Selon le bouddhisme, il existe un principe universel, ou Loi, à l’œuvre dans tous les phénomènes et dans la vie de tous les êtres humains, quels que soient l’époque et le lieu. Pour autant, la façon d’exprimer, de vivre et de transmettre cette Loi doit prendre en compte la culture, les traditions et les coutumes particulières.
Ainsi, le bouddhisme respecte profondément la diversité des cultures humaines, aussi longtemps qu’elles ne vont pas à l'encontre de son esprit originel : la foi dans la dignité inhérente et dans le potentiel illimité de la vie de chaque être humain.
L’enseignement de la plus grande tolérance
Historiquement, à mesure qu’il s’est diffusé en dehors de l’Inde et à travers l'Asie, le bouddhisme s’est toujours adapté, intégrant un certain nombre d’éléments culturels et de traditions locales dans les pays qu’il a traversés. Il a incorporé des concepts, des rites et même des divinités, et s’est ainsi intégré très naturellement et harmonieusement à la vie des populations. Cette attitude consistant à comprendre, respecter et apprécier ce qui est valorisé dans une culture donnée, tout en transmettant correctement ce qui constitue l’essence du bouddhisme, est connu sous le nom d’« adaptation des préceptes aux usages locaux » (jap. : zuihô bini).
Nichiren Daishonin explique ce principe en ces termes :
Quand nous examinons les sûtras et les traités, nous découvrons l’existence d’un précepte indiquant de suivre les coutumes de la région. Selon ce précepte, dès lors que l’on ne commet aucune faute grave, même si cela conduit à s’éloigner légèrement des enseignements bouddhiques, il vaut mieux éviter de s’opposer aux us et coutumes d’un pays. Ce précepte a été exposé par le Bouddha.
Récitation des chapitres “Moyens opportuns” et “La durée de la vie de l’Ainsi-Venu” (Ecrits, 73)
Le but du bouddhisme n’est pas de régir la vie des gens ou de les contraindre avec des dogmes, des préceptes ou des interdits religieux. Il vise à leur permettre d’acquérir une solide autonomie intérieure, afin qu'ils puissent œuvrer librement à leur propre bonheur et à celui des autres, et contribuer positivement à leur société.
Rigoureux sur le fond, souple sur la forme
Tout en faisant preuve de souplesse et d’ouverture, les pratiquants bouddhistes de la SGI à travers le monde, suivent les fondamentaux de la foi que sont : la récitation de deux extraits du Sûtra du Lotus (Gongyo) ainsi que de Nam-myoho-renge-kyo devant le Gohonzon, ou objet de vénération. Ils étudient les écrits de Nichiren et participent aux réunions de discussion mensuelles afin de partager leurs expériences et leur compréhension du bouddhisme avec les autres. Cependant, bien entendu, le format et le style de ces réunions varie d'un pays à l'autre.
Par dessus tout, c’est l’esprit essentiel du bouddhisme qui est souligné et qui doit être maintenu et préservé rigoureusement. Cet esprit, c’est celui du plus profond respect pour la vie humaine, comme l’élucide le Sûtra du Lotus, texte fondateur de l’enseignement de Nichiren. Chaque individu est un être unique, infiniment digne de respect ; chaque individu est doté d’un potentiel illimité et peut absolument atteindre la bouddhéité. Le bouddhisme nous exhorte à œuvrer à la création d’une société dans laquelle les gens se soutiennent pleinement les uns les autres dans cet esprit, afin de réaliser tout leur potentiel.
Dès lors que cet esprit est établi, tous les autres enseignements peuvent trouver leur place ; toutes les cultures et modes de vie sont valables. Alors que le bouddhisme de Nichiren s’est diffusé à travers le monde et a commencé à être pratiqué dans des cultures autres que sa culture d’origine, il a ainsi pu s’adapter. A titre d’exemple, au Japon, il est de coutume de pratiquer à genoux (seiza), qui est une position familière et habituelle pour les japonais. Mais cette position étant inconfortable voire douloureuse pour les occidentaux, il est conseillé à ces derniers de s’assoir sur une chaise, avec le dos droit pour favoriser la concentration.
Alors que le bouddhisme est pratiqué dans une grande variété de cultures à travers le monde, le principe d’« adaptation des préceptes aux usages locaux » aide les pratiquants à faire la part des choses entre le but, qui est le bonheur des êtres humains, et les moyens d’y parvenir, en transmettant les enseignement et en les appliquant avec bon sens, en tenant compte du contexte.
Adapté de l’article Adapting Buddhism to Local Customs, SGI Quarterly, janvier 2012.