Pour la quinzaine d’étude du mois d’octobre, nous vous proposons d’aborder le thème de la transmission du bouddhisme consistant à « semer les graines du bonheur », sur la base d’un extrait d’un écrit de Nichiren Daishonin.
Extrait d’un écrit de Nichiren
C’est pourquoi les moines et les laïcs qui deviennent disciples de Nichiren devraient s’éveiller au profond lien karmique qu’ils partagent avec lui et propager le Sûtra du Lotus en suivant son exemple. Être connu comme un pratiquant du Sûtra du Lotus est une destinée amère mais cependant inévitable.
Nichiren, Lettre à Jakunichi-bo - Écrits, 1004
Extrait d'un commentaire de Daisaku Ikeda
« La transmission est le cœur même de la religion »
Ce passage est tiré de la Lettre à Jakunichi-bo. Nichiren y exhorte ses disciples à s’éveiller à leur mission en tant que pratiquants du Sûtra du Lotus − c’est-à-dire en tant que bodhisattvas sortis de la terre1 − et à transmettre le Sûtra du Lotus, en suivant son exemple. (…) Transmettre le bouddhisme à l’époque de la Fin de la Loi2 est une grande et noble entreprise qui permet de transformer les trois poisons (avidité, colère et ignorance3) et de transformer le destin de l’humanité. Au printemps 1939, M. Makiguchi se rendit à Yame, dans la préfecture de Fukuoka, sur l’île de Kyushu, pour partager les enseignements de Nichiren avec la belle-sœur d’un pratiquant de Tokyo. Cette femme décida d’adhérer à cette philosophie et, dès le lendemain, M. Makiguchi lui dit : « Mettons donc notre foi en pratique. » Et il partit aussitôt avec cette femme et son mari – qui avait décidé lui aussi de commencer à pratiquer – chez un couple qu’ils connaissaient, à Unzen, dans la proche préfecture de Nagasaki, pour leur présenter le bouddhisme de Nichiren. M. Makiguchi déclara alors, d’un ton résolu : « La transmission est au cœur même de la religion. » Ces mots sont devenus le point de départ du mouvement de kosen rufu à Kyushu4. Ce n’est qu’en mettant les enseignements bouddhiques en pratique que nous pouvons expérimenter leur véritable grandeur.
Vivre le chapitre « Exhortations à la persévérance » du Sûtra du Lotus
Dans la Lettre à Jakunichi-bo, avant le passage étudié ici, Nichiren déclare : « Nichiren est, au Japon, le pratiquant suprême du Sûtra du Lotus. Dans ce pays, il est le seul à avoir vécu le verset en vingt lignes5 du chapitre “Exhortation à la persévérance”. » (Écrits, 1003) Le verset dont il est question conclut le chapitre « Exhortation à la persévérance » du Sûtra du Lotus (le 13e). Il y est dit que la persécution des trois puissants ennemis − les laïcs arrogants, les moines arrogants et les faux sages arrogants − s’abattra sur ceux qui transmettent la Loi merveilleuse dans l’époque mauvaise suivant la disparition du Bouddha. Dans cette lettre, Nichiren dit également qu’il s’est dressé avec l’esprit d’accomplir la mission du bodhisattva Pratiques-Supérieures6, et il exhorta la population du Japon à accepter et à garder le Sûtra du Lotus. Il ajouta qu’il ne s’était jamais relâché dans ses efforts, même après son installation au mont Minobu (Écrits, 1004).
Dans le passage que nous étudions, il invite ses disciples à suivre son exemple, en transmettant le Sûtra du Lotus comme il le fait et en luttant constamment pour mener les êtres humains à l’illumination. (…) Nous avons pris l’engagement de partager le bouddhisme avec tous ceux auxquels nous sommes liés, en parfait accord avec Nichiren qui nous a donné comme instruction de « propager le Sûtra du Lotus en suivant son exemple » (Écrits, 1004). Nés en ce monde, nous nous consacrons au bonheur des autres et menons des vies constructives, gagnant ainsi l’éloge d’innombrables personnes en raison des efforts que nous déployons pour les aider. Il n’y a pas de meilleur mode de vie pour un être humain. Nos efforts pour semer les graines de la bouddhéité produisent parfois des résultats rapides mais, d’autres fois, il faut du temps avant que les résultats apparaissent. Cependant, les bienfaits sont les mêmes dans l’un et l’autre cas. Que ceux auxquels nous nous adressons commencent ou non à pratiquer immédiatement, l’important est de faire de notre mieux pour partager le bouddhisme, avec sincérité et confiance, et de faire des efforts constants, de tout notre cœur, pour aider les autres à comprendre les enseignements. Si nous y parvenons, les graines de la bouddhéité que nous semons dans leur cœur finiront à coup sûr par germer et par pousser.
D. Ikeda, Foi, Pratique et Étude, Acep, p.36-40.
A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois de septembre 2018.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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- 1. ↑ Innombrables bodhisattvas qui apparaissent dans le chapitre « Surgir de terre » (le 15e) du Sûtra du Lotus. Shakyamuni leur confie la tâche de propager la Loi bouddhique après sa disparition.
- 2. ↑ Voir Lexique.
- 3. ↑ Les trois poisons : avidité, colère et ignorance. Maux fondamentaux inhérents à la vie qui engendrent la souffrance humaine. Dans le célèbre Traité de la grande perfection de sagesse attribué à Nagarjuna, les trois poisons sont considérés comme la source de toutes les illusions et de tous les désirs terrestres. On les appelle les trois poisons parce qu’ils polluent la vie des êtres humains et les empêchent de tourner leur cœur et leur esprit vers le bien.
- 4. ↑ Kyushu est l’île la plus méridionale des quatre principales îles du Japon.
- 5. ↑ Verset en vingt lignes : conclusion du chapitre « Exhortation à la persévérance » du Sûtra du Lotus (le 13e) dans lequel des multitudes de bodhisattvas font le vœu devant le bouddha Shakyamuni de propager le Sûtra dans l’âge mauvais suivant sa disparition, endurant ainsi les attaques des trois puissants ennemis : les laïcs arrogants, les moines arrogants et les faux sages arrogants. On appelle cela le verset en vingt lignes parce que la version chinoise comporte vingt lignes.
- 6. ↑ Le bodhisattva Pratiques-Supérieures (jpn. Jogyo) est le guide des bodhisattvas sortis de la terre.