

Activer notre force intérieure

Par la récitation de Nam-myoho-renge-kyo, qui a pour fonction d’activer ce potentiel, nous pouvons approfondir notre détermination d’atteindre nos buts et développer la force nécessaire pour surmonter tout obstacle, intérieur ou extérieur, qui viendrait freiner notre progression. Et à mesure que nous constatons l’efficacité de la prière, de la résolution et de l’action combinées, sous la forme de résultats positifs et concrets dans notre vie, nous avons le courage de nous lancer des défis plus grands, plus larges, et d’encourager les autres à affronter leurs propres défis avec un espoir renouvelé de succès.

Selon Daisaku Ikeda : « Le bouddhisme enseigne comment gagner. En combattant un “puissant adversaire”2, l’issue ne peut se résoudre que par le triomphe ou la défaite totale. Il n’y a pas d’entre-deux. Combattre les fonctions destructrices de la vie fait partie intégrante du bouddhisme. C’est la victoire dans ce combat qui fait de nous des bouddhas. »

 

Traduit de l'article Win or Lose, du SGI Quarterly, juillet 2006.

Ce n’est que lorsque nous dépassons nos limites que le succès prend tout son sens et s’attire l’estime des autres.

  • 1. La Sagesse du Sûtra du Lotus, vol.2, Acep, p. 274.
  • 2. Dans la Lettre de Sado (L&T-I, 36), Nichiren Daishonin écrit : « C’est seulement lorsqu’il triomphe d’un puissant adversaire que se révèle la force d’un homme. »