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Le 11 janvier 2023, Daisaku Ikeda, président de la Soka Gakkai International (SGI), a publié une déclaration dénonçant la cruauté de la guerre et appelant à une action visant à rétablir la paix en Ukraine et à réduire le risque de l’utilisation des armes nucléaires.

Mise à jour (27/02/2023) : Lire le texte intégral de la déclaration, traduit en français, ci-dessous.

Daisaku Ikeda, âgé de 95 ans, appelle à la tenue urgente d'une réunion sous les auspices des Nations Unies entre les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l'Ukraine et d'autres pays clés pour parvenir à un accord sur la cessation des hostilités.

Alors que le risque d'utilisation des armes nucléaires est à son plus haut niveau depuis la guerre froide, il exhorte également les États à s'engager à ne pas utiliser les armes nucléaires en premier, pour éviter la catastrophe, désamorcer le climat de peur mutuelle et promouvoir le désarmement nucléaire.

Daisaku Ikeda avait lancé un appel similaire à la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) en août 2022, où la SGI a co-organisé un événement parallèle promouvant l'adoption de politiques de non-emploi en premier. Un tel engagement en Asie du Sud a également été exploré lors d'un récent atelier organisé par l'Institut Toda pour la paix, fondé par Daisaku Ikeda.

Daisaku Ikeda observe que pendant la guerre froide, « ayant vécu de première main la terreur d'être au bord de la guerre nucléaire, les gens de cette époque ont fait émerger des capacités d'imagination et de créativité d'une portée historique », débouchant sur des initiatives révolutionnaires telles que les négociations sur la limitation des armes stratégiques (SALT) entre les États-Unis et l'Union soviétique. Il exhorte tous les pays et peuples à s'unir pour libérer à nouveau ces capacités créatives.

Il appelle à une action qui exploite les effets synergiques du TNP et du TIAN (Traité sur l'interdiction des armes nucléaires) vers la réalisation d'un monde exempt d'armes nucléaires.




Déclaration du président de la SGI, Daisaku Ikeda, sur la crise ukrainienne et sur le “non-recours en premier aux armes nucléaires”

La crise en Ukraine qui a éclaté en février de l’année dernière se poursuit sans perspective de cessation. L’intensification des hostilités a infligé de grandes souffrances parmi les populations et détruit des infrastructures, obligeant un grand nombre de civils, dont beaucoup de femmes et d’enfants, à vivre dans une situation de péril constant. Plus de 7,9 millions de personnes ont été contraintes de trouver refuge dans d’autres pays d’Europe, et quelque 5,9 millions ont été déplacées à l’intérieur du pays.

L’histoire du XXe siècle, qui a été le témoin des horreurs causées par deux conflits mondiaux, aurait dû nous faire comprendre que rien n’est plus cruel ni plus lamentable que la guerre.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, quand j’étais adolescent, j’ai vu les bombes incendiaires tomber sur Tokyo. Aujourd’hui encore, je garde le vif souvenir du moment où j’ai été séparé des membres de ma famille alors que nous fuyions désespérément à travers une mer de flammes. Je n’ai appris que le lendemain que tous étaient en sécurité. J’ai aussi gardé un souvenir indélébile de ma mère, de dos, qui sanglotait en tremblant après avoir appris que mon frère aîné, qui avait été enrôlé dans l’armée et nous avait raconté les effroyables actes de barbarie commis alors par le Japon, avait été tué au combat.

Combien de personnes ont perdu la vie ou leurs moyens de subsistance dans la crise actuelle, combien ont vu leur mode de vie et ceux de leur famille soudainement et irrévocablement transformés ?

Pour la première fois en quarante ans, le Conseil de sécurité des Nations Unies a demandé à l’Assemblée générale de convoquer une session extraordinaire d’urgence pour prendre la résolution de « s’unir pour la paix ». Par la suite, le Secrétaire général António Guterres s’est engagé à plusieurs reprises dans des actions de médiation avec les dirigeants de la Russie, de l’Ukraine et d’autres pays.

Et pourtant la crise se poursuit. Cela a non seulement exacerbé les tensions dans toute l’Europe, mais a également eu de graves répercussions sur de nombreux autres pays sous la forme de restrictions alimentaires, de la flambée des prix de l’énergie et de la perturbation des marchés financiers. Ces développements ont accru le désespoir d’un grand nombre de personnes dans le monde déjà touchées par les phénomènes météorologiques extrêmes causés par le changement climatique et les souffrances et décès résultant de la pandémie de COVID-19.

Il est crucial de créer une ouverture afin d’empêcher toute nouvelle aggravation des conditions auxquelles sont confrontés les peuples du monde entier, et en premier lieu le peuple ukrainien qui est contraint de vivre avec un approvisionnement en électricité insuffisant et précaire au cœur d’un hiver toujours plus glacial et d’un conflit militaire qui s’intensifie.

Je demande donc la tenue urgente d’une réunion, sous les auspices de l’ONU, entre les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l’Ukraine et d’autres pays clés afin de parvenir à un accord sur la cessation des hostilités. Je demande également instamment que des discussions sérieuses soient entreprises en vue d’un sommet qui réunirait les chefs de tous les États concernés afin de trouver une voie vers le rétablissement de la paix.

Cette année marque les quatre-vingt-cinq ans de l’adoption par l’Assemblée générale de la Société des Nations d’une résolution sur la protection des civils contre les bombardements aériens. C’est aussi le soixante-quinzième anniversaire de l’adoption par les Nations Unies de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui exprime le vœu commun d’instaurer une nouvelle ère dans laquelle la dignité humaine ne sera plus jamais bafouée.

Sur la base du droit international humanitaire et des règles relatives aux droits de l’homme qui impliquent un engagement à protéger la vie et sa dignité, j’exhorte toutes les parties à mettre fin le plus tôt possible au conflit actuel.

Tout en appelant à la résolution, dans les plus brefs délais, de la crise ukrainienne, je tiens à souligner l’importance cruciale de mettre en œuvre des mesures visant à prévenir l’emploi ou la menace d’emploi d’armes nucléaires, tant dans la crise actuelle que dans tous les conflits futurs.

Alors que le conflit s’éternise et que la rhétorique nucléaire s’intensifie, le risque que ces armes soient effectivement utilisées est aujourd’hui à son plus haut niveau depuis la fin de la Guerre froide. Même si aucune partie ne cherche la guerre nucléaire, la réalité est que, avec des arsenaux nucléaires en état d’alerte élevé permanent, il existe un risque considérablement accru d’utilisation involontaire de ces armes en raison d’une erreur de données, d’un accident imprévu ou d’une confusion provoquée par une cyberattaque.

Le mois d’octobre de l’année dernière a marqué le soixantième anniversaire de la crise des missiles de Cuba, qui a amené le monde au bord de la guerre nucléaire. Ce fut également le mois au cours duquel la Russie et l’OTAN ont mené une série d’exercices pour leurs équipes de commandement nucléaire. Face à ces tensions accrues, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a averti que les armes nucléaires « n’offrent aucune sécurité, juste le carnage et le chaos ».1 La prise de conscience de cette réalité doit être la base commune de la vie au XXIe siècle.

Je le répète depuis longtemps, si nous considérons les armes nucléaires uniquement du point de vue de la sécurité nationale, nous risquons de négliger des questions d’une importance cruciale. Dans mes quarante propositions pour la paix annuelles émises depuis 1983, j’ai soutenu que la nature inhumaine des armes nucléaires doit être au centre de tout discours ou délibération. J’ai également souligné la nécessité d’affronter directement l’irrationalité des armes nucléaires qui sont capables de détruire et d’effacer toutes les marques de nos vies individuelles et de nos entreprises communes en tant que sociétés et civilisations.

Un autre point sur lequel je voudrais insister est ce que l’on pourrait appeler l’attraction négative inhérente aux armes nucléaires. J’entends par là la manière dont l’escalade des tensions autour d’une éventuelle utilisation d’armes nucléaires crée un sentiment d’urgence et de crise qui tient les êtres humains sous son emprise, exerçant ainsi une sorte de force d’attraction qui les prive de leur capacité à éviter une nouvelle intensification du conflit.

Pendant la crise des missiles de Cuba, le Secrétaire général soviétique Nikita Khrouchtchev (1894-1971) écrivit au président américain John F. Kennedy (1917-1963) : « Le moment peut venir où ce nœud sera si serré que même celui qui l’a noué n’aura pas la force de le défaire, et alors il faudra le couper… »2 Quant à Kennedy, il a déclaré dans un enregistrement que le monde restera impossible à gérer tant qu’il y aura des armes nucléaires. Ces déclarations suggèrent à quel point les dirigeants de ces États dotés d’armes nucléaires ont considéré à l’époque que la situation échappait à leur contrôle.

Si l’on en venait à envisager le lancement de missiles nucléaires, il n’y aurait ni le temps ni la capacité institutionnelle d’interroger les citoyens des parties en conflit, et encore moins ceux des autres peuples de la planète, sur la manière d’éviter les horribles catastrophes que cela engendrerait.

La politique de dissuasion fondée sur les armes nucléaires est considérée comme un moyen, pour un État, d’exercer un contrôle et d’affirmer son autonomie. Mais face au précipice, avec un immense abîme en dessous, les peuples de l’État en question et ceux du monde entier se retrouveraient enchaînés et privés de toute liberté d’action. Telle est la réalité des armes nucléaires, demeurée inchangée depuis le début de la Guerre froide, et c’est une réalité à laquelle les États dotés d’armes nucléaires et les États dépendants du nucléaire doivent faire face dans toute sa dureté.

En septembre 1957, lorsque mon maître, le deuxième président de la Soka Gakkai, Josei Toda (1900-1958), lança son appel sur l’interdiction des armes nucléaires, la course aux armements nucléaires s’accélérait rapidement : il y avait eu des essais réussis de lancement de missiles balistiques intercontinentaux, ce qui signifiait que chaque endroit sur Terre pouvait être désormais la cible potentielle d’une attaque nucléaire.

Même s’il voyait bien qu’il existait un mouvement croissant appelant à la fin des essais d’armes nucléaires, M. Toda était convaincu qu’une résolution fondamentale du problème nécessitait d’extirper les modes de pensée qui justifieraient leur utilisation. Lorsqu’il a manifesté sa détermination à « dénoncer et arracher les griffes qui se cachent au plus profond de ces armes »3, il entendait exprimer son indignation face à une logique qui envisageait la possibilité de soumettre les peuples du monde entier à d’aussi horribles catastrophes.

L’objectif de sa déclaration était d’appeler ceux qui occupent des postes d’autorité, et qui ont la vie ou la mort d’un grand nombre de personnes entre leurs mains, à faire preuve d’une retenue totale. Un autre objectif était de contrecarrer le sentiment de résignation largement répandu dans la population face aux armes nucléaires et qui conduit à penser que nos actions ne peuvent absolument pas changer le monde. Il a ainsi cherché à ouvrir la voie aux citoyens ordinaires pour qu’ils soient les protagonistes de la lutte visant à interdire les armes nucléaires.

M. Toda a présenté cette déclaration comme la première injonction qu’il laissait à ses disciples. J’ai compris qu’il fixait là une ligne à ne pas franchir, une marque indispensable pour l’avenir de l’humanité.

Afin de la concrétiser, dans mes rencontres avec des responsables politiques et d’opinion de différents pays, je n’ai jamais cessé de souligner l’absolue nécessité de résoudre la question nucléaire. Dans le même temps, afin de mettre un terme à l’ère des armes nucléaires, la Soka Gakkai Internationale (SGI) a organisé toute une série d’expositions et s’est engagée à prendre des initiatives dans le domaine de l’éducation afin de créer une vague de sensibilisation dans les pays du monde entier.

En 2007, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la déclaration de Josei Toda, la SGI a lancé la Décennie de l’action du peuple pour l’abolition des armes nucléaires et, tout en collaborant avec la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) qui datait à peu près de la même époque, elle a œuvré à la réalisation d’un projet juridiquement contraignant pour interdire ces armes.

Le désir et la détermination de la société civile, représentée par les victimes des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, que la tragédie liée à l’usage des armes nucléaires ne soit plus jamais vécue par le peuple d’aucun pays s’est cristallisée en 2017, avec l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), entré en vigueur en 2021. Cela représentait pour nous un progrès vers la réalisation de l’injonction léguée par Josei Toda.

Le TIAN interdit totalement les armes nucléaires sous tous leurs aspects. Il ne se limite pas à leur utilisation ou menace d’utilisation, mais inclut aussi leur développement et leur possession. Bien que les États dotés d’armes nucléaires puissent avoir du mal à adhérer au traité, il devrait au moins y avoir une reconnaissance partagée et commune de l’importance de prévenir les conséquences catastrophiques du recours aux armes nucléaires.

Parallèlement à la réduction des tensions dans le but de résoudre la crise ukrainienne, j’estime qu’il est d’une importance capitale que les États dotés d’armes nucléaires prennent des mesures pour réduire le risque qu’il y ait des situations, aujourd’hui ou dans l’avenir, où se profile la possibilité d’avoir recours à ces armes. C’est dans cet esprit que, en juillet de l’année dernière, j’ai émis une déclaration à la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dans laquelle j’exhortais les cinq États dotés d’armes nucléaires à s’engager rapidement et sans ambiguïté à ne jamais être les premiers à réaliser une frappe nucléaire – selon le principe du « Non-recours en premier ».

Malheureusement, la Conférence d’examen du TNP en août dernier n’a pas permis de parvenir à un consensus sur un document final. Mais cela ne signifie pas pour autant que les obligations de désarmement nucléaire énoncées dans l’article VI du traité ne sont plus d’actualité. Comme l’indiquent les différentes versions du document final, les mesures de réduction des risques nucléaires telles que l’adoption de politiques de non-recours en premier et l’extension des garanties de sécurité par lesquelles les États dotés d’armes nucléaires s’engagent à ne jamais les utiliser contre les États qui n’en ont pas, ont bénéficié d’un large soutien.

Sur la base de ces délibérations, il est absolument nécessaire de respecter le principe de non-recours aux armes nucléaires, maintenu malgré tout depuis soixante-dix-sept ans, et de faire avancer le processus de désarmement nucléaire vers l’objectif de l’abolition.

Il y a déjà une base de départ : c’est la déclaration commune publiée en janvier dernier par les dirigeants des États-Unis, de la Russie, du Royaume-Uni, de la France et de la Chine dans laquelle ils affirment qu’« une guerre nucléaire ne peut être gagnée et qu’il faut donc ne jamais cesser de lutter pour qu’elle ne puisse pas avoir lieu ».4 Au cours de la Conférence d’examen du TNP, de nombreux gouvernements ont demandé aux cinq États détenteurs d’armes nucléaires précédemment cités de se conformer à leur déclaration de janvier et de continuer à faire preuve de retenue dans leur attitude. Les représentants de ces cinq États ont également fait référence à leur déclaration commune concernant leurs responsabilités en tant qu’États possédant des armes nucléaires.

Si l’on prend l’exemple d’un cercle pour décrire la responsabilité prise par ces États de ne pas avoir recours aux armes nucléaires, on pourrait dire que l’engagement exprimé dans leur déclaration commune à éviter toute guerre nucléaire correspond à un arc, soit la moitié du cercle. Toutefois, cela seul ne suffit pas à éliminer entièrement toute menace d’usage des armes nucléaires. Je crois que la clé pour faire face à ce défi est que les États s’engagent à ne jamais y avoir recours en premier.

Au cours de la conférence d’examen du TNP, la SGI a travaillé avec d’autres parties et des ONG pour organiser un événement parallèle à celui institué par l’ONU, axé sur l’urgence d’adopter ce principe. Je suis certain que si les promesses de non-recours en premier peuvent s’ajouter à la déclaration conjointe de janvier, cela formera l’arc qui achèvera le cercle, contenant ainsi la menace nucléaire qui a longtemps plané sur le monde et ouvrant la voie à une réelle progression du désarmement nucléaire.

En novembre dernier, un atelier visant à promouvoir ce type de changement de paradigme a été organisé au Népal par l’Institut Toda pour la paix, que j’ai fondé. Les participants ont convenu de la nécessité pour le Pakistan de se joindre à la Chine et à l’Inde pour s’engager officiellement à ne pas avoir recours en premier aux armes nucléaires, établissant ainsi pleinement ce principe dans la région de l’Asie du Sud. Ils ont également partagé leurs points de vue sur l’importance de galvaniser le débat international sur le non-recours en premier afin de permettre à tous les États dotés d’armes nucléaires de prendre également des mesures dans ce sens.

Cela me rappelle la position du Dr Joseph Rotblat (1908-2005) qui, pendant de nombreuses années, a été président des Conférences Pugwash sur la science et les affaires mondiales. Dans le dialogue que nous avons publié ensemble, il a parlé d’un accord sur le non-recours en premier, affirmant que ce serait l’étape la plus importante vers l’abolition totale des armes nucléaires et il appelait à l’adoption d’un traité dans ce but.

Le professeur Rotblat était également profondément troublé par les dangers inhérents aux politiques de dissuasion dépendantes des armes nucléaires ancrées dans un climat de peur mutuelle. Les structures de base de la dissuasion nucléaire n’ont pas changé au cours des années écoulées depuis notre dialogue en 2005, et la crise actuelle a mis en évidence de manière encore plus aiguë la nécessité vitale pour l’humanité d’aller au-delà de ces politiques.

L’engagement de non-recours en premier est une mesure que les États dotés d’armes nucléaires peuvent prendre même en conservant pour le moment leurs arsenaux actuels ; cela ne signifie pas que la menace des quelque 13 000 ogives nucléaires existant dans le monde aujourd’hui se dissiperait rapidement. Cependant, ce que je voudrais souligner, c’est que si cette politique s’ancrait parmi les États dotés d’armes nucléaires, elle créerait une ouverture pour éliminer le climat de peur mutuelle. Cela, à son tour, permettrait au monde de changer de cap, de s’éloigner de l’accumulation des armes nucléaires fondée sur la dissuasion et de se diriger vers le désarmement nucléaire pour éviter la catastrophe.

Avec le recul, il apparaît que la situation mondiale à l’époque de la Guerre froide a été caractérisée par une série de crises apparemment insolubles qui ont secoué le monde, répandant ainsi des ondes d’insécurité et de terreur. Et pourtant, l’humanité a réussi à trouver des stratégies de sortie de crise et a pu éviter le pire.

Les pourparlers sur la limitation des armements stratégiques (SALT) entre les États-Unis et l’Union soviétique en sont un exemple. Cette initiative a été lancée le jour de la cérémonie de signature du TNP en 1968, qui avait été négocié en réponse aux leçons amères de la crise des missiles de Cuba. Les négociations SALT ont été les premières mesures prises par les États-Unis et l’URSS pour freiner la course aux armements nucléaires sur la base de leurs obligations de désarmement nucléaire, en vertu de l’article VI du TNP.

Pour ceux qui étaient impliqués dans ces pourparlers, imposer des contraintes aux politiques nucléaires qui avaient été développées sous l’égide exclusive des États ne fut pas une tâche facile. Néanmoins, c’était une décision indispensable à la survie non seulement des citoyens de leurs nations respectives, mais de toute l’humanité. Pour moi, le nom de ces négociations - SALT - rappelle ce contexte complexe.

Ayant fait directement l’expérience de la terreur que l’on éprouve lorsqu’on est au bord de la guerre nucléaire, ceux qui ont vécu à cette époque ont fait émerger des pouvoirs d’imagination et de créativité qui ont marqué l’Histoire. Le moment est venu pour tous les pays et peuples de s’unir afin de libérer à nouveau ces pouvoirs créatifs et d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire de l’humanité.

L’esprit et le sens de l’objectif qui prévalaient au moment de la naissance du TNP sont en résonance et complémentaires avec les idéaux qui ont motivé la rédaction et l’adoption du TIAN. Je demande instamment à toutes les parties d’explorer et d’élargir les moyens de lier les efforts déployés sur la base de ces deux traités, en tirant parti de leurs effets synergiques afin d’aller vers un monde exempt d’armes nucléaires.


Traduction provisoire de l'anglais Statement on the Ukraine Crisis and No First Use of Nuclear Weapons (Seikyo Shimbun, January 11, 2023) paru sur le site daisakuikeda.org. La traduction définitive paraîtra dans les Discours & Entretiens de Daisaku Ikeda d'avril 2023.