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L’espèce humaine est, aujourd’hui, confrontée à l’épuisement des ressources terrestres. Pour le géophysicien André Lebeau, la survie de la société humaine passe par une transformation radicale de sa structure et de ses comportements.

Partant d’un constat implacable, André Lebeau1 envisage les voies d’un avenir durable pour l'humanité, en invitant tous les acteurs sociaux à relever les nombreux défis, notamment énergétiques, démographiques et climatiques, présents et à venir. Une tâche complexe, immense, mais à laquelle il faut s’atteler d'urgence.

L’auteur constate, comme d'autres avant lui2, le paradoxe entre des problèmes posés à l’échelle mondiale et l'absence de structure internationale capable d’y répondre. C'est pourquoi, écrit-il : « La construction d’une gouvernance mondiale est une démarche nécessaire, elle est l'alternative au déclin. »3 Ce paradoxe est caractéristique de la façon dont est abordée la question climatique. L’absence de véritable réaction concertée, face à cette menace globale, dénote que les intérêts nationaux l’emportent toujours sur la conscience planétaire.

Les hommes politiques, écrit l’auteur, devraient être « instigateurs du changement », car tous les scénarios scientifiques conduisent de toute évidence à un changement nécessaire des conditions de vie. À l’instar de Daisaku Ikeda4, André Lebeau invite à créer une organisation mondiale de l’environnement, placée ou non sous l'égide de l'ONU, qui devra s’insérer dans le réseau d'organisations internationales existantes.

Autre question récurrente de l'ouvrage : celle de la démographie. La population et ses besoins ne cessent d’augmenter ; il est urgent d’agir par les biais scientifique, éducatif, social et médical, et non plus se contenter d’observer. Il n’est pas du tout sûr, selon l’auteur, que la population mondiale atteindra un pic de 9 milliards en 2050, pour diminuer ensuite.

André Lebeau nous alerte encore sur l'accroissement vertigineux des inégalités dans la possession des ressources et dans leur consommation, aussi bien entre individus d’un même pays qu’entre nations. Il semble que l'enrichissement généralisé des plus riches soit inhérent à l'économie de marché. L'auteur souligne que la crise de 2007 ne résulte pas des contraintes planétaires, mais d’un dysfonctionnement du système actuel. La conséquence en est une minorité qui tend au conservatisme pour préserver sa position privilégiée.

C'est dans l’élargissement du champ de nos connaissances et de nos savoir-faire que se trouvent de nombreuses réponses. D'abord dans le domaine des mécanismes profonds de la vie, dont le « défrichement » n’a vraiment commencé qu'avec la découverte de la structure de l'ADN en 1953, ensuite dans celui des nanosciences, et des techniques de l’information.

Le futur dépend de notre capacité à faire émerger de nouveaux comportements collectifs, conclut le géophysicien.

 


André Lebeau, Les Horizons terrestres, réflexions sur la survie de l’humanité, Gallimard, collection Le Débat, 2011, 268 pages, 17,90 euros.

A lire dans le numéro de Valeurs humaines n°18, avril 2012.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro

  • 1. Professeur honoraire au CNAM, André Lebeau a été président du Centre national d'études spatiales (CNES) et de la Société météorologique de France.
  • 2. Jacques Attalì, par exemple. voir Survivre aux Crises, Fayard, 2009.
  • 3. Les Horizons terrestres, p. 258.