Pour la quinzaine d’étude du mois de mai, nous vous proposons d’aborder la question du sens de la vie à travers l’histoire des quatre rencontres illustrant les quatre souffrances inhérentes à la vie humaine.
Shakyamuni était le fils du roi Shuddhodana et de la Reine Maya, souverains des Shakya. Il naquit dans les Jardins de Lumbini alors que sa mère se rendait de Kapilavastu chez ses parents. On pense que Maya mourut une semaine après la naissance de Shakyamuni (...)
Il vivait dans une opulence et un confort absolus. Mais c’était un jeune homme extraordinairement sensible et peu à peu, il fut gagné par un profond tourment spirituel. Il marchait souvent au bord de l’étang qui se trouvait dans les jardins du palais, absorbé dans une profonde réflexion philosophique.
« Si jeunes et si sains que nous puissions être, pensait-il, la vieillesse, la maladie et la mort nous frapperont inéluctablement. C’est une destinée à laquelle nul d’entre nous ne saurait échapper. » Il discernait les effets du vieillissement, de la maladie et de la mort dans sa propre vie et les analysait minutieusement. « Pourtant, les gens considèrent la vieillesse, la maladie et la mort des autres avec répulsion et dérision, songeait-il. Pourquoi ? C’est inepte – ce n’est sûrement pas l’attitude à adopter à l’égard de la vie. »
Un profond dilemme
De telles pensées le hantaient, annihilant toute la fierté et la joie qu’il aurait pu tirer de sa jeunesse et de sa bonne santé. Il était profondément sensible aux préjugés et à l’arrogance qui habitent le cœur humain et amènent les gens à considérer la vieillesse, la maladie et la mort comme des problèmes qui ne concernent que les autres.
Il en conclut finalement qu’il ne saurait exister de véritable bonheur dans la vie sans résoudre ces questions inéluctables, inhérentes à la condition humaine. Ce fut alors le début d’une longue et cruelle interrogation pour le jeune prince : « En qualité d’héritier du trône, je suis censé devenir roi, un dirigeant de la société, se disait-il, mais ne devrais-je pas plutôt quitter le monde séculier et devenir un sage afin de pouvoir apporter une réponse à ces questions et ouvrir ainsi une grande voie spirituelle pour tout le genre humain ? »
Les quatre rencontres
La tradition bouddhique veut qu’une série d’épisodes appelés « les quatre rencontres » ait été à l’origine de la décision de Shakyamuni de renoncer à la vie séculière.
Un jour, en s’aventurant à l’extérieur du palais par la porte Est pour une sortie, il rencontra un vieillard ; en une autre occasion, en passant par la porte Sud, il croisa un malade et une autre fois encore, en sortant par la porte Ouest, il aperçut un cadavre.
Puis un autre jour, en quittant le palais par la porte Nord, il vit passer un ascète. Cette rencontre éveilla une résonance profonde en lui et il puisa le courage nécessaire pour renoncer à son titre princier afin de partir en quête de l’Éveil.
Ce récit des « quatre rencontres » est probablement une fiction ajoutée à une époque ultérieure afin d’enjoliver les faits. Néanmoins, selon le canon bouddhique, il ne fait aucun doute que la motivation pour laquelle Shakyamuni abandonna la vie séculière était intimement liée à son désir de trouver un moyen de transcender ces souffrances fondamentales de l’être humain que sont la vieillesse, la maladie et la mort.
Le roi Shuddhodana pressentait que son fils et héritier envisageait d’entrer dans la vie religieuse. Selon une source, pour l’empêcher de quitter le palais, il aurait arrangé le mariage de Shakyamuni avec la belle Yashodhara. Ils eurent un fils, Rahula, qui devint plus tard l’un de ses dix principaux disciples, connu comme le plus accompli dans la pratique discrète. Shakyamuni s’étant marié et ayant donné naissance à un héritier, aux yeux de la plupart des membres de son entourage, il allait désormais s’installer.
Mais les tourments spirituels du jeune prince n’avaient pas disparu pour autant. En effet, plus il songeait à la responsabilité qui était la sienne en qualité d’héritier du trône, plus sa souffrance s’intensifiait. Il se disait : « Les hommes se combattent, s’entretuent et tentent de dominer par la force militaire. Pourtant, même la puissance militaire la plus imposante sera anéantie tôt ou tard par les mêmes moyens qu’elle aura utilisés pour conquérir les autres. Nul ne peut échapper aux souffrances de la condition humaine – la vieillesse, la maladie et la mort. Il est assurément plus important de rechercher le chemin permettant de s’émanciper de ces souffrances. »
En quête du véritable humanisme
Plutôt que de vivre dans un monde dominé par les exploits militaires, il rechercha le véritable chemin de l’humanisme. Il décida donc de renoncer à sa vie princière et de se lancer à la recherche du royaume éternel de l’esprit humain.
Lorsqu’il fit part de sa décision à Shuddhodana, le roi fut profondément bouleversé. Il pensait :« Ce que je redoutais depuis toujours est finalement arrivé. Il est mon unique héritier. Ne lui ai-je donc pas offert tout ce qu’il y avait de mieux ? Pourquoi est-il incapable de s’en satisfaire ? » Le roi Shuddhodana était à la fois affligé du départ de son fils et furieux contre celui-ci.
Il prit immédiatement des dispositions afin d’empêcher Shakyamuni de quitter le palais pour mener une vie religieuse. Il lui offrit un luxe et un confort encore accrus et ordonna à ses serviteurs de combler le prince de divertissements et d’attentions. Mais Shakyamuni demeurait inflexible. Finalement, le roi interdit formellement à son fils de franchir les murs du palais.
Mais rien n’aurait pu éteindre la flamme de l’esprit de recherche de Shakyamuni.
(La Nouvelle Révolution humaine, vol. 3, Acep, pp. 137-210)
Pour aller plus loin
- D. Ikeda, La Nouvelle Révolution humaine, chap. 3, La vie de Shakyamuni, vol. 3, Acep.
- D. Ikeda, La Sagesse pour le bonheur et la paix, Le bonheur, vol. 1, Acep, pp. 195-199, 205-206.
A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois d'avril 2019.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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