Pour la quinzaine d’étude du mois de janvier 2025, nous vous proposons d’approfondir le sens de la création de la SGI, il y a tout juste cinquante ans, le 26 janvier 1975, et de le remettre en perspective avec l’actualisation opérée par la Soka Gakkai ces dernières années.

Introduction

Après sa fondation au Japon en novembre 1930, la Soka Gakkai a accompli sa mission de faire connaître largement le bouddhisme de Nichiren au Japon jusqu’en 1960 puis dans le monde entier, pour le bonheur durable de chaque personne et la paix mondiale. Depuis sa création le 26 janvier 1975, la Soka Gakkai internationale (SGI) a impulsé des actions coordonnées renforçant les liens de soutien mutuel entre les pays et a diffusé l’œuvre du maître et des disciples à l’échelle planétaire.

 

Extraits de La Nouvelle Révolution humaine, vol. 21

La création de la SGI – organisation de pratiquants conscients du sens de leur mission
Le soleil de la paix venait d’apparaître. Un nouveau rideau s’était levé sur le kosen rufu mondial. Le 26 janvier 1975, une grande vague de paix jaillit d’une île vert émeraude, l’île de Guam, située au sud des îles Mariannes, à l’ouest du Pacifique.
Ce jour-là, 158 membres représentant 51 pays et territoires se rassemblèrent au Centre de commerce international de Guam afin de participer à la Première Conférence pour la paix mondiale. Lors de cette conférence, la Soka Gakkai internationale fut créée en tant que structure internationale regroupant les organisations de pratiquants du monde entier, et Shin’ichi Yamamoto en fut nommé le président à la demande de tous les participants. Ce fut un tournant historique pour la création d’un siècle de la vie et de la paix.
Afin de parvenir à une paix durable pour toute l’humanité, nous devons diffuser dans les cœurs humains un esprit de compassion à l’égard de tous les êtres vivants. […]
« Il est certain qu’il y aura finalement une vaste propagation de la Loi [kosen rufu] dans tout le Jambudvipa [le monde entier] », nous enseigne Nichiren. (GZ, 816) […] Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il suffit de nous asseoir de façon oisive en attendant que les choses se fassent. Kosen rufu ne pourra réellement progresser que si ceux qui pratiquent les enseignements de Nichiren luttent avec sincérité et passion pour faire de cette prédiction une réalité. C’est pourquoi nous devons nous dresser pour accomplir cette tâche, en ayant pleinement conscience de notre noble mission. C’est ce que signifie se dresser en tant que bodhisattvas surgis de la Terre. Quand nous nous comportons de cette façon, nous entrons dans le processus de transformation de notre état de vie pour bâtir un bonheur indestructible et mener une existence profondément joyeuse.
Le bouddhisme nous enseigne que tout l’univers existe dans notre cœur. Nous ne devrions donc pas pratiquer la foi avec l’attitude d’un spectateur passif. Comme le dit Nichiren : « Ceux qui étudient de la sorte les enseignements bouddhiques sont donc réprouvés comme les non-bouddhistes. » (Sur l’atteinte de la bouddhéité en cette vie, Écrits, 4) […]
Toutes les personnes rassemblées sur l’île de Guam étaient des responsables de leurs pays respectifs et des champions qui s’étaient dressés pour kosen rufu, en s’appuyant sur un sens ferme de leur mission. Ils étaient des pionniers des idéaux du mouvement Soka. Tous étaient allés de l’avant, déterminés à travailler main dans la main afin de bâtir la SGI et d’en faire une solide citadelle de paix qui réunirait les peuples du monde entier. […]
(Daisaku Ikeda, La Nouvelle Révolution humaine, vol. 21, Acep, p. 7-8.)

 

Les prémices de la SGI – mouvement international né de la relation de maître et disciple
Le représentant du Royaume-Uni poursuivit […] :
« Aujourd’hui, les obstacles essentiels à la paix et à la prospérité sont les maux constitués par l’égoïsme et l’arrogance qui résident au fond du cœur des êtres humains de toutes les nations. Le bouddhisme a le pouvoir de vaincre la nature démoniaque qui use et consume l’esprit humain. Les nuages sombres engendrés par les problèmes planétaires tels que les conflits armés et la pollution planent au-dessus de chacun de nous. […]
Nous nous sommes jusqu’à présent efforcés de développer des rapports de proximité afin de pouvoir réaliser cette unité et de répondre aux exigences de l’époque. […] tout en respectant les caractéristiques et l’indépendance de chaque organisation nationale, nous avons créé la Conférence européenne de la Soka Gakkai, la Ligue panaméricaine de la Soka Gakkai et le Conseil culturel bouddhique de l’Asie du Sud-Est. Mais nous croyons qu’il est possible d’aller encore plus loin en incluant dans notre mouvement de solidarité le monde entier. […] »

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La SGI et la Ligue bouddhiste internationale [LBI] partageaient les mêmes objectifs – contribuer à la fois à la réalisation de la paix et à la prospérité de tous les pays et de toutes les sociétés. Par ailleurs, la SGI devait aussi avoir pour rôle de faire connaître et comprendre les idéaux du bouddhisme de Nichiren et de diriger et soutenir des activités de croyance pour aider les pratiquants à acquérir une vision juste du bouddhisme et à développer leur foi et leur pratique. Une autre fonction de la SGI consisterait à envoyer des responsables chargés de dispenser des encouragements bouddhiques dans les organisations affiliées du monde entier et d’organiser des cours d’étude, des séminaires et les cérémonies et événements nécessaires. Tout en procurant de solides conseils fondés sur le bouddhisme de Nichiren pour réaliser ses objectifs − le bonheur et la paix pour tous −, la SGI serait aussi une organisation qui donnerait à ses membres des sources d’inspiration dans la foi et conserverait dans toute sa ferveur l’essence même de l’esprit de la Soka Gakkai, la force motrice de ses activités. La création d’une telle organisation correspondait aux aspirations que les pratiquants du monde entier portaient en eux depuis longtemps. […]

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Shin’ichi réfléchit longuement à la requête des représentants du comité de planification de la Conférence pour la paix. Selon eux, en plus de la Ligue, il faudrait donc créer un organisme international qui aiderait les pratiquants à apprendre les bases mêmes de l’esprit de la Soka Gakkai et offrirait des encouragements dans le domaine de la foi et de la pratique bouddhiques. Il avait lui-même ressenti la nécessité d’une organisation de ce type mais il était convaincu que sa création devait s’appuyer sur une forte détermination des pratiquants d’outre-mer eux-mêmes.
« Les organisations officielles établies dans divers pays et territoires opèrent de façon indépendante les unes des autres, pensa Shin’ichi. Elles conduisent leurs propres activités en accord avec les lois et coutumes locales. Il faut respecter autant que possible cette autonomie. Mais il y a aussi un fort désir d’établir une organisation fédératrice, qui contribue à un approfondissement de l’étude du bouddhisme et de l’esprit de la Soka Gakkai, et apporte des orientations et des conseils. Créer une structure internationale distincte de la Ligue ne serait donc pas insensé. »
Mais dans un premier temps Shin’ichi s’abstint de transmettre son opinion aux représentants. Il voulait s’assurer que cette proposition correspondait bien au désir des pratiquants du monde entier. Il poursuivit donc sa réflexion : « Conserver et approfondir notre conviction est en définitive l’expression de notre autonomie et de nos motivations personnelles. Une organisation vouée à inspirer et guider dans la foi ne peut être établie que sur la base d’une volonté forte, d’un libre consentement et d’un consensus général. Si, en revanche, les pratiquants du monde entier avaient le sentiment qu’une telle organisation leur était imposée, l’objectif originel serait perdu. […] »
Shin’ichi demanda à l’un des responsables qui l’accompagnait ce qu’il pensait de la création d’une organisation distincte de la [LBI]. Kaoru Tahara, le secrétaire général du Centre international, dit alors avec conviction : « […] ce dont nous avons encore plus besoin aujourd’hui, c’est d’une organisation qui aide les pratiquants à apprendre l’esprit de la Soka Gakkai […], une structure qui les aidera à renouveler leur foi. […] J’espère donc que nous allons maintenant établir la Soka Gakkai internationale et que vous en prendrez la direction, président Yamamoto. C’est aussi le souhait des pratiquants du monde entier. » […]
L’engagement commun du maître et du disciple […] fut à l’origine de la naissance de la SGI. […]
[Ce] matin du 26 janvier, […] Shin’ichi […] se rappela être allé au cours de l’été 1954 avec son maître, Josei Toda, à Atsuta, le village du Hokkaido où il était né. En contemplant la mer du Japon au crépuscule, M. Toda avait dit à Shin’ichi : « J’établirai des fondations solides pour kosen rufu au Japon mais c’est toi qui paveras la voie de kosen rufu dans le monde entier. » Shin’ichi avait gravé ces paroles dans son cœur comme si c’étaient les dernières volontés de son maître. […]
[Il] s’adressa intérieurement à M. Toda : « Sensei ! Aujourd’hui, des pratiquants de 51 pays et territoires du monde entier se sont rassemblés pour une conférence pour la paix mondiale. Kosen rufu se propage dans le monde entier, et nous diffusons votre message pour la paix mondiale. Lors de cette conférence, je vais probablement devenir le président de la Soka Gakkai internationale, c’est-à-dire que je vais prendre la tête, d’un point de vue à la fois officiel et concret, du kosen rufu mondial. En tant que votre représentant, je vais prendre mon envol dans le monde. […] »
(Daisaku Ikeda, La Nouvelle Révolution humaine, vol. 21, Acep, p. 15 à 30.)

 

Le contexte et l’histoire du lieu dans lequel s’est déroulée la création de la SGI
[Dans le discours d’ouverture, un pratiquant représentant l’île de Guam dit :] « Il y a trente ans, dit-il, Guam fut le théâtre d’une terrible tragédie. D’innombrables civils innocents perdirent la vie dans une guerre atroce. » […]
Le philosophe allemand Karl Jaspers (1883-1969) a dit un jour que la conscience apparaît lorsque l’on fait la distinction entre le bien et le mal.1
[Le représentant de l’île de Guam ajouta :] « Nous qui avons vécu cette tragique histoire avons pour mission d’appeler à la paix, poursuivit le représentant de l’île sur un ton passionné. Avec cette détermination le regard tourné vers le jour heureux où cet objectif sera atteint, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour partager avec d’autres la philosophie bouddhique du bonheur et de la paix. » […]
« Pour célébrer cette Première Conférence pour la paix mondiale et témoigner de son soutien à nos activités pour la paix, le gouvernement de Guam a désigné officiellement le 26 janvier 1975 Jour de la paix mondiale. » […] L’île de Guam était devenue un point de départ pour la paix mondiale.
[…] « Il n’y a pas de terre pure ou impure en soi. La différence réside seulement dans le bien ou le mal à l’intérieur de notre esprit. » (Sur l’atteinte de la bouddhéité en cette vie, Écrits, 4) En changeant notre attitude ou détermination [profonde], nous pouvons tout transformer, y compris notre environnement, notre société, notre pays et le monde entier. […]
Le karma est un autre nom pour désigner la mission. Les lieux qui ont fait l’expérience de la brutalité de la guerre ont pour mission de créer des grandes vagues de paix.
(Daisaku Ikeda, La Nouvelle Révolution humaine, vol. 21, chapitre « La SGI », Acep, p. 11 à 13.)

 

Extraits du site Soka Global

La Charte de la SGI devenue Charte de la Soka Gakkai aux principes directeurs actualisés en novembre 2021
• En 1975, la Soka Gakkai internationale (SGI) a été créée en tant qu’association mondiale destinée à relier les organisations indépendantes de la Soka Gakkai à travers le monde, et Daisaku Ikeda en est devenu le président.
• En 1983, la SGI a été accréditée en tant qu’organisation non gouvernementale auprès du Conseil économique et social de l’Organisation des Nations unies (ECOSOC). La Charte de la SGI a été adoptée en 1995. Elle exprime l’engagement de l’association à œuvrer pour un monde pacifique, et à contribuer à la paix, à la culture et à l’éducation, en se fondant sur le respect de la dignité de la vie.
• En 2017, pour marquer le début d’une nouvelle phase dans son développement, la Soka Gakkai a adopté une nouvelle constitution, qui clarifie le rôle des présidents fondateurs, les aspects fondamentaux de son fonctionnement mondial, ses positions doctrinales essentielles et ses objectifs, afin de promouvoir le boud dhisme de Nichiren pour la cause de la paix et du bonheur humain.
• En 2021, la Charte de la SGI a été mise à jour et adoptée en tant que Charte de la Soka Gakkai. Elle développe plus précisément les principes qui régissent les actions sociales de l’organisation, fondées sur un engagement indéfectible en faveur de la non-violence et d’une culture de paix.
(Extraits du site Soka Global)

   

Ce support est à retrouver dans le numéro de Valeurs humaines du mois de décembre 2024.

Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro

 
  • 1. Traduit de l’allemand. Karl Jaspers, Was ist Philosophie ? (Qu’est-ce que la philosophie ?), Munich, R. Piper and Co. Verlag, 1976, p. 66.