Pour la quinzaine de l’étude d’avril 2022, nous vous proposons d’aborder le thème : « La dignité de chaque personne ».
INTRODUCTION
Notre mouvement vise à soutenir celles et ceux qui s' engagent à vivre en accord avec les principes humanistes du bouddhisme de Nichiren et à respecter la dignité de toute personne. Le passage ci-dessous de La Nouvelle Révolution humaine qui relate les activités bouddhiques qui se sont déroulées au centre de Sceaux il y a cinquante ans, le 3 mai 1972, montre que c’est à travers le comportement d"une personne que se concrétisent ces enseignements humanistes.
Extrait du volume 16 de La Nouvelle Révolution humaine
Au cours de la cérémonie d’inauguration du
centre de Sceaux, Shin’ichi fut le dernier à s’exprimer. Après avoir loué les efforts vigoureux
des pratiquants pour faire avancer le kosen rufu
mondial, il leur fit part de ses sentiments [...].
« Je n’ai pas souvent l’opportunité de vous voir,
mais je vous considère tous comme mes
frères et sœurs. Je pratique sérieusement
chaque jour, en priant pour votre bonheur
et votre bonne santé et pour que vous goûtiez des vies de famille harmonieuses. »
Puis il dit, avec plus d’emphase :
« Vous qui vous consacrez à kosen
rufu êtes tous également les enfants de
Nichiren, quelles que soient vos origines
ethniques ou votre nationalité. Kosen rufu est
une entreprise sacrée consistant à apporter le bonheur aux êtres humains du monde entier grâce à
la lumière de la compassion bouddhique. J’espère
que chacun de vous s’éveillera au fait que faire
progresser cette cause est la raison pour laquelle
vous êtes nés. C’est grâce à vos efforts dans ce sens
que vous accomplirez votre révolution humaine et bâtirez un état de vie caractérisé par un bonheur indestructible pour vous-même et pour les autres.
Pourquoi sommes-nous là ? Quel est le sens de la vie ?
L’absence de réponse à ces questions et l’absence d’un but
ou d’une direction claire est la source fondamentale de la
confusion et du malheur qui affligent la société contemporaine. Où que vous viviez et quelle que soit votre situation, j’espère que vous suivrez avec confiance et courage
le chemin de votre mission, pleins d’optimisme et de lucidité en tant que successeurs de Nichiren. L’important est
d’avoir le courage et la volonté d’accomplir votre mission. » […]
Après la cérémonie d’inauguration, le maire de
Sceaux, son épouse et de nombreux autres invités
assistèrent à une cérémonie pour célébrer l’événement
dans le jardin du centre. Au milieu des myriades de
fleurs, les pratiquants divertirent les invités avec une
présentation de la cérémonie du thé, selon la méthode
traditionnelle japonaise, ainsi que des prestations
du groupe des Fifres et Tambours et de la chorale
du département des jeunes femmes. Shin’ichi salua
tous les invités. La plupart se demandaient avec curiosité de quoi pouvait bien avoir l’air le président de
la Soka Gakkai. Il semble que beaucoup d’entre eux
s’attendaient à ce qu’un dirigeant d’une organisation
bouddhiste porte une robe de moine ou soit paré
d’une sorte d’aura mystique. Ils eurent bien du mal
à dissimuler leur surprise quand Shin’ichi, vêtu d’un
costume, se présenta à eux d’une manière polie et amicale, et les remercia de leur présence. Shin’ichi traitait
tout le monde avec une sincère considération. Il prenait soin d’appeler les personnes âgées à la prudence,
quand le terrain était un peu en pente, allant jusqu’à
prendre leur bras pour les guider personnellement.
Sa conversation était pleine d’esprit et d’humour, et
partout où il allait, apparaissaient bien vite des rires
et des sourires. Son épouse, Mineko, était constamment à ses côtés. Elle portait un kimono et saluait
chaleureusement chaque personne. Après le départ
de Shin’ichi, l’un des invités dit à Eiji Kawasaki : « Je
ne sais rien du bouddhisme que vous pratiquez, mais je
sens que le président Yamamoto est un homme très honnête et sincère, à la façon dont il nous a tous accueillis.
Il semble vraiment se soucier des gens. Je crois que l’ère
de la religion, caractérisée par des moines autoritaires
et hautains qui prêchent leurs doctrines d’un air sévère,
est parvenue à son terme. L’humanisme est primordial,
et je le sens bien présent dans votre organisation.
— C’est tout à fait exact, répondit Eiji Kawasaki sur
un ton énergique. C’est bien là la marque du véritable bouddhisme. C’est notre religion. » Les enseignements que nous gardons se manifestent à travers
notre caractère et notre comportement. C’est uniquement grâce à l’attitude et aux actions de ses pratiquants que le bouddhisme de Nichiren est devenu
une religion de dimension mondiale et se propage
dans des pays sur toute la planète. […]
Il était dans la capitale française le 3 mai, jour du douzième anniversaire de son accession à la présidence. C’était la première fois que Shin’ichi célébrait cette date importante à l’étranger, et cela symbolisait l’entrée dans une nouvelle ère du kosen rufu mondial. Le 3 mai 1972 marquait aussi le début de la septième des Sept Cloches1. […]
Depuis Paris, Shin’ichi envoya un message au Japon destiné à être lu dans toutes ces réunions [de célébration]. Il y faisait l’éloge des luttes sincères des pratiquants durant les douze années écoulées depuis son accession à la présidence de la Soka Gakkai en 1960, exprimait sa profonde reconnaissance et appelait chacun à poursuivre sa progression pleine de fraîcheur. « La progression du kosen rufu mondial, prédite par Nichiren Daishonin, était maintenant bien lancée, poursuivit Shin’ichi, et l’année en cours serait à coup sûr un point tournant majeur, digne de la plus grande attention dans l’histoire du bouddhisme. » Il souligna ensuite que, afin d’accomplir la mission de kosen rufu, il était important que chaque pratiquant prenne toute la responsabilité et agisse en prenant des initiatives audacieuses. Exhortant les pratiquants à intérioriser le principe selon lequel « tous les phénomènes sont des manifestations de la Loi merveilleuse » (WND-II, 841), il souligna aussi l’importance de cultiver des attitudes correctes, ainsi qu’un jugement et un caractère fermes. « Notre temps est venu et des amis [dans le] monde entier nous attendent, dit-il en conclusion. Ce mois-ci, en tant que votre représentant, je prends l’initiative de faire ce voyage autour du monde. J’espère que vous aussi, vous vous efforcerez de faire tout votre possible. » […]
Pour commémorer le 3 mai, une réunion pleine
d’entrain eut lieu au centre bouddhique de Sceaux,
à laquelle participa Shin’ichi. Après la récitation du
Sûtra, Shin’ichi s’adressa aux pratiquants. Il évoqua
les premier et deuxième président de la Soka Gakkai
qui avaient été persécutés par les autorités militaires
et emprisonnés durant la Seconde Guerre mondiale.
« Leur lutte tenace contre cette persécution, dit-il, avait
abouti à la propagation de kosen rufu à l’échelle mondiale. Kosen rufu avait progressé plutôt doucement en
France et dans le reste de l’Europe, par rapport au Brésil
et à divers pays d’Asie. Mais Nichiren avait écrit à ses
disciples : “Dites-leur de se préparer au pire et de ne
pas s’attendre à des temps favorables.” (Sur les persécutions subies par le Sage, Écrits, 1009) Au regard des
enseignements bouddhiques, nous ne pouvons pas nous
attendre à voguer sur des eaux paisibles en permanence.
Il est certain que des obstacles apparaîtront sur notre chemin. Nichiren dit aussi : “Sinon, [si les obstacles n’apparaissaient pas], il n’y aurait aucun moyen de savoir
qu’il s’agit de l’enseignement correct.” » (Lettre aux
deux frères Ikegami, Écrits, 504) Shin’ichi sentit qu’il
était important que les pratiquants européens gravent
cette vérité au plus profond de leur cœur. Shin’ichi
poursuivit, d’un ton encore plus vigoureux : « Quels
que soient les défis qui apparaissent dans l’avenir, j’espère que vous pratiquerez de tout votre cœur et que, en
vous fondant sur la foi, vous surmonterez ces défis en faisant preuve de confiance et d’une ferme détermination.
Telle est la façon de transformer votre karma.
J’aimerais aussi que vous étudiiez en détail les enseignements de Nichiren et que vous deveniez des philosophes
bouddhistes incomparables. Soyez des amis de bien qui
se respectent les uns les autres en se considérant comme
égaux et qui s’encouragent et se soutiennent mutuellement, tout en allant ensemble joyeusement de l’avant. »
(Extrait de La Nouvelle Révolution humaine, vol. 16, p. 135-141.)
Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix
Dans un passage connu, Nichiren écrit : « Au cœur des enseignements dispensés par le Bouddha de son vivant, se trouve le Sûtra du Lotus, et le cœur de la pratique du Sûtra du Lotus réside dans le chapitre “[Le bodhisattva] Jamais-Méprisant”. Que signifie le profond respect du bodhisattva JamaisMéprisant pour les gens ? Le but de l’apparition en ce monde du bouddha Shakyamuni, seigneur des enseignements, réside dans son comportement en tant qu’être humain […] On peut qualifier un sage d’être humain, mais ceux qui ne réfléchissent pas ne valent pas plus que des animaux. » (Les trois sortes de trésors, Écrits, 859) Nichiren nous dit ici que ceux qui font preuve de sagesse dans leur comportement et leur mode de vie sont de véritables êtres humains. Ce n’est pas le simple fait de naître sous forme humaine qui fait notre humanité. Il faut déployer des efforts conscients et empreints de sagesse pour mériter le nom d’être humain. En revanche, si nous agissons de manière irréfléchie et insensée en dénigrant et en méprisant les autres, nous sommes pareils à des animaux.
Le bouddhisme explique que l’essence de la dignité humaine se trouve dans la dimension fondamentale de la vie elle-même. Il ne s’agit pas d’une simple philosophie contemplative, mais d’une philosophie de vie concrète, qui nous aide à mener notre existence dans le monde réel. Le bouddhisme nous permet de manifester véritablement la dignité de notre vie et de reconnaître celle des autres dans notre existence quotidienne. Il enseigne la pratique la plus élevée, qui affirme à la fois notre dignité et celle des autres. La Soka Gakkai est un mouvement dont les pratiquants luttent pour incarner cet esprit bouddhique fondamental, en s’accordant mutuellement un profond respect. C’est un mouvement dédié à promouvoir un mode de vie qui respecte la dignité de chacun. C’est un rassemblement d’êtres humains où chacun s’engage à faire des efforts pour soutenir d’autres personnes, en reconnaissant profondément leur humanité.
La société comporte différentes sphères – tournées vers la production, la création de valeurs économiques ou artistiques, ou même vers les actions de guerre. Dans ce contexte, la Soka Gakkai tient une place irremplaçable. En se fondant sur l’enseignement juste du bouddhisme de Nichiren, elle se consacre au bonheur et au développement personnel des gens, qui sont le fondement même de toutes les activités sociales. La mission qui consiste à transmettre le bouddhisme de Nichiren est profonde et sublime, et se situe à un niveau totalement différent de tous les autres types d’activités humaines. Notre idéal est de mener des vies riches et épanouissantes, caractérisées par le respect de la noblesse et de la dignité de la vie humaine. En outre, nous nous opposons résolument à toutes les actions qui dénigrent les êtres humains et bafouent leur dignité.
(La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 2/2, Acep, p. 180-181.)
Pour aller plus loin...
• Daisaku Ikeda, La Sagesse du Sûtra du Lotus, vol. 4,
Acep, 2003, p. 253-265; vol. 2, Acep, 2014, p. 370-379.
• Le Monde des Écrits de Nichiren Daishonin,
vol. 2, chapitre 18, Acep.
• La Sagesse pour créer le bonheur et la paix,
vol. 3, partie 2/2, chapitre 28, Acep.
- 1. ↑ Terme désignant les sept périodes de sept ans marquant l’histoire du développement de la Soka Gakkai, à partir de sa fondation en 1930. La première désigne la période jusqu’en 1979. Shin’ichi introduisit ce concept (développé par le deuxième président de la Soka Gakkai, Josei Toda), le 3 mai 1958, peu après la disparition du président Toda. Il était alors responsable au sein du département de la jeunesse.
Ce support est à retrouver dans le numéro de Valeurs humaines du mois de mars 2022.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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