• #Droits humains
  • #Culture de la paix

La reconnaissance de l'égalité entre tous les êtres humains, sans aucune distinction liée au sexe, à l'origine, aux conditions de vie ou à la position sociale est une revendication ancienne.

Elle a été défendue par ceux qui s’estimaient lésés dans leurs droits au profit d’autres dont rien ne justifiait les avantages particuliers. Cette notion d’égalité semble ainsi indissociable de celle de justice, en ce sens que toute distinction de traitement fondée sur des critères arbitraires apparaît comme foncièrement injuste.

La lutte pour l'égalité

La reconnaissance de cette égalité avait été l'une des motivations des révolutionnaires de 1789, nourris des idées des Lumières, et fut consacrée par l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »

La proclamation de cette égalité fait ainsi partie aujourd’hui de la devise de la République française, « Liberté, Egalité, Fraternité ». Malheureusement, il faut bien reconnaître que, si la Révolution de 1789 a mis fin aux privilèges liés à la naissance, elle n’a pas permis d’instaurer, loin de là, un monde exempt de discriminations, où les droits de tous seraient intégralement respectés. Comme l’a écrit George Orwell (1903-1950), dans son célèbre roman La Ferme des animaux, si tous les êtres sont égaux, « certains le sont plus que d’autres »

La revendication à l’égalité est toujours d’actualité et fait l’objet de luttes, et de victoires. L’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948, établit que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » Plus récemment, la loi du 30 décembre 2004 a institué en France la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE), qui a pour mission de lutter contre les discriminations dans le cadre de la loi.

Le respect des différences

Cependant, si cette notion d'égalité fait aujourd’hui consensus, elle semble se heurter à une autre revendication, celle du respect des différences. Ainsi, lorsque des groupes dits « minoritaires » manifestent pour le respect de leurs différences, on les accuse parfois de communautarisme, voire de vouloir porter atteinte au principe d’égalité républicaine. Inversement, lorsque ces mêmes groupes revendiquent l'égalité, il leur est parfois reproché de ne pas assumer leur différence. On reproche aux féministes de vouloir se comporter comme des hommes, aux couples homosexuels de se calquer sur les hétérosexuels, etc.

Egalité et différences sont-elles deux notions antinomiques ? Le combat pour l’égalité trouve-t-il ses limites dans la revendication à la différence ?

La notion d’égalité en bouddhisme

Le bouddhisme propose une conception plus fondamentale de l’égalité, dans laquelle l’expression de toutes les différences est acceptée et célébrée.

Dès le 13e siècle, au Japon, Nichiren Daishonin écrit :

Il ne devrait pas y avoir de discrimination entre ceux qui propagent les cinq caractères de Myoho-renge-kyo à l’époque de la Fin de la Loi, qu’ils soient hommes ou femmes.
(Écrits, 389)

C’était absolument révolutionnaire pour la société de cette époque, construite sur le système féodal, inégalitaire par essence. Cette affirmation découle de la conviction de Nichiren que tous les êtres humains sont égaux au regard de la Loi bouddhique, et dignes du plus grand respect.

Au-delà des différences que l'on peut constater entre tous les êtres et qui font la diversité de la vie, il existe une égalité profonde : tous les êtres possèdent l’état de bouddha, qui les dote d’une même dignité fondamentale. Daisaku lkeda le rappelle dans un dialogue avec Aurelio Peccei, feu président du Club de Rome : « Celui qui comprend que tous les êtres humains possèdent une dignité fondamentale doit les respecter, sans préjugé ou favoritisme. Une fois qu’il a acquis cette compréhension profonde, qui est nécessaire pour arriver à se débarrasser de ses préjugés, on se rend enfin compte à quel point les différences entre les êtres humains sont enrichissantes. »1


Adapté de 3e Civ’ n°559, mars 2008, p. 20-21.

  • 1. Cri d’alarme pour le 21e siècle, PUF, 1086, p. 128.