Pour la quinzaine d’étude du mois de novembre, mois de la fondation de la Soka Gakkai, nous vous proposons d’aborder le thème du grand vœu comme moyen d’approfondir notre humanité.
Extrait du volume 30 de La Nouvelle Révolution humaine
Shin’ichi expliqua qu’il devait
partir rapidement car il allait
donner une conférence de
presse dans un hôtel de la ville
à propos de sa visite en Chine,
puis il ajouta :
« Comment
pouvons-nous remporter la victoire dans la vie et devenir heureux ? L’état de bouddha et l’état d’enfer existent
tous les deux dans notre cœur. En puisant dans
notre état de bouddha, nous pouvons établir un
bonheur indestructible. Pour cela, nous devons
concentrer notre esprit sur kosen rufu et nous
entraîner sans cesse dans notre pratique bouddhique, en nous appuyant sur une prière imprégnée
par notre vœu de réaliser notre bonheur et
celui des autres.
Nichiren Daishonin a écrit : “Vous ne devez
pas seulement persévérer vous-même ; vous
devez aussi enseigner aux autres […] Enseignez
aux autres au mieux de vos capacités, ne serait-ce
qu’une phrase.” (La réalité ultime de tous les phénomènes, Écrits, 390) Quand nous luttons ardemment
pour kosen rufu, en nous efforçant de transmettre la
Loi merveilleuse et d’expliquer aux autres notre pratique
bouddhique, nous manifestons l’état de bouddha illimité
inhérent à notre vie et pouvons transformer toutes les
souffrances de la vie en une joie profonde. C’est la raison pour laquelle Nichiren a écrit pendant son exil sur
l’île de Sado : “Même en exil, nous avons de bonnes
raisons d’éprouver de la joie, aussi bien dans notre
corps que dans notre esprit.” (Réponse à Sairen-bo,
Écrits, 316)
En tant que pratiquants de la Soka Gakkai, nous pouvons certes nous féliciter d’avoir atteint jusqu’à présent
notre objectif en ce qui concerne le nombre de familles
pratiquantes – d’abord un million, puis un autre, jusqu’à
parvenir récemment à l’objectif emblématique de 10 millions de pratiquants –, mais il y a aujourd’hui [Ndlr :
en 1980] plus de 4 milliards d’êtres humains sur notre
planète. Cela signifie que seule une personne parmi plusieurs milliers est actuellement un pratiquant de la Soka
Gakkai. Vu sous cet angle, notre mouvement de kosen
rufu mondial en est encore à ses premiers balbutiements.
Nous venons à peine de commencer. Nos actions prendront toute leur portée au XXIe siècle. J’aimerais que vous
meniez tous de longues vies. Ensemble, consacrons pleinement notre vie à kosen rufu ! »
Les participants applaudirent, débordant de joie et bien déterminés à réaliser leur vœu pour kosen rufu.
Après avoir encouragé les pratiquants à la réunion commémorative au centre culturel de Nagasaki, Shin’ichi se hâta de rejoindre l’hôtel où devait avoir lieu la conférence de presse. Les journalistes présents l’interrogèrent sur la situation en Chine et sur ses impressions à l’occasion de son cinquième voyage dans ce pays.
Après la conférence de presse, Shin’ichi invita à dîner
les membres de la délégation qui l’avaient accompagné en Chine pour les remercier. Revenant alors
sur cette visite, il leur dit :
« Je crois que notre voyage
en Chine a ouvert le rideau sur la paix mondiale dans
l’ère à venir. Les deux décennies qui nous séparent du
début du XXIe siècle sont une période d’une importance
cruciale pour promouvoir des échanges non seulement
entre personnes ordinaires, mais aussi dans les sphères
de l’éducation et de la culture. Ils créeront un nouveau
courant pour la paix qui unira le monde.
Durant cette période, je suis certain que la Chine connaîtra
un développement significatif, et le monde aussi sera
la scène de changements rapides et radicaux. Cela rend
d’autant plus impérative la nécessité de communiquer
nos idéaux. »
(La Nouvelle Révolution humaine, vol. 30, partie 1, chap. 3, « Nouvel élan », Acep, p. 268.)
Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix
Mener une vie créatrice de valeurs
En partant d’un concept développé par
le premier président de la Soka Gakkai,
Tsunesaburo Makiguchi, Daisaku Ikeda
explique que la SGI est un mouvement
qui s’appuie entièrement sur un noble
humanisme, qui cherche à promouvoir
un mode de vie créateur de valeurs et
contribue tant à notre propre bonheur
qu’à celui des autres.
(Texte extrait d’un discours prononcé à
la conférence pour la paix et la culture
de la SGI pan-Pacifique, à Honolulu,
Hawaï, le 29 janvier 1995.)
M. Makiguchi a souligné l’importance de devenir des personnes qui savent coexister en harmonie les unes avec les autres, plutôt que de se laisser emporter par leur égoïsme. Le brillant éducateur qu’il était cherchait à développer des « individus qui possèdent l’intelligence de reconnaître leurs propres points faibles et de trouver les points forts des autres »1. Il faisait également tout pour former des « individus généreux qui comblent leurs propres faiblesses en s’aidant des points forts des autres, et qui ne ménagent aucun effort pour suppléer aux faiblesses des autres en ayant recours à leurs propres points forts »2. Là résident l’esprit essentiel de l’éducation Soka et la clé pour créer une famille Soka harmonieuse. J’espère que les pratiquants, dans leurs pays et environnements respectifs, avanceront dans une aussi belle unité, selon le principe « différents par le corps, un en esprit ».
M. Makiguchi déclara aussi qu’il existait trois niveaux de vie bien distincts : (1) une vie dépendante, (2) une vie indépendante et (3) une vie créatrice de valeurs. Au sens large, une vie dépendante est une vie qui n’a ni sens ni but clairs, dans laquelle on se laisse contrôler par les circonstances. Tout au long de l’Histoire, de nombreuses religions ont exigé des gens une foi aveugle, en leur volant leur autonomie. M. Makiguchi s’opposait totalement à ce type d’obéissance irréfléchie. Il croyait au contraire que les gens devaient posséder une personnalité indépendante, ou une identité propre, et suivre la voie qui était la leur – c’est là une bonne description du deuxième niveau, une vie indépendante. Mais il allait plus loin encore, en disant que nous devrions nous hisser au niveau de vie suivant, qui consiste à respecter les autres et à agir pour leur bonheur et leur bien-être, au lieu de nous préoccuper uniquement de nous et de devenir arrogants et imbus de nous-mêmes. C’est en effet à ce niveau, lorsque notre existence est créatrice de valeurs, que la réalisation de notre bonheur et de celui des autres devient l’objectif de notre vie.
M. Makiguchi nous a encouragés à établir un réseau d’individus éveillés, qui se sont élevés par eux-mêmes, en passant de la dépendance à l’indépendance, avant d’atteindre enfin un niveau où ils contribuent aux autres – où ils décident de passer à l’action en toute autonomie et font briller leur cœur de tout son éclat. La SGI est un mouvement noble et humaniste, et ses pratiquants vivent en créant de telles valeurs. En protégeant la grande Loi de la vie, ils œuvrent infatigablement au bonheur des gens, à l’épanouissement de la culture et de la société, et à la réalisation de la paix mondiale.
(La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 1, Acep, p. 91-93.)
Les qualités d’un bon citoyen du monde
Quelles sont les conditions requises pour être un citoyen du monde ? Au cours de ces dernières décennies, j’ai eu l’honneur de rencontrer et de dialoguer avec de nombreuses personnes de divers horizons, et j’ai longuement réfléchi à la question. Il va sans dire que la citoyenneté mondiale n’est pas déterminée seulement par le nombre de langues étrangères que l’on maîtrise, ni par le nombre de pays dans lesquels on a voyagé. J’ai de nombreux amis que l’on pourrait qualifier de citoyens tout à fait ordinaires, mais qui possèdent une noblesse intérieure, et d’autres qui n’ont jamais quitté leur ville natale mais se soucient pourtant sincèrement de la paix et de la prospérité dans le monde. Je pense pouvoir déclarer en toute confiance que les éléments suivants sont indispensables pour être un citoyen du monde :
- La sagesse de comprendre que toutes les formes de vie sont reliées entre elles.
- Le courage de ne pas craindre ni nier les différences, mais de respecter et de s’efforcer de comprendre les gens issus de différentes cultures, et de faire de ces rencontres une source de développement.
- La bienveillance d’entretenir une empathie créative qui, en plus de notre environnement immédiat, s’étend à celles et à ceux qui souffrent dans des lieux éloignés.
L’interdépendance de tous les phénomènes, concept au cœur de la vision bouddhiste du monde, peut servir de fondement, à mon avis, à la manifestation concrète de ces qualités – la sagesse, le courage et la bienveillance. On trouve dans le canon bouddhique une parabole qui illustre l’interdépendance et l’interpénétration de tous les phénomènes par une magnifique métaphore visuelle. La divinité bouddhique, qui symbolise les forces naturelles qui protègent et nourrissent la vie, se déploie sous la forme d’un gigantesque filet au-dessus du palais d’Indra. À chaque nœud du filet est attaché un joyau, qui à lui seul contient et reflète l’image de tous les autres joyaux du filet. Et chacun de ces éclatants joyaux concourt à créer la magnificence de l’ensemble. Quand nous apprenons à reconnaître ce que Thoreau appelle l’« étendue infinie de nos rapports », nous pouvons retracer ces liens qui tissent une vie de soutien mutuel et découvrir ces éclatants joyaux que sont nos voisins sur cette planète. Le bouddhisme aspire à cultiver la sagesse ancrée dans ce type de résonance empathique avec toutes les formes de vie.
(La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 1, Acep, p. 95-97.)
Pour aller plus loin...
• La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 1, Acep, chapitre 5.
• Une religion de la révolution humaine, chap. 11, Acep, p. 221-240.
Ce support est à retrouver dans le numéro de Valeurs humaines du mois d'ocotbre 2021.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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