Le Dalaï Lama, conjointement avec d’autres maîtres et organisations bouddhistes, partagent leurs appels à la paix et à la résilience. Cette tribune est parue dans le magazine bouddhiste américain Tricycle, le 3 mars 2022.
Alors que l’invasion russe de l’Ukraine se poursuit, les dirigeants bouddhistes du monde entier lancent des appels à la paix et des messages de soutien au peuple ukrainien et à ceux qui observent de loin et se sentent impuissants mais désireux d’agir. Le nombre croissant de morts, civils et militaires, est inconnu mais les premiers rapports estiment à plus de 230 le nombre de civils morts jusqu’à présent et à plus de 525 le nombre de civils blessés. Bien que les rapports russes et ukrainiens sur les morts et les blessés militaires diffèrent, les chiffres se comptent centaines et milliers. Le 2 mars, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a signalé qu’un million de réfugiés avaient fui l’Ukraine. Les maîtres bouddhistes et des organisations se sont exprimées par des déclarations publiques officielles ou des plaidoyers sincères sur les réseaux sociaux.
Le Dalaï Lama a publié une déclaration le 28 février dans laquelle il qualifie la guerre de “dépassée” et affirme que la non-violence est la voie à suivre.
Notre monde est devenu si interdépendant qu’un conflit violent entre deux pays a inévitablement des répercussions sur le reste du monde. La guerre est dépassée - la non-violence est la seule voie à suivre. Nous devons développer un sentiment d’unité de l’humanité en considérant les autres êtres humains comme des frères et sœurs. C’est ainsi que nous construirons un monde plus pacifique.
Le 2 mars, la Fondation bouddhiste Tzu Chi, une organisation humanitaire mondiale basée à Taïwan, a commencé à collecter des fonds pour les réfugiés ukrainiens qui fuient leur pays pour la Pologne. Quelques jours auparavant, la fondatrice de Tzu Chi, Maître Cheng Yen, avait exprimé son inquiétude pour les personnes contraintes de quitter leur foyer :
En les regardant fuir – certains portant de jeunes enfants sur leur dos, les tenant par la main, les plus âgés portant les plus jeunes – de grandes familles s’échappent en masse. Nous ne savons pas quelle est leur destination.
Au siège de la Fondation, les maîtres du dharma récitent également en ce moment une partie du Sûtra du Lotus appelée “La Porte universelle”*, qui doit apporter paix et protection. Vous trouverez plus d’informations, y compris comment vous pouvez soutenir les efforts de la fondation, ici.
Roshi Joan Halifax a écrit pour Lion’s Roar que dès lors que nous reconnaitrons notre interdépendance, nous serons poussés à agir de manière bienveillante.
Nous pouvons cultiver la paix en transformant nos propres vies. Et, en même temps, nous devons œuvrer activement pour la non-violence à l’égard de tous et pour un dialogue profond et véritable dans le respect et l’appréciation des différences et de la pluralité. Et nous devons prendre nos responsabilités. Nous devons nous demander quelle est notre part et celle de notre pays dans l’alimentation du démon de la haine et de la violence ?
Dans un e-mail, le professeur de méditation Oren Jay Sofer nous rappelle également notre interconnectivité et que soulager less souffrance est une expression de compassion. Mais il demande :
Comment pouvons-nous utiliser notre énergie avec sagesse afin d’avoir les ressources intérieures à offrir quand l’occasion se présente ?
Il proposera une conférence du dharma ce dimanche intitulée “Cultiver une énergie empreinte de sagesse.”
Toujours pour Lion’s Roar, Trudy Goodman nous rappelle le pouvoir de la sagesse bouddhique et de la médiation dans des moments comme ceux-ci.
Les pratiques destinées à cultiver la pleine conscience et la compassion ouvrent le cadre inévitablement étroit d’une perspective individuelle à l’immensité de paix et du bien-être, un espace où tous les contraires peuvent reposer dans l’étreinte infiniment tendre d’un cœur vaste et ouvert. Apprendre à être présent avec tout – de l’horreur de la haine à la merveille de la beauté – est une libération immense.
Jetsunma Tenzin Palmo, fondatrice du Dongyu Gatsal Ling Nunnery dans l’Himachal Pradesh, a exprimé sa sympathie et son soutien au peuple ukrainien, et a invoqué la responsabilité du monde entier pour aider les Ukrainiens à trouver la force.
La souffrance des gens dépasse vraiment l’imagination ! Cependant, avec la souffrance vient la force. J’espère que les gens comptent sur leur bonté innée, j’espère que les gens peuvent s’entraider et être solidaires les uns des autres dans cette situation très difficile… C’est le moment de montrer sa force intérieure, pas seulement en tant que membre d’une religion ou d’un groupe ethnique, mais de montrer votre solidarité en tant qu’être humain.
Religions for Peace, un réseau mondial de dirigeants religieux, a publié une déclaration offrant des prières pour les citoyens ukrainiens et russes et rejetant catégoriquement la violence pour quelque motif que ce soit.
Nous prions pour les citoyens d’Ukraine et de Russie, qui, sans que ce soit de leur faute, vont maintenant souffrir spirituellement et matériellement pour des décennies à venir. La violence engendre la violence, et ils auront besoin de beaucoup de soutien pour se remettre de la peur, de l’insécurité, de l’amertume et des traumatismes qui suivent inévitablement un conflit violent.
Dans une déclaration du 28 février, Minoru Harada, président de la Soka Gakkai, a appelé à l’arrêt immédiat de toute violence, en déclarant :
J’espère que tous les pays concernés feront les plus grands efforts possibles pour empêcher la situation de s’aggraver. En tant que bouddhiste, avec les pratiquants de la Soka Gakkai du monde entier, je prie avec ferveur pour la fin la plus rapide possible du conflit et un retour à la paix et à la sécurité pour tous.
Le 3 mars, Yongey Mingyur Rinpoché a envoyé un message nous demandant de nous souvenir de notre interdépendance et nous rappelant de ne pas nous détourner de la souffrance.
Nous prions pour les peuples ukrainien et russe et pour toute l’Europe et le monde. Lorsque nous ouvrons nos cœurs à cette souffrance, nous devrions le faire avec beaucoup de compassion et de sagesse, en nous rappelant notre bonté fondamentale, notre interdépendance et notre interconnexion. Chaque partie du monde, à l’image des parties du corps humain, doit travailler en harmonie avec les autres afin de créer une paix durable. La sagesse nous dit de mettre de côté toutes les pensées de séparation, toutes les formes de polarisation et de nous rassembler dans l’amour et la compassion pour nous soutenir mutuellement dans la prière, la méditation et dans toutes les actions individuelles ou collectives possibles, afin de mettre un terme à ce conflit. Je vous demande de le faire le cœur grand ouvert, sans vous détourner de cette souffrance.
Bouddhistes et non-bouddhistes recherchent et partagent également la sagesse du militant pour la paix Thich Nhat Hanh, décédé le 22 janvier. Le Village des Pruniers, le sangha du maître zen vietnamien, a récemment partagé sur Twitter :
Par la façon dont nous vivons notre vie quotidienne, nous contribuons à la paix ou à la guerre. C’est la pleine conscience qui peut me dire que je vais dans le sens de la guerre et c’est l’énergie de la pleine conscience qui peut m’aider à faire un virage et à aller dans le sens de la paix.
Traduit du magazine Tricycle : The Buddhist Review (tricycle.org) : Buddhist Leaders Respond to the Crisis in Ukraine, mars 2022.
- NdT * ↑ Le chapitre s’intitule “La porte universelle du bodhisattva Sensible-aux-sons-du-monde” (le 25e) du Sûtra du Lotus.