Saichô (767-822), également connu sous le nom honorifique posthume de grand maître Dengyô, est le fondateur de l’école Tendai au Japon.
Dans ses écrits, Nichiren cite fréquemment Saichô, qu'il tenait en haute estime pour avoir redonné au Sûtra du Lotus une place prééminente dans le monde bouddhique. Il se considérait de la même lignée spirituelle de maîtres et disciples que lui.1
Au Japon, pendant les deux cent quarante et quelques années écoulées depuis l’introduction du bouddhisme, en provenance [du royaume coréen] de Paekche, sous le règne de l’empereur Kimmei et jusqu’au règne de l’empereur Kammu, seuls les enseignements du Hinayana et du Mahayana provisoire ont été propagés. Le Sûtra du Lotus avait déjà été introduit mais son véritable sens n’avait pas encore été clarifié. (...)
Sous le règne de l’empereur Kammu, le grand maître Dengyô apparut. Il révéla le véritable sens du Sûtra du Lotus en réfutant les enseignements du Hinayana et du Mahayana provisoire. A dater de ce jour, les opinions divergentes cessèrent de prévaloir et dans le pays entier, chacun accorda pleinement foi au Sûtra du Lotus. Même les lettrés des Six Ecoles du bouddhisme ancien qui étudiaient des enseignement du Mahayana comme du Hinayana, tels que les sûtras Kegon, Hannya, Jimmitsu et Agon considéraient le Sûtra du Lotus comme l’enseignement suprême.
L’enseignement, les capacités, le temps et le pays
La filiation de Tiantai Zhiyi au Japon
Né en 767 dans la province d'Ômi, Saichô s'initie dès douze ans au temple local sous la conduite du moine Gyohyo (722-797). Novice à quatorze ans, il est ordonné à dix-neuf ans au Tôdai-ji de Nara. Peu après, il se retire sur les hauteurs du mont Hiei. Il se consacre à la pratique du Zen et étudie le Kegon. Il y découvre également les premiers écrits Tendai apportés au Japon par Ganjin (688-763) qui confirment sa croyance dans le Sûtra du Lotus, et pour lesquels il se passionne.
En 802, Saichô est invité à Kyoto à donner des cours au Takaosan-ji. Il y expose la doctrine de Tiantai Zhiyi à des moines éminents des écoles Kegon, Sanron, Hosso et autres, qui représentent les sept temples principaux de Nara. Cet événement lui vaut une certaine renommée, ainsi que le soutien de l'empereur Kammu, et rehausse grandement le prestige de la doctrine de Zhiyi.
Plus tard, en 804, il se rend durant huit mois dans la Chine des Tang, accompagné de son disciple Gishin, lequel parlait chinois, pour ramener les enseignements du Tiantai. Il voyage jusqu'au mont Tiantai, où il est initié par Tao-Sui (7e patriarche) aux méthodes de méditation, à la discipline ainsi qu'à l'étude des sûtras. Il glane et copie de nombreux textes chinois avec l'intention de les ramener au Japon. Peu avant son départ, il rencontre Shun-Hsiao, un maître de l'ésotérisme Shingon qui lui confère une initiation et lui confie également ses enseignements.
De retour au pays, il fonde l'école Tendai, qu'il installe au temple Enryaku-ji, sur le mont Hiei. Des religieux s'y relaient pour réciter le Sûtra du Lotus. En butte à l'opposition des écoles de Nara, Saichô s'attache à réfuter les interprétations de ces écoles plus anciennes. Son débat suivi avec Tokuichi, moine de l'école Hosso, est particulièrement célèbre.
Il rencontre à cette époque l’autre célébrité bouddhique de son époque, Kukai, qui était également parti pour la Chine dans la même mission que lui (ils n’avaient pas voyagé ensemble toutefois). Les deux moines nouent tout d’abord des relations cordiales qui se gâteront assez rapidement. Il voyage ensuite dans le sud puis dans l’est du Japon où il fonde des temples pour la récitation du Sûtra du Lotus et des lieux d’asile.
A cette époque, tous les moines sont ordonnés exclusivement selon les préceptes Hinayana. Saichô fait tout son possible pour obtenir la permission impériale de construire un centre d'ordination Mahayana sur le Mont Hiei, fondé sur l'enseignement théorique du Sûtra du Lotus, malgré l'opposition marquée des écoles de Nara.
Vers la fin de sa vie, il compose le Traité sur la clarification des préceptes (Kenkaïron), dans lequel il démontre la véracité des préceptes du Mahayana, et le présente à l'empereur Saga. Le traité est rejeté par les six écoles de Nara. Une supplique est alors rédigée, dans laquelle il résume les points majeurs de son ouvrage et déplore le fait que ses moines, devant passer par l'ordination Hinayana, ont tendance à s'écarter du chemin du Tendai. Sept jours après sa mort, la permission impériale est accordée à son école. La plate-forme d'ordination selon les préceptes du Mahayana est achevée en 827 par son successeur immédiat et fidèle disciple, Gishin.
Ecrits majeurs
- Shogon Jikkyo (817)
- Règles pour les moines de l'école de la montagne, Sange Gakusho Shiki (818-819)
- Essai sur la protection du pays, Shugo Kokkai Sho (818)
- Clarification des préceptes du Mahayana, Kenkairon (820)
- 1. ↑ Par exemple, l'écrit Le Daimoku du Sûtra du Lotus commence par les mots : « Nichiren, disciple du grand maître Dengyô ». Et dans Sur les prédictions du Bouddha, on lit : « Le grand maître T'ien-t'ai pratiqua en accord avec la doctrine de Shakyamuni et fit rayonner l'école du Sûtra du Lotus à travers toute la Chine. Dengyô et ses disciples reçurent l'enseignement transmis par T'ien-tai et le propagèrent partout au Japon. Nichiren, de la province d'Awa, a hérité du bouddhisme dans la lignée de ces trois maîtres et propagé le Sûtra du Lotus dans les Derniers Jours de la Loi. A ces trois maîtres du bouddhisme s'en ajoute donc un autre. Ensemble, il faudrait les appeler “les Quatre Maîtres des Trois Pays”. »