
Pour la quinzaine d’étude du mois de mars. L’idée que le « bouddhisme détermine la victoire » imprègne tout l’enseignement de Nichiren Daishonin. En réaffirmant cette vision, Daisaku Ikeda nous invite, à travers différents écrits, à développer une vie solide basée sur cette conviction et à surmonter joyeusement toute forme d’adversité.
PARTIE 1
Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix
1. Le bouddhisme et la vie sont une lutte
pour être victorieux
L’enseignement selon lequel « le bouddhisme
détermine la victoire » apparaît tout au long
des écrits de Nichiren.
Il est exprimé de différentes manières, mais
c’est peut-être dans Le héros du monde, une
lettre adressée à Shijo Kingo, qu’il apparaît
sous la forme la plus claire et la plus succincte. Nichiren écrit [dans cette lettre] : « Ce
qu’on appelle la “Loi boud dhique" détermine la victoire ou la défaite. » (Écrits, 842) Citant ce passage, le président fondateur de la Soka Gakkai,
Tsunesaburo Makiguchi, a dit que montrer la
preuve factuelle est le principe vital d’une religion.1 Le bouddhisme et la vie sont une lutte
pour remporter la victoire. Il n’est pas exagéré de dire
que le bouddhisme a été enseigné pour permettre à
chacun de remporter la victoire dans la lutte la plus
fondamentale dans la vie – la lutte entre la nature de
bouddha et les fonctions négatives. Soit nous triomphons des fonctions négatives et nous manifestons
la bouddhéité, soit nous sommes vaincus et menons
des vies d’illusion. L’objectif ultime de notre pratique bouddhique est de remporter la victoire dans
cette lutte capitale.
Cette manière de vivre suprême, enseignée dans le
bouddhisme de Nichiren, consiste à considérer que
tous les aspects de la vie représentent une suite de
luttes que l’on doit engager et dans lesquelles l’on
doit remporter la victoire. Telle est la réalité de notre
existence. Pour ceux qui relèvent sincèrement ce défi,
tout ce qui arrive dans la vie, même les événements
qui ont lieu dans la société, devient une partie intégrante de leur pratique bouddhique.
En d’autres termes, ils appliquent à toutes choses
l’enseignement selon lequel « la Loi bouddhique détermine la victoire ou la défaite ».
Nichiren écrit : « C’est pourquoi un bouddha est considéré comme le héros du monde. » (Écrits, 842) Un
« héros du monde » est une personne qui s’engage
avec courage au cœur des réalités de la vie et de
la société. Un bouddha est une personne qui lutte
avec audace contre les fonctions négatives et qui,
en manifestant la force vitale de l’état de bouddha,
mène une vie caractérisée par des actions justes aux
côtés des autres.
Quand Nichiren écrit « la Loi bouddhique détermine
la victoire ou la défaite », il enseigne à Shijo Kingo,
un de ses principaux disciples laïcs, que s’inspirer
du mode de vie du Bouddha en tant que « héros du
monde » est la marque d’un véritable pratiquant du
bouddhisme.
Le bouddhisme se préoccupe de la victoire – mais
comment remporter cette victoire ? Grâce à notre
cœur, à notre esprit. Nichiren insiste sur le fait que
« la Loi bouddhique détermine la victoire » pour souligner l’importance d’avoir la force intérieure et le courage de se dresser face à chaque obstacle et à chaque
difficulté qui surgissent dans la vie.
Quand nous sommes faibles et craintifs, nous ne
pouvons pas vaincre les fonctions négatives dans
notre vie ou dans la société.
Nichiren écrit : « Un lâche ne verra aucune de ses prières
se réaliser. » (La stratégie du Sûtra du Lotus, Écrits, 1011) Par ces mots puissants, Nichiren encourage ses disciples à ne pas se laisser abattre par les hauts et les
bas de la vie ni déstabiliser par de basses influences
négatives. Son enseignement selon lequel « rien ne
surpasse la stratégie du Sûtra du Lotus »2 traduit cette
même idée. La foi dans le Sûtra du Lotus n’est pas
une théorie intellectuelle ou abstraite. Elle nous permet de faire preuve d’une sagesse concrète pour remporter la victoire dans la société, dans le monde réel.
Avec un cœur de roi-lion, Nichiren a mené des luttes
ardentes, les unes après les autres, et a remporté la victoire dans chacune d’elles. Cette détermination indéfectible active aussi les forces protectrices de l’univers.
Il décrit fièrement sa victoire en ces termes : « C’est
parce que les divinités célestes sont venues à mon secours
que j’ai même survécu à la persécution de Tatsunokuchi
et que je suis sorti indemne d’autres grandes persécutions. »3 (GZ, 843)
Notre existence, notre vie quotidienne et la société
évoluent sans cesse. Chaque changement survient
pour le meilleur ou pour le pire ; il n’y a pas d’autre
choix possible. C’est pourquoi il est essentiel que
notre foi, notre religion, nous permette de remporter la victoire.
(Daisaku Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 2,
partie 1, Acep, p. 73-75)
2. La révolution humaine
est une lutte sur nous-même
J’aimerais parler ici de l’affirmation selon laquelle
le bouddhisme détermine la victoire. Mon maître, le
deuxième président de la Soka Gakkai, Josei Toda,
donnait souvent des encouragements à ce sujet. Il a
dit notamment : « La foi est une lutte contre les impasses
– aussi bien pour un individu que pour l’humanité tout
entière. C’est une lutte entre la nature de bouddha et les
fonctions négatives. Voilà ce que signifie “le bouddhisme
détermine la victoire”. »
Il y a nécessairement des moments où nous nous
retrouvons bloqués dans notre développement. C’est
dans ces moments-là que nous devons prier et passer
à l’action avec une détermination encore plus forte.
De cette manière, nous parviendrons immanquablement à cultiver un état de vie plus large et à repartir
une nouvelle fois de l’avant. Répéter sans cesse ce
processus est le cœur de notre pratique bouddhique.
Notre victoire se joue dans cette lutte – dans laquelle
nous pouvons gagner ou perdre – sur nous-mêmes,
contre la stagnation et contre les fonctions destructrices. Ceux qui négligent d’engager cette lutte ardue,
implacable, sur leurs faiblesses intérieures se trouvent
déjà sur la voie du déclin.
Ils considèrent la vie comme un jeu. Une telle vanité
est la marque même de la défaite.
Nichiren écrit : « Ce qu’on appelle la “Loi bouddhique”
détermine la victoire ou la défaite, alors que l’autorité
séculière se fonde sur le principe de la récompense ou
de la punition. C’est pourquoi un bouddha est considéré comme le héros du monde et le roi comme celui qui
gouverne selon son bon vouloir. » (Le héros du monde,
Écrits, 842)
Les récompenses et les punitions peuvent s’évaluer
par degrés et sont, par nature, relatives. On peut obtenir une moyenne de 10 ou de 15 sur 20 à un examen,
ou recevoir un prix en fonction de notre niveau. Dans
ce cas, les récompenses et les punitions peuvent être
comparées comme étant meilleures ou moins bonnes,
puisqu’elles sont relatives.
Mais la victoire et la défaite sont absolues. Soit on
gagne, soit on perd. Il n’y a pas de position intermédiaire. Un bouddha est celui qui a remporté la
victoire. Un « héros du monde » – un des attributs
du Bouddha – est un champion incontesté dans le
monde humain, dans la société. […]
(Daisaku Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 2,
partie 1, p. 76-77)
3. Remporter aujourd’hui la victoire
sur soi-même
Dans notre dialogue, publié sous le titre Choisis la
vie, le Pr Toynbee a souligné tout particulièrement
l’importance du principe de la maîtrise de soi – en
d’autres termes, de remporter la victoire sur soimême. Cela implique de transcender notre petit ego,
qui est dominé par l’égoïsme, et de faire surgir notre
grand ego tourné vers le bien et le bonheur des autres.
Selon les observations perspicaces du Pr Toynbee,
un des plus grands historiens du XXe siècle, la maîtrise
de soi est indispensable pour résoudre les crises
auxquelles l’humanité est confrontée. Sa conception
de la maîtrise de soi correspond à ce que nous, pratiquants de la SGI, appelons la révolution humaine. Il
a dit : « Le combat pour se maîtriser est l’action personnelle d’un individu. »4 La victoire intérieure de chaque
individu conduira à un développement positif de la
société et, en fin de compte, changera le cours même
de l’histoire humaine.
Quelle sera la clé pour remporter la victoire sur la
nouvelle scène du XXIe siècle ? Ce sera, avant tout, de
remporter la victoire sur nous-mêmes aujourd’hui,
de nous changer nous-mêmes dans un sens positif,
aujourd’hui même.
Gravons profondément ce point dans notre cœur.
La foi est la source d’une force illimitée. La religion
est la terre sur laquelle s’épanouit la culture. La Loi
merveilleuse est la source du bonheur. Notre pratique bouddhique nous donne la force de vivre, de
nous développer, de remporter la victoire et de surmonter n’importe quel karma.
(Daisaku Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 2,
partie 1, Acep, p. 87)
PARTIE 2 – Références complémentaires
Extrait du volume 30 de La Nouvelle Révolution humaine
En novembre 1981, quelques mois avant le
premier festival culturel pour la paix de la jeunesse du Kansai, Shin’ichi se rendit à
Osaka pour assister à la troisième réunion générale du Kansai. À cette occasion, la jeunesse du Kansai lui déclara : « Nous allons faire du festival de l’année
prochaine un événement qui fera connaître
au monde l’existence de la Soka Gakkai
et la force du lien de maître et disciple ! »
« Cent mille jeunes vous attendent ! »
[…]
Le 6 mars, Koji Ueno, qui avait toujours participé aux entraînements et aux répétitions de
l’équipe de gymnastique des jeunes hommes,
fit savoir qu’il se sentait mal. Il fut emmené
directement aux urgences à l’hôpital local. Après
avoir été examiné par un médecin, il fut renvoyé chez lui. Mais il commença à montrer
des signes de confusion et de désorientation
et fut de nouveau hospitalisé. Bien qu’à moitié conscient, il ne cessait de répéter : « Mon
meilleur ami va monter au sommet d’une pyramide humaine de six étages. »
Peu après, il perdit totalement conscience et
l’hôpital le fit transférer dans une unité de soins
intensifs. Hiroyuki Kikuta se précipita à l’hô-
pital, où il arriva juste à temps pour être aux
côtés de son ami alors qu’on l’installait sur un
brancard. C’est là que ce dernier lui dit d’une
voix faible mais distincte : « Nous transformerons l’impossible en possible ! »
Ce furent ses dernières paroles.
Au centre de soins intensifs, les examens révé-
lèrent qu’il souffrait d’une forte hémorragie
sous-arachnoïdienne, un type d’accident vasculaire cérébral.
Le 13 mars, il cessa de respirer et fut placé sous
assistance respiratoire. Il vécut quatre jours
de plus, jusqu’au 16 mars, le Jour de kosen
rufu, avant de s’éteindre paisiblement le lendemain
après-midi.
Le costume bleu qu’il devait porter au festival culturel était accroché à côté de son lit.
Au centre médical, Kikuta fit ce serment devant son
ami défunt : « C’est pour toi aussi, Koji, que je ferai
tout mon possible ! »
Le 18 mars, en emportant une photo d’Ueno dans
sa poche de chemise, Kikuta se rendit à l’entraînement au gymnase des collège et lycée de jeunes filles
Soka5, à Katano, dans la préfecture d’Osaka. L’équipe
de gymnastique n’avait encore jamais réussi à former une pyramide humaine de six étages, mais, ce
jour-là, ils accomplirent ce difficile exploit pour la
première fois.
Le même jour, les jeunes hommes réunis au gymnase des écoles Soka ainsi que leurs amis des autres
équipes qui s’entraînaient dans d’autres lieux furent
informés du décès d’Ueno. On leur fit aussi part de
l’esprit invincible dont il avait fait preuve et on leur
transmit ses dernières paroles : « Nous transformerons l’impossible en possible ! »
Les cœurs des 4000 jeunes hommes ne firent qu’un
et ils brûlèrent d’une nouvelle détermination.
Kikuta grava profondément les dernières paroles
d’Ueno dans son cœur. Dépassant ses limites, il avait
couronné la performance de manière spectaculaire
et fit de la déclaration de son ami une réalité – ils
avaient transformé l’impossible en possible.
(Nichiren, La Nouvelle Révolution humaine, vol. 30-II, chap. « Serment », Acep, p. 215 ; 220-222.)
Pour aller plus loin...
- La Sagesse du Sûtra du Lotus, « Transformer la fatalité en mission », vol. 1, Acep, p. 395-399.
- La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 2, partie 2 sur 2, chap. 14 « La foi pour surmonter les obstacles », Acep, p. 41-70.
- La Nouvelle Révolution humaine, vol. 30 partie II, chap. « Serment », Acep.

Ce support est à retrouver dans le numéro de Valeurs humaines du mois de février 2025.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro
- 1. ↑ Librement adapté de la traduction en anglais. T. Makiguchi, Kachi Sozo (Création de valeurs), in Makiguchi Tsunesaburo Zenshu (Œuvres complètes de Tsunesaburo Makiguchi), Tokyo, Daisanbunmei-sha, 1987, vol. 10, p. 47
- 2. ↑ Nichiren écrit : « Employez la stratégie du Sûtra du Lotus avant toute autre. » (Écrits, 1011)
- 3. ↑ « Oko Kikigaki » (Recueil d'enseignements), non traduit.
- 4. ↑ D. Ikeda et A. Toynbee, Choisis la vie, L'Harmattan, Paris, 2009, p. 358.
- 5. ↑ À partir d’avril 1982, les écoles devinrent mixtes et furent renommées collège et lycée Soka du Kansai.