Pour la quinzaine d’étude du mois de mai, nous vous proposons pour thème une notion essentielle dans la pratique du bouddhisme : l'unité entre maître et disciple.

La voie de maître et disciple est la quintessence du bouddhisme de Nichiren. Pour surmonter chaque difficulté et suivre jusqu’au bout la voie de la révolution humaine et de kosen rufu, nous devons emprunter résolument la voie de l’unité entre maître et disciple, qui est une source d’inspiration infinie. L’histoire de la Soka Gakkai l’atteste clairement. La noble relation de maître et disciple partagée par les présidents fondateurs de la Soka Gakkai, Tsunesaburo Makiguchi et Josei Toda, ainsi que par le troisième président, Daisaku Ikeda, a ouvert la voie de kosen rufu au Japon et dans le monde.


Le maître et le disciple sont comparables à un fil et une aiguille

Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix
Nous devrions nous éveiller à l’importance de la relation de maître et disciple, en prenant conscience de notre mission personnelle dans la vie et en cherchant à la concrétiser, avec la volonté d’améliorer et de développer la société. Aujourd’hui, pour beaucoup, l’expression « maître et disciple » a une connotation féodale, surannée, mais cela ne devrait pas être le cas. En effet, que ce soit dans le domaine intellectuel ou sportif, pour maîtriser quoi que ce soit, il faut un professeur ou un entraîneur. Avoir un bon professeur ou un bon entraîneur accélère notre progression et notre apprentissage. En revanche, essayer d’apprendre par soi-même est [parfois] synonyme d’efforts perdus ou d’impasses et d’absence de progression. De la même manière, pour mener la vie la plus significative et la plus correcte possible, nous avons besoin d’un bon professeur ou entraîneur – un maître de vie –, qui puisse nous enseigner les valeurs et les comportements essentiels dans l’existence.

Cette relation n’est pas une relation hiérarchique, de supérieur à inférieur, ni une relation contractuelle fondée sur le profit et comportant une rémunération. Il s’agit du lien spirituel le plus spontané et le plus pur, établi sur la base de la confiance mutuelle, lorsque deux individus partagent un même objectif.

C’est uniquement grâce à ce lien de personne à personne que le potentiel humain se forge véritablement et peut se développer pleinement.

En ce sens, rencontrer un bon professeur, un grand maître, est la clé pour mener la meilleure vie possible. En outre, un idéal élevé ne peut se réaliser que s’il est partagé par un maître et un disciple, ce dernier poursuivant et concrétisant la vision formulée par le maître.

La relation de maître et disciple est comparable à celle qui existe entre une aiguille et un fil. Le maître est celui qui ouvre la voie et fait connaître les doctrines, tandis que le disciple poursuit l’œuvre du maître, applique, développe et concrétise ces doctrines. Le disciple doit également surpasser le maître. Ce dernier, dans le même temps, est prêt à tout donner, même sa propre vie s’il le faut, pour ses disciples. J’ai toujours déclaré qu’il était de mon devoir de ne m’épargner aucune peine, aucun effort, et d’œuvrer avec un altruisme absolu afin d’ouvrir la voie d’un avenir éclatant pour les jeunes pratiquants de notre mouvement et d’établir la scène sur laquelle ils mèneront leurs activités futures.

(La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3 « Kosen rufu et la paix mondiale » 2/2, Acep, p. 16)


L’histoire éternelle des maîtres et disciples du mouvement Soka

À l’âge de 19 ans,
je me suis dressé
dans le monde de Soka
pour contribuer à
kosen rufu,
en cohésion avec mon maître.

Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais cessé d’engager le dialogue avec mon maître. Intérieurement, je me tiens devant lui, comme le jeune homme que j’étais alors.

Kosen rufu était notre aspiration commune, notre rêve immense et notre grande aventure en tant que maître et disciple. Je l’imagine droit et sans crainte, et je lui rapporte mes victoires et lui renouvelle ma détermination d’accomplir encore de nouvelles réalisations. Conscient que j’œuvre à la concrétisation de ses idéaux, mon courage s’en trouve décuplé et une force infinie surgit de ma vie. J’éprouve une reconnaissance sans borne de pouvoir mener une vie aussi unique. La Loi merveilleuse est éternelle, de même que le serment que j’ai fait à mon maître – et c’est pourquoi, quel que soit le nombre de décennies écoulées, je resterai toujours jeune.

M. Toda disait souvent aux jeunes qui, comme lui, étaient les disciples de M. Makiguchi : « Avoir connu le président Makiguchi deviendra un jour le plus grand honneur de votre vie. »

Il considérait aussi le fait d’avoir enduré quatre persécutions aux côtés de M. Makiguchi comme une source de fierté sans pareille. [Les trois persécutions qui se sont produites avant leur incarcération sont les trois licenciements injustes de M. Makiguchi par les autorités éducatives quand il était en fonction dans les écoles élémentaires à Nishimachi, Mikasa et Shirokane.] Il parlait souvent avec ferveur de laver l’honneur de son maître, mort en prison. Les larmes aux yeux, il déclara qu’il ferait reconnaître par le monde entier la grandeur de M. Makiguchi.

Il eut non seulement la bonne fortune de rencontrer son maître, mais il put le soutenir et lutter à ses côtés à une époque d’intense adversité. Plus tard, il fit tout son possible pour faire connaître sa grandeur au monde entier. Il n’y a pas de plus grand honneur pour un disciple que d’agir ainsi. […]

On pourrait décrire le Sûtra du Lotus comme l’histoire magnifique de la victoire du maître et de ses disciples. Plus précisément, l’enseignement essentiel (soit les quatorze derniers chapitres) du Sûtra relate l’histoire des bodhisattvas sortis de la terre qui, en tant que disciples de Shakyamuni depuis le passé lointain, font le vœu de propager largement la Loi bouddhique dans l’âge mauvais qui suit la disparition du Bouddha. De plus, quand nous lisons cela à la lumière du bouddhisme de Nichiren, qui se fonde sur le message implicitement contenu dans le texte du Sûtra, l’enseignement essentiel devient l’histoire des disciples de Nichiren Daishonin, le Bouddha de l’époque de la Fin de la Loi – qui incarne le rôle du bodhisattva Pratiques-Supérieures et représente le maître fondamental. Ces disciples qui surgissent de terre poursuivent son vœu et agissent pour réaliser le kosen rufu mondial.

Nous, pratiquants de la Soka Gakkai, mouvement qui a hérité de l’intention du Bouddha, avons fait de cette histoire de la victoire du maître et du disciple une réalité, en développant largement le mouvement de kosen rufu dans 192 pays et territoires, et en surmontant toutes sortes de difficultés et d’obstacles apparus en chemin.

Les deux frères Ikegami, Munenaka et Munenaga, gardèrent une foi inébranlable dans la Loi merveilleuse, même lorsque l’aîné fut déshérité par leur père, et ils amenèrent finalement ce dernier à adopter la foi en la Loi bouddhique grâce à leurs actions empreintes d’une profonde dévotion filiale. Nichiren fait leur éloge en ces termes : « Pourrait-il y avoir dans l’avenir plus merveilleuse histoire que la vôtre ? » (Lettre aux deux frères Ikegami, Écrits, 503)

En tant que disciple de M. Toda, j’ai pu léguer à la postérité une histoire de kosen rufu immortelle et inspirante, ainsi que l’épopée éternelle et impérissable du maître et du disciple. Cette épopée n’a pas de fin. Tant que vous, mes disciples, continuerez à écrire les histoires de vos propres victoires et réalisations, l’histoire de notre victoire commune brillera éternellement et avec toujours plus d’éclat dans le monde à l’avenir.

L’histoire des maîtres et des disciples de Soka est une source d’espoir et d’intégrité, qui illuminera notre monde au xxie siècle et montrera la voie vers un avenir meilleur pour l’humanité.

(La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3 « Kosen rufu et la paix mondiale » 2/2, Acep, p. 126)


Extrait du volume 30 de La Nouvelle Révolution humaine
C’est à Karuizawa que Josei Toda passa son dernier été, en août 1957. […] Durant le dîner, la conversation entre Toda et ses jeunes disciples alla bon train. Rapidement, ils évoquèrent le roman de Toda, La Révolution humaine, écrit sous le nom de plume de Myo Goku.

[…] Le héros du roman, Gan, est un homme ordinaire qui habite dans un petit immeuble, divisé en huit appartements. Il travaille dans une imprimerie […] Dans la première moitié du roman, le personnage de Gan est complètement fictif, sa vie n’ayant presque rien en commun avec celle de Toda, mais son parcours dans la seconde moitié du roman rejoint tout à fait la vie de Toda. Ainsi, son éveil en prison à sa mission pour kosen rufu après son arrestation par les autorités correspond exactement à ce qui s’est passé. Cet événement marque le point de départ de l’esprit de la Soka Gakkai.

« Je suis un bodhisattva sorti de la terre ! » – cette déclaration de Gan est la source de la conviction de la Soka Gakkai.

La Révolution humaine […] a pour fil conducteur la révolution humaine du personnage principal, Gan, et décrit le dévouement altruiste de son maître, Josaburo Makita, qui se dressa seul pour faire largement connaître la Loi merveilleuse et réaliser kosen rufu.

Toda fit le serment de persévérer avec ardeur et de surmonter tous les obstacles, comme le héros du roman, pour venger la mémoire de son maître, mort en raison de l’oppression du gouvernement militariste japonais. La « vengeance » de Toda consista à démontrer l’intégrité et la droiture de son maître. Cela l’amena, entre autres, à lutter contre le fléau du pouvoir, qui avait provoqué la disparition prématurée de Makiguchi ainsi que la mort et la souffrance de tant d’autres personnes durant la guerre. Et cela signifiait aussi permettre à toute l’humanité de parvenir au bonheur et à la paix. Toutes ces raisons incitèrent Toda à nommer le héros de son roman Gankutsu-o [c’est-à-dire « le roi des cavernes », ce qui correspond au titre, en japonais, de l’œuvre Le Comte de Monte-Cristo, de A. Dumas], et à raconter dans ce livre, pour la postérité, la vie et la grandeur de Makiguchi.

Lorsqu’il se rendit à Karuizawa, sur l’invitation de son maître, M. Toda, et qu’il lui rapporta combien la lecture de son roman, La Révolution humaine, l’avait ému, Shin’ichi prit une profonde décision personnelle. La Révolution humaine de M. Toda s’achève quand son héros Gan […] fait en prison le vœu de consacrer sa vie à kosen rufu. Toda sortit de prison le 3 juillet 1945, après avoir hérité de l’esprit de son maître, Tsunesaburo Makiguchi, mort durant son incarcération. Shin’ichi sentit que, s’il ne racontait pas ce que M. Toda avait réalisé ensuite et ses efforts pour établir les fondations de kosen rufu au Japon, il ne transmettrait pas aux générations futures la grande œuvre de son maître et l’esprit de maître et disciple au sein du mouvement Soka, illustré par l’exemple de MM. Makiguchi et Toda. Shin’ichi parvint alors à cette prise de conscience : « Je suis le seul qui puisse faire connaître véritablement la vie de M. Toda. C’est ce qu’il attend de moi et c’est ma mission en tant que disciple. »


Pour aller plus loin

La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, « Kosen rufu et la paix mondiale », » 2/2, chapitres 25 et 26, Acep.


A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois d'avril 2021.
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