À partir du mois d’avril et jusqu’en septembre, nous vous proposons d’étudier certains points du programme de l’activité Niveau 2. Commençons par un thème de base du bouddhisme de Nichiren pour la nouvelle ère du kosen rufu mondial.

Nichiren et le Sûtra du Lotus – La réalité ultime de tous les phénomènes

Le Sûtra du Lotus, qui est composé de vingt-huit chapitres, peut être divisé en deux parties distinctes : l’enseignement théorique, qui comprend les quatorze premiers chapitres, et l’enseignement essentiel, les quatorze derniers.

La réalité ultime de tous les phénomènes est un principe exposé dans le chapitre « Moyens opportuns » du Sûtra (le 2e). Ici, « tous les phénomènes » désignent le monde qui nous entoure et ses diverses manifestations, notamment les mécanismes de la vie et de la société. L’expression « réalité ultime » désigne leur véritable aspect ou véritable nature essentielle. La réalité de tous les phénomènes que les bouddhas sont capables de percevoir, grâce à leur vaste et profonde sagesse, est appelée « réalité ultime de tous les phénomènes ».

En percevant cette réalité, nous comprenons que tous les phénomènes et leur réalité ultime ne sont pas deux éléments distincts, mais que tous les phénomènes sont en fait des manifestations ou expressions de la réalité ultime. Par conséquent, tous les phénomènes et leur réalité ultime ne peuvent jamais être divisés ou séparés.

En se fondant sur les commentaires du grand maître Tiantai, Nichiren établit clairement que « tous les phénomènes » concernent spécifiquement tous les êtres vivants dans les dix états et leurs environnements respectifs, tandis que la « réalité ultime » correspond à Nam-myoho-renge-kyo.

Dans son traité, La réalité ultime de tous les phénomènes, Nichiren déclare : « [T]ous les êtres vivants et leurs environnements dans les dix états, depuis l’enfer, qui est le plus bas, jusqu’à la bouddhéité, qui est le plus élevé, sont, sans exception, des manifestations de Myoho-renge-kyo. » (Écrits, 387) L’enseignement de la réalité ultime de tous les phénomènes révèle que non seulement les bouddhas, mais aussi les êtres dans les neuf autres états sont tous égaux parce que chacun des dix états possède l’ensemble des dix autres en lui-même et que tous les états sont fondamentalement les émanations de Nam-myoho-renge-kyo.

Avant le Sûtra du Lotus, on pensait qu’il existait un fossé quasi insurmontable entre un bouddha et une personne ordinaire ; c’est-à-dire entre l’état de bouddha et les neuf autres états.

Cependant, le Sûtra du Lotus offre une vision radicalement opposée. Si, du point de vue de leur rôle et comportement dans le monde réel, les bouddhas et les personnes ordinaires dans les neuf états se manifestent sous des formes différentes et avec des caractéristiques diverses, au niveau de la vie elle-même, ils sont fondamentalement identiques, sans distinction entre eux. Les êtres dans les neuf états, quelles que soient les conditions ou états de vie dans lesquels ils se trouvent, sont tous intrinsèquement capables d’atteindre la bouddhéité.

En se fondant sur le principe de la réalité ultime de tous les phénomènes, le Sûtra du Lotus révèle que les personnes des deux véhicules (les auditeurs et les éveillés-à-la-cause1) peuvent en fait devenir bouddhas, alors que les enseignements antérieurs au Sûtra du Lotus leur déniaient cette possibilité.

De plus, le Sûtra du Lotus garantit également que les personnes mauvaises et les femmes peuvent atteindre la bouddhéité – deux groupes de personnes auxquels on niait toute possibilité d’atteindre l’illumination dans les enseignements antérieurs.

Le chapitre « Moyens opportuns » explique ensuite que la raison ou le but de l’apparition de tous les bouddhas en ce monde est d’« ouvrir la porte de la sagesse du Bouddha » à tous les êtres vivants, de leur « montrer la sagesse du Bouddha », de les « éveiller à la sagesse du Bouddha », et de les « inciter à suivre la voie de la sagesse du Bouddha » (cf. SdL-II, 50).

En d’autres termes, le vœu fondamental de Shakyamuni et de tous les autres bouddhas est de permettre à chacun de manifester la sagesse du Bouddha, qui existe de manière inhérente dans chaque vie, et de poursuivre la pratique bouddhique en se fondant sur cette sagesse. Ils souhaitent ainsi permettre à tous d’atteindre un état de vie égal à celui des bouddhas eux-mêmes.

C’est ce qu’enseigne Shakyamuni lorsqu’il déclare, dans le Sûtra du Lotus, qu’il émet depuis longtemps le vœu de « rendre toutes personnes égales à moi-même, sans distinction entre nous » (SdL-II, 54). C’est la raison d’être essentielle du bouddhisme.


• Annexe

Extrait de La Sagesse du Sûtra du Lotus, vol. 1, Acep, p. 184

D. Ikeda. La réalité ultime de tous les phénomènes est fondamentalement un principe qui permet « la transformation du présent ». Nous ne cherchons pas à nous éloigner ou à fuir la réalité, si pleine de souffrances. Nous n’essayons pas de nous évader. La réalité ultime de tous les phénomènes est la sagesse qui permet d’éveiller tous les êtres humains à l’état de bouddha inhérent dans leur propre vie, et à construire, au cœur même de la réalité de l’existence quotidienne, un monde dans lequel prévaudront paix et sécurité.

T. Endo. Peut-être pourrions-nous dire que percevoir shoho jisso, la réalité ultime de tous les phénomènes, c’est, d’une part au niveau individuel, atteindre la bouddhéité en cette vie, et au niveau de la société dans son ensemble, créer une société en paix en se fondant sur les valeurs bouddhiques.


A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois de mars 2020.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro


  • 1. Éveillés-à-la-cause : cette expression désigne les personnes dont l’état de vie dominant est l’état d’éveil-pour-soi, qui parviennent à une compréhension autonome des vérités bouddhiques.