Chaque année, Daisaku Ikeda adresse une proposition pour la paix aux Nations Unies. Il y développe réflexions et projets concrets afin de répondre aux grandes problématiques de notre époque. Nous vous proposons d'étudier un extrait tiré de la proposition 2015.
« (...) Aucun individu ne jugerait acceptable la violence ou l’oppression contre sa famille ou lui-même, qui serait fondée sur un préjugé. Mais, lorsque cette violence est dirigée contre d’autres groupes ou populations ethniques, il n’est pas rare que les gens la trouvent justifiée par quelque faute ou manquement de la part des victimes.
Afin d’empêcher l’aggravation de telles situations, le premier pas consiste à développer les moyens de se retrouver face à face avec l’autre, en étant libéré de ce type de psychologie collective. À cette fin, l’épisode du Sûtra de l’enseignement de Vimalakirti décrivant les échanges entre Shariputra, un disciple de Shakyamuni, et une divinité féminine est tout à fait instructif.
Shakyamuni invita son disciple Manjushri à se rendre chez le croyant séculier Vimalakirti, qui souffrait d’une maladie. Un autre de ses principaux disciples, Shariputra, décida de l’accompagner. La visite fut l’occasion d’un dialogue profond entre Manjushri et Vimalakirti, à propos des enseignements du Bouddha.
Au sommet de ce dialogue, une déesse, présente parmi les auditeurs, orna chaque participant d’une couronne de fleurs en signe de joie. En déclarant que de tels pétales de fleurs ne convenaient pas à un pratiquant de la Voie, Shariputra chercha à s’en débarrasser, mais ils restèrent accrochés. Voyant cela, la déesse dit : « Les fleurs n’ont pas de conscience discriminatoire ; pourtant, vous établissez des différences entre les gens », soulignant ainsi les attachements qui retenaient Shariputra.
Ce dernier reconnut le bien-fondé de ces paroles. Tandis qu’il continuait à lui poser des questions, la déesse utilisa ses pouvoirs magiques pour faire prendre à Shariputra l’apparence de son propre corps, tandis qu’elle-même prenait l’apparence du sien. Elle continua ainsi à montrer à Shariputra, déconcerté, la profondeur de sa conscience discriminatoire, puis elle reprit son apparence et lui rendit la sienne. À travers cette étonnante suite d’événements, Shariputra comprit que nous ne devons pas laisser les apparences extérieures dicter notre cœur et que toute chose n’a ni forme ni caractéristiques figées.
Ce qui me semble significatif ici est comment cette expérience d’échanges d’apparences a permis à Shariputra de se rendre compte avec force du regard discriminant qu’il portait sur cette divinité féminine et, ainsi, de prendre profondément conscience de son erreur. »
(D. Ikeda, D&E-avril 2015)
Boîte à question
- Comment votre pratique vous a-t'elle permis de faire preuve de plus d'empathie et de compassion envers autrui ?
- Racontez un vécu où le fait de comprendre l'autre vous a permis de transformer la situation.
- Comment, en vous mettant à la place de l'autre, vous avez pu vous remettre en question et améliorer votre attitude ?
Pour aller plus loin...
- L’empathie et notre humanité commune
Extrait du livre Une voie pour la paix, Daisaku Ikeda et Nur Yalman, D&E-mars 2014, p. 43. - Le pouvoir de l'empathie
D. Ikeda, D&E-mai 2006, p. 99. - Pratiquer pour les soucis des autres comme si c’était les nôtres
D. Ikeda, La Nouvelle Révolution humaine, vol. 7, p. 123. - La parabole des herbes médicinales et des deux sortes d'arbres
Valeurs humaines, avril 2015, p. 22.
Les fleurs n’ont pas de conscience discriminatoire ; pourtant, vous établissez des différences entre les gens.
A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois d'avril 2015.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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