Le bouddhisme de Nichiren est une voie spirituelle visant à l’autonomie et à la responsabilité personnelle. En enseignant que la détermination intérieure d’un seul individu peut tout changer, il donne son expression ultime au potentiel et à la dignité inhérente à la vie humaine.
Selon Nichiren Daishonin, le Sûtra du Lotus est l’enseignement qui exprime le mieux la véritable intention du Bouddha, telle qu’il l’exprime par ces mots :
… j’ai fait le vœu de rendre tous les êtres humains égaux à moi, sans aucune distinction entre eux et moi.
Ainsi, le but du Bouddha Shakyamuni, à travers ses nombreux enseignements, était de permettre à chaque personne, sans exception, de s’éveiller à son plein potentiel humain, ou nature de bouddha. Et le Sûtra du Lotus est le point culminant de cette démarche.
L'accès à l'éveil pour tous, sans exception
En effet, dans de nombreux sûtras antérieurs au Sûtra du Lotus, certaines catégories de personnes étaient rejetées car considérées comme étant incapables d'atteindre la bouddhéité, notamment : les personnes des deux véhicules, les personnes malfaisantes, et les femmes.
• Les personnes des deux véhicules
Les deux véhicules désignent, parmi les dix états de vie, les états d'étude et d'éveil pour soi. Les personnes des deux véhicules sont celles dont l'état de vie « dominant » est marqué par la recherche d'une réalisation personnelle à travers la compréhension intellectuelle ou la contemplation. Ce sont, en eux-mêmes, des états de vie très nobles. Pourtant le Bouddha Shakyamuni y décela le germe de l'égocentrisme, qui constitue un frein sur la voie bouddhique.
En termes contemporains, on peut dire que ce sont des personnes que leurs grandes capacités ont rendues arrogantes. Dans de nombreux sûtras antérieurs aux Sûtra du Lotus, de telles personnes étaient condamnées pour leur attachement à leur supériorité intellectuelle et à leurs pratiques auto-centrées. Le Bouddha disait d’elles qu’en éradiquant leurs désirs, elles avaient « brûlé les graines de la bouddhéité ». Toutefois, dans les premiers chapitres du Sûtra, le Bouddha leur prédit qu’elles atteindront l’éveil à l’avenir, provoquant la stupéfaction de l’assemblée du Sûtra.
En effet, la profondeur de l’enseignement du Sûtra du Lotus éveille en elles l’humilité et la compassion envers les autres. Elles réalisent que tous les êtres humains sont inextricablement liés à leur propre quête de l’illumination, et que, si l’on désire réaliser l’éveil soi-même, il est impératif d’œuvrer au bonheur d’autrui.
• Les personnes malfaisantes
Devadatta était le jeune cousin de Shakyamuni et comptait parmi ses plus proches disciples avant que son désir de gloire personnelle le conduise à se retourner contre ce dernier. Rongé par la haine et la jalousie, ses actions malfaisantes furent nombreuses : il intrigua avec le prince Ajatashatru, le poussant à assassiner son père, le roi Bimbisara, protecteur de Shakyamuni ; il tenta lui-même à plusieurs reprises de tuer le Bouddha ; enfin, il complota pour semer la division au sein de l'Ordre bouddhique, espérant ainsi se rallier ses disciples.
Le personnage de Devadatta en est venu à incarner l'orgueil, la perfidie et la défaite sur le plan humain. Pourtant, alors que tout le monde croyait une telle personne condamnée à jamais, dans le Sûtra du Lotus Shakyamuni fait l'étonnante prédiction de son éveil futur. Il démontre ainsi que, si même un individu aussi malfaisant que Devadatta peut parvenir au bonheur, alors tout le monde le peut.
• Les femmes
Le Sûtra du Lotus est le premier à exposer le principe de l'illumination des femmes, à travers l'exemple de la fille du Roi-dragon. Ce personnage apparaît parmi l'assemblée de la Cérémonie dans les Airs, et vient dissiper les doutes des auditeurs qui ne croient pas qu’une femme puisse atteindre la bouddhéité.
Elle rend hommage au Bouddha et témoigne, avec sincérité et courage, de la réalité de son illumination en ces termes : « Ayant entendu ses enseignements, j'ai atteint la bodhi – le Bouddha seul peut en témoigner. Pour délivrer les êtres vivants de leurs souffrances, je déploie les doctrines du Grand Véhicule. »
En effet, les auditeurs sont attachés au principe des Cinq Obstacles, qui prétend que les femmes ne peuvent pas atteindre certains stades, notamment celui de la bouddhéité. Mais, pour toute réponse à ces objections, la fille du Roi-dragon se tourne vers le Bouddha et lui offre un précieux joyau, « d'une valeur égale à celle d'un Monde au milliard de plans », qu'il accepte aussitôt. Par ce geste, elle renverse définitivement les préjugés misogynes à son égard et affirme l’égalité des hommes et des femmes quant à leur capacité à parvenir à l’éveil.
Un état « naturel »
De plus, dans ce sûtra, Shakyamuni révèle qu’il a, en réalité, atteint l’illumination dans un passé infiniment lointain – et non pas dans son existence présente en Inde, comme le croyaient tous ses disciples. Cela illustre, à travers son propre exemple, que l’atteinte de la bouddhéité est inhérente à la vie humaine, de toute éternité. Atteindre la bouddhéité ne signifie pas devenir quelqu’un ou quelque chose que nous ne sommes déjà, mais révéler l’état inhérent ou « naturel » qui existe en dormance à l’intérieur de nous-même.
Le thème central du Sûtra du Lotus est la possibilité de l'atteinte de la bouddhéité pour toute personne. Tous les êtres humains, sans exception, possèdent l’état de bouddha. Tel est le message d’espoir du Sûtra du Lotus qui encourage chacun à avoir foi en sa propre capacité de sagesse, de courage et de compassion inhérente.