Le concept de bien est attaché au concept de bonheur et aussi au principe de causalité. Initier le bien revient à produire des effets positifs à l’avenir. Le bien est l'objet d'un mouvement, d'une orientation, d'une décision. Faire le bien est central dans les religions et reste une interrogation philosophique de tout temps.
Extrait 1. Vision plurielle du bien et du mal
— A. Toynbee. Bien sûr, je conviens que l’amour
et la conscience ont souvent été mal dirigés. Je
crois que tous les êtres humains sont conscients
de la différence entre le bien et le mal, et ressentent l’obligation morale d’agir selon ce qu’ils
croient être bien, en s’empêchant de faire ce
qu’ils croient être mal.
En même temps, différentes sociétés et différents
individus, au sein de la même société, ont
en pratique des points de vue différents sur ce
qui est bien ou mal. Les codes d’une société ou
d’un individu peuvent sembler erronés à une
autre société ou à un autre individu. Si l’amour
et la conscience chez les autres nous paraissent
mal placés, ils produiront probablement ce qui
sera pour nous de mauvais effets, en dépit du
fait que les intentions de ces gens étaient manifestement de produire de bons résultats. Les
applications pratiques du concept de bien et de
mal sont donc multiples, et notre jugement sur
l’application qu’en font les autres est subjectif.
Pourtant, nous nous accordons à faire une distinction entre le bien et le mal, et en ressentant
l’obligation de faire le bien, selon notre conception de ce qu’est le bien.
— D. Ikeda. Je pense que le concept bouddhique
de compassion (jihi), défini comme ôtant la
peine et apportant le bonheur aux autres (bakkuyotaku), donne à l’amour un sens réel.
Le mot bakku signifie supprimer la cause fondamentale de la souffrance qui est enfouie au plus
profond de la vie humaine. Bakku commence
avec doku (l’empathie) c’est-à-dire le fait de ressentir la souffrance d’un autre comme la sienne
propre et de désirer l’alléger. Sans ce sentiment
de doku, il n’y aurait pas de volonté d’aider les
autres, ni d’action pratique pour faire cesser leurs
souffrances. Doku exige un haut niveau d’imagination et d’intelligence, car, pour le ressentir,
on doit être capable de se mettre à la place de
l’autre et d’imaginer sa souffrance avec autant
de force que si c’était la sienne. [...]
Le sentiment de doku est le fondement sur
lequel s’est développée la façon humaine distinctive de vie communautaire. La vie coopérative
en groupes est chose commune dans le
monde des êtres vivants, mais l’homme est le
seul à maintenir une forte individualité, tout en
préservant consciencieusement les groupes
pour les besoins de la vie quotidienne. L’homme
est capable de faire cela parce qu’il ressent les
souffrances des autres hommes et réalise le
besoin d’être en groupe, pour se protéger de la
souffrance. Le doku ne doit cependant pas dégénérer
en consolation qui ne donnerait pas ensuite
lieu à une action. Voilà pourquoi nous devons
passer de l’empathie doku à bakku,
le fait de
supprimer activement la cause de la souffrance.
(D. Ikeda et A. Toynbee, Choisis la vie, Acep, p. 361-365.)
Extrait 2. Développer sa vie concrètement
Une jeune responsable de la région de Chugoku,
au Japon, rapporte que beaucoup lui ont
demandé si réciter Nam-myoho-renge-kyo et le
Sûtra du Lotus les aiderait réellement à résoudre
leurs problèmes. Une d’entre elles semblait particulièrement découragée. Apparemment, elle
avait décidé de faire face à une grande difficulté en pratiquant assidûment, mais, au bout
d’un certain temps, elle n’avait toujours pas l’impression d’avoir avancé. Elle a commencé à avoir
peur de ne jamais pouvoir résoudre son problème
et s’est relâchée dans sa pratique. Elle voulait
savoir ce qui n’allait pas dans sa démarche.
Le bouddhisme de Nichiren affirme qu’aucune
prière ne restera sans réponse. Mais cela ne
signifie pas que chacun de nos vœux se réalise instantanément, comme par magie. Si vous
pratiquez pour gagner au loto ou pour avoir 20
sur 20 à un examen du jour au lendemain sans
avoir étudié, vos chances d’y parvenir sont très
minimes. Néanmoins, dans une perspective plus
large et à plus long terme, toutes vos prières vous
poussent dans la direction du bonheur. Elles se
réalisent parfois immédiatement, parfois non.
Mais, plus tard, quand vous regarderez en arrière,
vous pourrez affirmer avec conviction que tout
s’est déroulé de la meilleure façon qui soit.
Le bouddhisme s’accorde avec la raison. Notre
foi se reflète dans la vie quotidienne, dans
notre environnement actuel, donc nos prières
ne peuvent pas se réaliser si nous n’arrivons
pas à faire les efforts qui correspondent à notre
situation.
De plus, il faut beaucoup de temps et d’efforts
pour surmonter des souffrances de nature karmique, dont les racines sont profondément
enfouies dans des causes créées par le passé.
Il y a une grande différence, par exemple, dans
le temps qu’il faut pour guérir d’une égratignure
et sortir d’une grave maladie interne. Certaines
maladies peuvent être traitées par des médicaments, d’autres requièrent une intervention
chirurgicale. Il en va de même lorsque nous voulons changer notre karma grâce à la foi et à notre
pratique bouddhique. De plus, le karma individuel
et la profondeur de la foi diffèrent d’une personne
à l’autre. Mais, en récitant Nam-myoho-renge-kyo, nous pouvons faire surgir de notre vie un
gigantesque espoir et orienter notre vie dans
une direction positive et favorable.
(D. Ikeda, Dialogues avec la jeunesse, tome 2, Acep, p. 27-28.)
Pour aller plus loin...
- Lire la notion d’« unicité du bien et du mal », dans l'étude du chapitre « Devadatta » de La Sagesse du Sûtra du Lotus, vol. 1, Acep, p. 512-521.
Ce support est à retrouver dans le numéro de Valeurs humaines du mois de décembre 2023, accompagné de ressources complémentaires.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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