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Le 23 août, le Times of India, premier quotidien national indien, a ouvert les colonnes de sa rubrique The Speaking Tree à Daisaku Ikeda, pour un essai intitulé : “Un dais orné de joyaux de solidarité humaine”.



“Un dais orné de joyaux de solidarité humaine”, par Daisaku Ikeda

Le monde est confronté à une multitude de défis majeurs, notamment des problèmes économiques et le changement climatique, illustrés de manière alarmante par l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes. Pour surmonter ces enjeux, de quelle vision avons-nous besoin et comment pouvons-nous renforcer notre solidarité ?

Je me souviens des mots partagés avec moi par John Kenneth Galbraith. Économiste de premier plan et ambassadeur des États-Unis en Inde de 1961 à 1963, il a eu une expérience directe d'un certain nombre de crises mondiales et a été profondément affecté par les blessures persistantes dont il a été témoin dans la vie des gens. Cela l'a amené à remettre continuellement en question non seulement l'ordre économique, mais l'organisation de la société elle-même.

Quand je lui ai demandé comment nous devrions façonner le monde du 21e siècle, il a répondu que nous devrions viser à créer « un siècle dans lequel les gens peuvent dire : “J'aime vivre dans ce monde”. »

Nous avons également discuté de la vision du monde bouddhiste - exprimée par la phrase du Sutra du Lotus, la quintessence du bouddhisme Mahayana, « les êtres vivants se divertissent à leur guise »* - selon laquelle nous sommes nés dans cette vie afin de savourer la joie.

Ce qui compte dans cette vision du monde, c'est de comprendre que le bonheur et la dignité des gens ne s'épanouissent pas dans l'isolement, mais qu'ils peuvent goûter à la vraie joie de vivre grâce aux connexions du cœur avec lesquelles ils s'entraident et se soutiennent dans les moments d'adversité.

Le Sûtra du Lotus dépeint de manière vivante, avec un sens aigu de la réalité, la profondeur d'une telle joie avec ces analogies : « comme un feu pour celui qui a froid... trouver un bateau pour traverser l'eau... quelqu'un dans l'obscurité trouve une lampe... »

Il n'y a pas de solution unique pour la diversité des problèmes auxquels les gens sont confrontés. La question cruciale que nous devons nous poser est de savoir comment chacun de nous peut offrir un soutien à ceux qui sont en difficulté, comment renforcer le type de relations où nous pouvons partager la joie d'avoir surmonté nos épreuves respectives.

Dans le Sûtra de Vimalakirti, il y a une scène impressionnante qui illustre l'importance des actions que les individus peuvent entreprendre : cinq cents jeunes se sont rassemblés autour de Shakyamuni, chacun tenant une ombrelle ornée de joyaux, avec le désir de partager l'esprit du Bouddha d'oeuvrer au bonheur de tous. À ce moment, les ombrelles tenues par chacun des jeunes se réunissent, créant un dais de joyaux qui couvre le monde entier. La joie jaillit dans le cœur de ceux qui voient se déployer ce magnifique dais.

Leurs ombrelles respectives ne servaient plus seulement à protéger chaque jeune du vent et de la pluie ou des rayons brûlants du soleil. Au contraire, chaque personne, ayant parcouru son chemin séparé dans la vie, s'élevait au-dessus de ses différences dans une seule détermination partagée, et c'est cela qui a donné naissance à ce vaste auvent protecteur. Je vois cela comme un beau symbole des possibilités illimitées de la solidarité humaine.

Aujourd'hui, les jeunes qui agissent pour surmonter les défis liés au changement climatique et à la pandémie élargissent leur solidarité en Inde et dans d'autres pays du monde. Je suis convaincu que la passion et la force des jeunes serviront de moteur pour créer un siècle rempli de paix et d'espoir.


Traduction libre de l'article de Daisaku Ikeda : A jewelled canopy of human solidarity paru dans le Times of India, le 23 août 2022.


* NdT : Sûtra du Lotus, chap. 16.