Pour la quinzaine d’étude du mois de mai, nous vous proposons d’approfondir la notion d’unité entre maître et disciple, principe essentiel de la philosophie bouddhique.
INTRODUCTION
Les trois premiers présidents et leurs successeurs ont toujours fait de cette
relation la base de leur croyance.
Le lien qui unit le maître bouddhique et ses disciples se fonde sur leur aspiration
commune à réaliser le grand vœu du Bouddha. Ils sont animés du désir de partager
la philosophie du bouddhisme qui prône une coexistence harmonieuse de tous
les êtres vivants.
Concrétiser ce vœu signifie aller toujours vers ceux qui souffrent, afin de raviver
dans leur cœur la flamme de l’espoir et de la dignité de leur vie. Cela signifie aussi
chérir l’idéal de la construction d’une société paisible en permettant à chacun et
chacune de bâtir en son cœur une citadelle de bonheur et de paix.
Extrait du volume 6 de La Nouvelle Révolution humaine
L’unité entre maître et disciple
est le fil conducteur de la Soka Gakkai
Contemplant le lointain, au-delà de la mer
d’Oman, Shin’ichi songea à son maître, Josei
Toda. S’il était encore en vie, réalisa
Shin’ichi, il aurait 62 ans à ce jour.
S’il se trouvait ici avec lui, que diraitil ? Toda, qui avait toujours prié pour
le bonheur des peuples d’Asie et du
monde, était mort à l’âge de 58 ans
sans jamais avoir quitté le Japon.
Maintenant Shin’ichi prenait son
envol dans le monde à la place de
son maître.
Il était parfaitement conscient que la mission de sa vie était de réaliser les vœux les plus chers de son maître, sa vision. Pour autant, il mesurait aussi avec une douloureuse lucidité à quel point cette tâche serait lourde et exigeante – comme le voyage serait long pour l’accomplir. Pour le moment, les pays où la Soka Gakkai comptait des membres étaient fort rares. Et même là où il y en avait, [leur nombre était] extrêmement limité. De même, il y avait aussi des pays auxquels les membres ne pouvaient même pas accéder car ils n’entretenaient pas de relations diplomatiques avec le Japon, et d’autres qui ne garantissaient pas la liberté de religion.
Dans ces conditions, ancrer dans le cœur des individus les principes de paix et d’humanisme, fondés sur la philosophie bouddhique, et créer des liens d’amitié étaient une entreprise extraordinairement ardue et de longue haleine. On pouvait même dire que cela équivalait à déplacer un désert tout entier en ramassant ses grains de sable un par un.
Shin’ichi se sentait parfois écrasé par l’ampleur du défi qui l’attendait. Il lui arrivait d’être étreint d’une profonde angoisse. Mais il se rappelait alors que son maître s’était dressé au milieu des cendres de la défaite du Japon afin d’achever la mission qu’il avait choisie : construire un grand château du bonheur en atteignant le chiffre de 750 000 foyers membres.
À chaque fois, cette pensée faisait jaillir force et courage dans son cœur, tel le soleil perçant de sombres nuages. En tant que disciple de Toda, il accomplirait sa mission avec la même détermination que son maître. Son courage se muait alors en espoir, puis en conviction profonde et indestructible, jusqu’à ce que son cœur lance ce cri « Observez-moi bien, Sensei ! » Ranimant son courage grâce à ces souvenirs de son maître, Shin’ichi poursuivait son voyage.
Le serment solennel qu’il avait prêté en tant que disciple devint également la force motrice des grandes activités en faveur de la paix que la Soka Gakkai allait promouvoir par la suite dans le monde entier, ainsi que de nombreux liens d’amitié et de confiance tissés à travers les dialogues avec des dirigeants de tous horizons et de toutes nationalités.
Et maintenant, des chapitres de la Soka Gakkai étaient sur le point d’être créés en Thaïlande et à Hong Kong – lieux que Shin’ichi avait visités pour la première fois un an plus tôt, en établissant un district dans chacun d’eux.
(Extrait de La Nouvelle Révolution humaine, vol. 6, p. 128-129.)
Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix
La relation de maître et disciple
est un magnifique relais spirituel
Il existe sans doute de nombreuses définitions
de la relation de maître et disciple, ou de professeur et élève, qui diffèrent d’une personne à
une autre, ou selon les institutions et les pays.
Pour ma part, je pense que la relation de maître
et disciple est incontournable pour faire évoluer positivement les nations, les sociétés et les
époques. Elle permet de faire jaillir inlassablement intégrité, passion et énergie.
Le maître enseigne à ses disciples tous les objectifs et les bienfaits qu’il est possible d’atteindre. Pourquoi ? Parce que la vie est limitée. Nous devons passer le flambeau de génération en génération, encore et encore, si nous voulons créer des valeurs pérennes. Cependant, quand ceux qui exercent un pouvoir – qu’il s’agisse de législateurs, d’éducateurs, d’hommes d’affaires ou de personnalités éminentes dans différents domaines – n’agissent pas avec cet esprit et deviennent autocratiques et imbus d’eux-mêmes, en s’accrochant à leur statut ou à leur position, la situation s’envenime. Ils cèdent à des comportements destructeurs, en affichant une arrogance et une condescendance toujours plus marquées envers leurs protégés et ceux qui cherchent à les remplacer – pour finalement provoquer leur propre perte et celle des autres.
Nous devrions, à l’inverse, nous consacrer avec humilité aux jeunes, nos successeurs, afin qu’ils puissent nous dépasser et réaliser beaucoup plus de choses que nous, en les confortant dans leurs capacités et leur mission. La répétition de ce processus permettra à l’humanité de se développer. C’est la voie pour aller de l’avant. Un pays, une institution, une personne qui oublie cette vérité est en définitive vouée à connaître des circonstances défavorables, sans aucune possibilité d’avancer.
Par conséquent, nous devrions veiller plus attentivement à transmettre, d’une génération à l’autre, le noble trésor de la relation de maître et disciple, une relation propre aux êtres humains. Nous devrions faire revivre cette relation et lui permettre de s’exprimer véritablement. Sinon, l’humanité est condamnée à répéter les mêmes cycles de souffrance incessante, les mêmes antagonismes mutuels, les mêmes conflits.
C’est ce que je crains. Et c’est ce qui adviendra si nous laissons se détruire la relation de maître et disciple. Toutes les grandes révolutions – de l’histoire du monde ou, par exemple, la grande restauration Meiji au Japon – furent menées grâce aux efforts conjoints des maîtres et de leurs disciples. Les maîtres se sont dressés avec une vision et une détermination mais, dans de nombreux cas, ils ont été emprisonnés ou assassinés, ils sont morts de maladie ou sur le champ de bataille, avant d’avoir atteint leurs objectifs. Les disciples ont hérité des aspirations de leurs maîtres et ont œuvré avec ardeur pour les concrétiser. Rien n’est plus magnifique ni plus inspirant que ce relais spirituel, ce passage du flambeau à ceux qui poursuivront la lutte.
Sans la relation de maître et disciple, tout ce que nous entreprenons s’achève tout simplement au terme de notre existence. Il ne s’agit alors de rien de plus que d’une histoire humaine isolée et de la satisfaction de nos désirs personnels. En revanche, la relation de maître et disciple nous permet de mener une vie qui se mêle au flot continu de l’humanité, une vie à l’image d’une puissante rivière, qui s’inscrit dans une course de relais sans fin. Le bouddhisme enseigne l’unité entre maître et disciple. Il ne s’agit pas d’une relation hiérarchique, dans laquelle le maître domine le disciple. Maître et disciple poursuivent le même objectif et avancent ensemble vers sa réalisation. On trouve dans les écrits bouddhiques de nombreuses histoires où celui qui est disciple dans son existence actuelle devient le maître dans la suivante.
Pour autant, si le maître ne prend pas résolument l’initiative, il détruit l’harmonie. Là où le maître agit avec confiance et détermination, tout avance dans une direction positive. Dans le cas contraire, c’est la confusion qui prend le dessus.
Maîtres et disciples sont comparables à des coureurs de relais. Ils courent à toute allure en se passant le témoin sur la voie commune de la justice, du bonheur et de la paix pour l’humanité. Les maîtres courent en premier et passent le témoin à leurs disciples. Rien de grand ne peut s’accomplir sans maître et, à ce titre, ils méritent le plus grand respect. Les disciples mettent en application ce qu’ils ont appris du maître et poursuivent l’œuvre à réaliser à l’avenir, [œuvre] qu’il leur a léguée.
Le président Toda disait souvent que les disciples doivent chercher à dépasser leur maître. Seul un maître étroit d’esprit exige de ses disciples qu’ils le suivent et acceptent tout ce qu’il dit avec une obéissance aveugle. Un maître authentique invite ses disciples à le dépasser, à accomplir ce que lui ne peut pas faire. Et les véritables disciples luttent sincèrement dans ce sens.
(La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 2/2, Acep, p. 13-16.)
Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix
Avoir un maître dans son cœur
Lors de la réunion des responsables de
départements, le responsable des jeunes hommes,
Isamu Nomura, demanda à Shin’ichi : « Avec
le début du deuxième chapitre de kosen rufu, la
Soka Gakkai va lancer un mouvement multiforme
qui va toucher toute la société. Quel devra être notre
état d’esprit tandis que nous progresserons
en suivant cette nouvelle orientation ? […] » Shin’ichi
lui répondit sans hésiter : « Vous devez suivre
la voie de maître et disciple. » En voyant la réaction du jeune homme, il poursuivit : « Vous
vous demandez ce que la relation de maître et
disciple peut bien avoir à faire avec cela, n’est-ce
pas ? On pourrait la comparer à la relation qui
existe entre la force centrifuge (vers l’extérieur) et
la force centripète (vers l’intérieur) dans tout mouvement de rotation.
Développer un mouvement qui répand largement les
idéaux du bouddhisme dans la société est comparable à la force centrifuge, c’est-à-dire qui s’éloigne
du centre. Plus cette force centrifuge s’intensifie,
plus la force centripète, qui revient vers le centre,
doit être puissante et se concentrer sur les enseignements du bouddhisme. » […]
Dans le bouddhisme, la relation de maître et disciple trouve son origine dans la compassion du bouddha Shakyamuni, qui enseigna à ses disciples la voie de l’illumination, et dans l’esprit de recherche dont ses disciples firent preuve pour comprendre son enseignement. Pour résumer, il s’agit d’un lien spirituel qui repose sur la motivation personnelle du disciple. C’est ce qui transparaît clairement de la relation entre Nichiren Daishonin et son disciple et successeur direct, Nikko Shonin. La voie de maître et disciple est rigoureuse ; la grande voie de la révolution humaine et de l’atteinte de la bouddhéité en cette existence ne se trouve nulle part ailleurs.
(La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 2/2, Acep, p. 37-38. Un texte adapté de La Nouvelle Révolution humaine, vol. 17, chapitre « Le grand bastion ».)
Extrait du volume 30 de La Nouvelle Révolution humaine
Un lien direct avec Nichiren Daishoni
Shin’ichi transmit également une orientation
du président Toda selon laquelle la Soka Gakkai
devait rester en lien direct avec Nichiren à travers
ses écrits. Il indiqua que la Soka Gakkai
continuerait d’agir en se fondant sur les
Écrits de Nichiren et en accord avec le vœu de
Nichiren. Autrement dit, elle lutterait toujours
pour accomplir le grand vœu de « kosen rufu
par la propagation bienveillante de la Grande
Loi ». Il insista sur le fait qu’il n’y avait pas
besoin d’intermédiaire entre les pratiquants et Nichiren, et que, dans
le cadre de la Soka Gakkai, le rôle
des responsables consistait simplement à aider chacun à se forger son
propre lien avec Nichiren. Les présidents Makiguchi et Toda se sont
consacrés avec altruisme à transmettre la Loi merveilleuse, telle que
Nichiren l’enseigne, et ont montré,
par leur exemple, ce qu’étaient des disciples qui
s’exercent dans la foi et dans la pratique. Au
sein de la Soka Gakkai, la relation de maître
et disciple, nos compagnons de pratique et le
mouvement en lui-même sont tous là pour
enseigner et transmettre l’esprit de Nichiren,
ainsi que la foi et la pratique bouddhiques
justes, fondées sur ses Écrits.
(Extrait de La Nouvelle Révolution humaine, vol. 30, partie 2, Acep, p. 350.)
Pour aller plus loin...
• Daisaku Ikeda, La Sagesse pour
créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 2/2, Acep, p. 11-41.
• Commentaires des écrits de Nichiren,
vol. 1, Acep, p. 91-92.
• La Sagesse du Sûtra du Lotus, chap. 7, « Un principe conduisant à la non-dualité du maître et du disciple », Acep, vol. 1, p. 143-172.
Ce support est à retrouver dans le numéro de Valeurs humaines du mois d'avril 2022.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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