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Connaissez-vous la Communication NonViolente, ou CNV ? Cette méthode de communication vise à créer des relations fondées sur l’empathie, la compassion, la coopération et le respect de soi et des autres. Elle permet de désamorcer les situations de conflits grâce au pouvoir du dialogue.

La paix commence dans nos interactions avec notre entourage – notre famille, nos voisins, nos collègues de travail –, mais aussi avec les personnes qui ne nous ressemblent pas. Nos sociétés sont plurielles, et cette diversité génère parfois de l’incompréhension, voire du conflit. Or, le conflit n’est pas nécessairement violent. Une des idées clés de la CNV, c’est de faire la distinction entre conflit et violence : l’un est une réalité inévitable de la vie (et pas nécessairement quelque chose de négatif), l’autre est une réaction impulsive destructive, qu’il est tout à fait possible de désapprendre.

Comme l’écrit le fondateur de la CNV, Marshall B. Rosenberg :

La violence est l’expression tragique de besoins non satisfaits.
Marshall B. Rosenberg


La CNV propose donc un processus de communication basé sur quatre étapes ou principes fondamentaux : l'observation sans jugement, l'expression de ses sentiments, l'identification de ses besoins et la formulation de demandes claires. Cette méthode vise à communiquer avec davantage d’empathie envers soi-même et les autres, reconnaissant que chaque individu a un point de vue qui lui est propre, et des sentiments et des besoins valables.

Les origines de la CNV

Cette méthode a été développée dans les années 60 par Marshall B. Rosenberg, un psychologue américain. Il s'est appuyé sur les travaux de Carl Rogers, qui mettait l'accent sur l'empathie et l'acceptation inconditionnelle comme éléments clés du processus thérapeutique.

De là, Marshall B. Rosenberg a élaboré un processus de communication qui pourrait s’appliquer hors du cadre clinique. Il a identifié les schémas de langage qui contribuent à une communication violente, tels que les jugements et critiques, les étiquettes, les accusations, le chantage et les demandes coercitives. Il a ensuite créé un modèle qui, à l'inverse, met en avant des éléments propices à la résolution des conflits : l'empathie, la prise de conscience de soi et la responsabilité personnelle.

Au fil du temps, Marshall B. Rosenberg a travaillé avec divers groupes et communautés, organisations, écoles et prisons – y compris dans des situations de conflits violents. Il a constaté que la CNV pouvait être appliquée avec succès dans de nombreux contextes, facilitant la compréhension mutuelle et aidant à transformer les conflits en opportunités de croissance et de coopération.

La CNV a aujourd'hui acquis une reconnaissance mondiale et elle est utilisée dans de nombreux domaines.

La méthode en 4 points

La CNV suit ces quatre grandes étapes :

  1. Observation : Je m’en tiens aux faits en mettant de côté mes interprétations, jugements et suppositions. J’exprime objectivement la situation, par exemple : « Ce matin, tu es arrivé en retard. »
  2. Sentiment : Je me pose la question : Qu'est-ce que je ressens ?, pour identifier les sentiments qu’éveille cette situation. « Je ne savais pas si je devais t’attendre. J’ai ressenti de la déception et de la frustration. »
  3. Besoin : Je me demande ensuite quel est mon besoin à partir de là : De quoi ai-je besoin ? Et je le communique en tant que tel à l’autre personne : « J’ai besoin de savoir que je peux compter sur toi dans des moments importants. »
  4. Demande : Je formule une demande claire, réaliste et concrète en vue de satisfaire ce besoin. Cela permet d’ouvrir le dialogue avec l’autre de manière calme et bienveillante : « La prochaine fois, pourras-tu me prévenir de ton retard suffisamment à l’avance s'il-te-plaît, pour que je puisse m’organiser ? »

La clé dans la Communication NonViolente est toujours de partir de soi-même : ses émotions, sa perception des choses et ses besoins. Utiliser le « je » permet d’éviter d’accuser l’autre, ce qui le ferait réagir de manière défensive, et donc couperait le dialogue. Cela permet de prendre du recul et de faire la part des choses entre le comportement d’une personne d’une part, et les émotions que ce comportement suscite d’autre part.

Notre interprétation n’est pas une vérité absolue et elle repose peut-être sur une incompréhension. De plus, notre interlocuteur a probablement un point de vue et des besoins différents des nôtres qu’il faut pouvoir entendre et apprécier. On prend ainsi la responsabilité de ses propres affects, tout en exprimant ses besoins de façon claire et respectueuse et en créant les conditions pour entendre ceux de l’autre personne.

Tout commence par le dialogue

L’outil qu’est la CNV éclaircit de façon méthodique ce que sont les bases d’un dialogue constructif et sincère. Une fois intégré, son usage devient naturel et spontané dans toutes nos communications.

Le bouddhisme également accorde la plus haute importance au dialogue, comme premier pas vers l’établissement d’une culture de la paix. Daisaku Ikeda, penseur et philosophe bouddhiste, le souligne en ces termes :

Que ce soit dans nos relations personnelles, dans nos interactions avec nos voisins et notre entourage, ou dans les rapports entre nations, tout commence par la rencontre, par le dialogue pour apprendre à se connaître. Il s’agit de savoir si nous avons ou non le courage de rencontrer les autres et de parler avec eux. Choisir le dialogue est en soi une victoire pour la paix et le triomphe de l’humanisme.
Daisaku Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 2, Acep, p. 240-243.

Et la CNV est un outil de choix pour avancer dans cette voie…


Pour aller plus loin…

Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)

Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)
Cet ouvrage phare de la Communication NonViolente, traduit dans plus de 30 langues expose la méthode grâce à des histoires, des exemples et des dialogues simples.
Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), de Marshall B. Rosenberg, Ed. La Découverte, 2016.